En 2021, BQ célèbre le centenaire de la naissance de Jacques Ferron, « cet écrivain très grand parmi les très grands de toutes les littératures » (Victor-Lévy Beaulieu). Deux titres paraîtront au cours de l’année pour qui souhaite à nouveau plonger dans l’univers de Ferron : une réédition des intemporels Contes et une biographie, Le fils du notaire. Jacques Ferron : genèse intellectuelle d’un écrivain, écrite par Marcel Olscamp.

Ces éditions anniversaires seront en librairie dès le 3 février. Elles ont une importance toute particulière dans la mesure où, comme l’explique le communiqué de BQ : « Jacques Ferron est l’un de ceux qui nous permettent d’accéder aux fondations de notre littérature, créant un pont entre l’ancien et le moderne, entre le mythe et le réel, avec une plume classique, aussi évocatrice qu’intemporelle. »

L’importance de l’œuvre de Ferron a été soulignée plus tôt cette année par Hurtubise qui a réédité, à l’occasion de son soixantième anniversaire, les Contes. Marc Séguin, illustrateur de la réédition, commente la valeur des écrits de Ferron dans une entrevue du numéro 121 de la revue Les libraires :

« Les Contes de Ferron font partie de notre histoire. Ils nomment les territoires que nous sommes, tant géographiques qu’humains. L’écriture de M. Ferron est un travail d’orfèvre : il raconte des histoires de beautés et de travers avec une précision de sentiments unique, et c’est toujours aussi juste après soixante ans. »

Né à Louiseville le 20 janvier 1921, Ferron, à la fois médecin et écrivain, occupe une part importante du ciel de notre histoire littéraire. Il faut dire que Ferron savait qu’une fois accroupi devant une porte close, son œil posé contre le trou de la serrure, un paysage grandiose se révélerait à lui. Là où la plupart n’auraient distingué qu’une serrure, il apercevait des merveilles. Et si les merveilles refusaient de poindre devant son œil épieur, il les inventait de toutes pièces, à la fois démiurge et farceur. Il était un mythomane bien intentionné.

Dans les écrits de Ferron, l’enfance est prétexte au recommencement perpétuel du geste fondateur; l’imaginaire est une planche de salut à laquelle notre mémoire collective doit s’arrimer; l’histoire est une donnée manipulable, qui doit être tordue, secouée et pétrie afin de réhabiliter le Québec comme épicentre. Ferron écrivait, dans un article de la revue Parti Pris paru en 1965 : « Je n’ai pas le moi étanche. Il prend l’eau et je coule dans la collectivité qui me baigne ». Il avait bien raison. On ne peut, désormais, contempler le ciel de la littérature québécoise sans mentionner son nom et on ne peut mentionner son nom sans penser au Québec, dont il a cartographié, en historien autodidacte, les moindres recoins avec humour et sagacité.

Photo : © Édouard Boubat

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