Il est temps de faire pause. Que ce soit sur Netflix, dans la vie professionnelle, dans les activités chronophages. L’été est bientôt là, la chaleur va rapidement être omniprésente, et les cocktails sur la terrasse avec des amis vont devenir obligatoires. Mais l’été, c’est aussi l’occasion de faire une pause aux multiples tâches qui sollicitent simultanément votre cerveau, et d’appuyer sur lecture. Que vous soyez un petit ou grand lecteur, nous vous avons préparé un défi estival gourmand.

21 défis vous attendent, 21 occasions de partir en voyage, au sens propre comme au sens figuré. Chacun s’accompagne de suggestions de lecture imaginées par vos libraires.

[Les résumés sont ceux des éditeurs]

 

Corps simples 

Sonia Cotten – Poètes de Brousse

Toujours et encore nourrie par « la pulsation du beat naturel du monde », Sonia Cotten offre avec ses Corps simples son livre le plus enraciné. Surfant sur « la tension interne entre l’apparence des choses et leur disparition », la poète abitibienne s’accroche au fil du cœur pour affronter notre sauvagerie. On croise des cadavres disparus dont certains pèsent plus lourd que d’autres, des enfants qui se font exploser à la frontière du religieux travesti, une portée de chatons noyés « dans un seau en arrière d’ia shed »…

Chenous 

Véronique Grenier – Édition de ta Mère

ma paume sur le tissu pelucheux du pyjama un coeur repousse ma main ça me rassure de savoir que cette chose startée dans mon ventre se lasse pas elle de continuer de se faire aller j’ai fabriqué un coeur qui a le goût de battre Chenous, c’est une histoire de flocons sur des petites langues et de frette au fond du ventre. De la poésie de désordre, de comptoir et de rebord de fenêtre. Chenous, c’est l’histoire d’une débarque.

Les choses de l’amour à marde

Maude Veilleux – Éditions de l’Écrou

Incarnée, moite et sémillante, la poésie de Maude Veilleux s’expose comme des flashs, des polaroïds lucides du quotidien. Courte, crue, elle est comme une confiserie surette qui nous dessine un sourire crispé sur le visage mais qu’on a envie de sucer tout de même longtemps; une poésie dure, décomplexée, qui n’arrive pas toujours à faire passer le message et qu’on préfère crier un bon coup.

Fourrer le feu 

Marjolaine Beauchamp – Éditions de l’Écrou

Impudique, alarmiste et rassurante, la poésie de Marjolaine Beauchamp s’arme de patience, évalue les dommages, témoigne de l’universalité de nos failles, élimine le superflu et met en lumière des détails, des choses simples mais inéluctables qu’on aurait tendance à banaliser; elle est aficionada de nos vulnérabilités.

Ronde de nuit 

Laurie Bédard – Le Quartanier

ici la nuit est chaude et nue et transparente tes pieds fondent dedans comme un comprimé au fond d’une pinte quelqu’un fume il y a cette épaisseur dans l’air tu laisses brûler les sons à travers les bouffées petit à petit tu parles on a levé la main avant toi tu attends tu crois voir poindre un hasard tu regardes un vieux chien tu ne vois pas toujours ce qui doit être vu parfois tu passes tu laisses la locomotive traîner ton regard et tu avances tu es ici chez toi tu peux laisser tomber tes membres sur n’importe quel meuble tu peux laisser pendre ta tête très très près du plancher prétendre à l’immobilité ici tu dors tu suspends ton corps aux clôtures des ruelles aux arbres des champs c’est un jardin un accueil un insecte sur une particule de roche c’est main par main refaire les liens diviser toute matière

N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures 

Natasha Kanapé Fontaine – Mémoire d’Encrier

N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures est d’abord une plongée à l’intérieur de soi, dits d’amour, le corps en route vers l’attente et l’extase ; quête soutenue par une écriture vive, éclatée qui peut passer d’une impression de la nature à l’évocation de la peinture de Dali. La vitesse de l’image surprend ici, on est ébahi devant la force de cette langue lumineuse et concise. N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures est un recueil d’une grande tendresse. Surtout un immense cri. Comme si la tendresse et la poésie se trouvaient médusées devant l’éruption d’un volcan.

Furies 

Chloé Laduchesse – Mémoire d’Encrier

Nous avons désiré la venue d’une femme nouvelle et voilà qu’elle se révèle en une série de cris stridents. On la traite de tous les noms, on la compare à un animal, lui reproche de dépasser du cadre. Je la peins avec des mots, des caresses esquissées à main levée. J’aime d’un amour sorcier ses dents noires, ses ongles tranchants, ses baisers amers. J’écris femme: nous sommes des monstres. Je dois dire cette fureur, cet amour abject. Il y avait bien ces lionnes en cavale, ces filles d’ocre, ces noyées et leurs fines nageoires. Il y a maintenant la chienne, l’hydre, la sirène. Elles me peuplent et m’apprennent la liberté. Mes furies. Mes armes blanches. Chloé LaDuchesse

Le guide des bars et pubs de Saguenay 

Mathieu Arsenault – Le Quartanier

Pendant un mois, Mathieu Arsenault a fait la tournée des bars et pubs de Chicoutimi et de Jonquière. Assis au comptoir, il a consigné sur son téléphone les moments et les petits événements du nightlife saguenéen, croquant sur le vif chasseurs et shooter girls, karaoké et sambuca flambée – le spectacle d’un réel ordinaire étonnamment riche en images. Le guide des bars et pubs de Saguenay, ce sont les poèmes écrits au long de ces soirées et, placé en regard, un essai dans lequel l’auteur revient sur cette expérience et où se définit, par le recours à la notion de téléphone-carnet, une pratique de poésie directe.

Béante 

Marie-Andrée Gill, Jonathan Lamy – La Peuplade

Béante est un livre au parcours poétique étonnant, arborant une « esthétique de l’audace décomplexée », comme l’a si bien écrit Jonathan Lamy dans la préface de cette réédition. Intelligente, vive, simple et sensible, la poésie de Marie-Andrée Gill file comme un lièvre à travers les pièges qu’elle tend et déjoue tour à tour. Elle questionne et observe le monde, tente de « dire le présage », va « au bout des déconstructions », allie l’identité, la mémoire et l’ironie. Suspendu entre kitsch et existentiel, Béante propose une séduisante vision d’ensemble, large, vaste.

Soleils suspendus 

François Rioux – Le Quartanier

Dans ces sept séries de poèmes, qui battent la campagne au milieu de la ville ou du lit défait, François Rioux, laissant cours à cet « esprit des verres chargé de lie » qui hante les bons vers et réchauffe le sang, propose des miniatures narratives fabuleusement prosaïques, dans un style qui passe par où bon lui semble. Scènes d’intérieur aspirées dehors; moments amoureux accélérés; natures mortes pas mortes ou ranimées; histoires où la mémoire décapsulée, les marées et les bêtes, la lumière et les choses disparues viennent en cavale éclair ajouter aux scènes esquissées, avec les chimères et les filles, et toutes les sortes d’amour. Soleils suspendus se voue ainsi au monde immédiat de l’expérience et de la mémoire vive, à l’imaginaire, et à cette petite langue des puissances triviales et sensuelles – au langage non pas des oiseaux, mais de la poésie, battement des « rares et pauvres lettres ». 

 

 

 

 

 

 

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