Deux décennies avec Alire

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En 1996, Jean Pettigrew, Louise Alain et Lorraine Bourassa fondent la maison d’édition Alire, dans la ville de Lévis, sur la rive-sud de Québec. Vingt ans plus tard, ils en célèbrent le succès. En se dédiant à la littérature québécoise de genre – science-fiction, fantasy, polar, fantastique et horreur – cette maison a su se tailler une place de plus en plus grande auprès des lecteurs qui, jusqu’avant leur arrivée sur le marché, s’approvisionnaient surtout du côté anglo-saxon pour combler leur amour du genre. Vingt ans plus tard, elles sont nombreuses les têtes d’affiche à s’être démarquées chez Alire : Patrick Senécal, Jean-Jacques Pelletier, Jacques Côté, Joël Champetier, Élisabeth Vonarburg, Esther Rochon et plusieurs autres. Louise Alain a accepté de répondre à nos trois petites questions.

En 1996, lorsque la maison Alire a vu le jour, quels étaient alors les objectifs des fondateurs?
Créer un lieu de rassemblement pour les auteurs québécois œuvrant autant dans le polar que dans l’imaginaire. On publiait certes quelques-uns de ces auteurs dans diverses collections, mais aucune n’était spécialisée et n’indiquait clairement aux lecteurs de quoi il s’agissait. Il fallait aussi convaincre les libraires de placer nos auteurs dans les bons rayons et non plus dans la section « littérature québécoise », endroit que ne fréquentent pas nécessairement nos lecteurs. Enfin, en créant une collection où des inédits étaient publiés au format de poche, cela permettait aux lecteurs de tenter l’expérience et lire un auteur inconnu parce que son prix était abordable. Force est d’admettre que l’appétit vient en lisant!

Depuis vingt ans, qu’est-ce qui a changé, selon vous, dans le paysage littéraire du polar et des littératures de l’imaginaire au Québec? En quoi Alire en a-t-il été un facteur d’influence?
Le milieu de l’imaginaire était déjà bien structuré au Québec. Le congrès Boréal existe depuis 1979 et plusieurs revues spécialisées, dont Solaris qui est née en 1974 ainsi que plusieurs fanzines, permettent à des auteurs débutants de trouver leur place sur le marché. Par contre, tout restait à faire pour le polar. Avec la création de la revue Alibis en 2001 et la publication dès l’an 2000 de nouveaux auteurs tels que Jacques Côté, Maxime Houde, Lionel Noël, Michel Jobin… et sans oublier l’important essai de Norbert Spehner, Le roman policier en Amérique française, il s’agissait de prouver que le genre du polar, au Québec, était bel et bien en santé. J’ose croire qu’en quinze ans, Alire a contribué à mettre le focus sur l’existence d’une variété de voix importantes dans le polar d’ici. Mais ce milieu peine à trouver son unité et à établir des bases pour alimenter la production des jeunes auteurs.

Que souhaitez-vous pour Alire, dans vingt ans?
Pour moi, le défi ne consiste pas à s’enrichir mais à durer. J’espère que dans vingt ans, Jean Pettigrew et moi-même aurons réussi à trouver une relève qui, dans notre entreprise, pourra continuer à mener notre combat, à leur manière, certes, mais avec autant d’aplomb et d’ambition que nous pour la littérature québécoise de genres.

En complément :

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