Christine Angot face à la justice

50
Publicité

Le 25 mars prochain, l’écrivaine Christine Angot devra faire face à la justice puisqu’elle est poursuivie par nul autre qu’un de ses personnages. Issue de son livre Le marché des amants, puis de Les petits, le personnage d’Hélène en a eu plus qu’assez de se voir ainsi dévoilée sans gêne et décrite sous la figure d’une mère violente. En fait, c’est Élise Bidoit qui se reconnaît en les traits du personnage d’Hélène. Ces livres, qui sont pourtant des romans, donc qui par définition sont fiction, semblent décrire assez justement la vie de Madame Bidoit et de son ex-mari, maintenant le conjoint de Madame Angot.

L’auteure est accusée d’atteinte à la vie privée. On attribue souvent à Angot d’écrire de l’autofiction mais elle s’en défend bien. En entrevue au Journal Le Monde, elle se prononce sur le terme autofiction:

Il ressemble trop à “autobiographie”. Je crains qu’une fois de plus on en déduise : “Ce n’est pas vraiment du roman”. L’autofiction est portée par l’usage du “je”. Si ce “je” est celui du miroir, je ne fais pas d’autofiction. Si on reconnaît que ce “je” peut s’élaborer dans l’imaginaire, alors oui, je fais de l’autofiction. Le roman, je le répète, n’est pas du témoignage. C’est pourquoi ce qu’il dit de la société est politique.

L’affaire soulève bien des questions. N’est-ce pas nécessairement de l’interprétation quand on pense se reconnaître dans les traits d’un personnage de fiction? Dès lors qu’il est fictif, le personnage ne devrait-il pas être protégé de toute intervention ayant un lien avec la réalité? Mais aussi, suffit-il à l’écrivain d’apposer l’étiquette « roman » pour que le respect à la vie privée soit sauvé, surtout quand il s’agit de l’ex de notre conjoint et qu’on s’appelle Christine Angot?

En tout cas, Élise Bidoit alias Hélène réclame, elle, 200 000 euros, certaine qu’il s’agit d’un règlement de compte.

Entrevue avec Élise Bidoit et Rue89

Entrevue Christine Angot et Le Monde

Source : Livres Hebdo

 

 

Publicité