Fermeture de deux librairies québécoises (encore)!

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Même si l’affaire est loin d’être drôle, elle relève pourtant d’un certain comique et ne pouvait parler plus à-propos : l’annonce de la fermeture au Québec de deux librairies indépendantes le jour même où on clôturait la commission parlementaire sur la réglementation du prix de vente des livres neufs arrive comme pour exemplifier la position tenue par les agents du milieu du livre.

Les professionnels du livre soutiennent qu’une réglementation est nécessaire car ce sont 29 librairies indépendantes qui ont été dans l’obligation de fermer boutique depuis 2009. Pour preuve des derniers jours la librairie Phylactère à Québec, spécialisée en bandes dessinées, aura eu à peine le temps d’exister et de se faire connaître, ouvrant ses portes en avril 2011 et devant mettre la clé sur la porte à l’automne 2013. Une librairie pourtant appréciée des amateurs. On pouvait lire dans le journal Voir en novembre 2012 : «Établie rue Saint-Joseph, principale artère commerciale du quartier Saint-Roch, la Librairie Phylactère ravit les mordus du neuvième art et séduit les néophytes. Une boutique colorée et inspirante; la seule du genre à Québec».

À Montréal, c’est l’expérimentée librairie Guérin située sur la rue Saint-Denis et spécialisée dans les manuels scolaires qui doit plier bagages après 42 ans de loyaux services.

C’est bien la diversité et la richesse de l’offre qui est en jeu. Car les magasins à grande surface qui vendent les livres à rabais ne tiennent que 300 des 30 0000 nouveautés, ce qui marque l’importance de préserver ce que le milieu appelle la « bibliodiversité » en protégeant les librairies indépendantes généralistes et spécialisées. Contrairement à ce qui est répandu par les détracteurs de la cause, les consommateurs seront les premiers à bénéficier des avantages d’une telle mesure parce qu’à chaque fois qu’une librairie indépendante s’éteint la pluralité de l’offre diminue, et le choix et la liberté des lecteurs se limitent aux meilleurs vendeurs sans égard aux autres ouvrages.

Comme l’exprime bien Sylvie Desrosiers de l’UNEQ en parlant des librairies indépendantes, « ce sont elles qui prennent le risque de mettre en vitrine des artistes inconnus qui finiront peut-être sur les tablettes des grandes surfaces ». Et c’est justement l’absence de mesure qui obligerait éventuellement les éditeurs à augmenter le prix de base de leurs livres.

Les auditions de la Commission parlementaire se sont terminées jeudi dernier, mais les fermetures de Phylactère et Guérin valent mille mots.

Site Nos livres à juste prix

Source : Le Devoir 

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