Cannes et la Palme d’or : une inspiration BD

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L’annonce a été faite ce dimanche 26 mai lors de la soirée de clôture du 66e Festival de cinéma de Cannes : la Palme d’or va au franco-tunisien Abdellatif Kechiche pour son film La vie d’Adèle. Mais saviez-vous que ce film est tiré de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh? En effet, ce ne sont pas seulement les romans qui peuvent être source d’inspiration cinématographique. Sans trop craindre de dire faux, c’est la première fois qu’une Palme d’or est inspirée d’une bande dessinée. Le bleu est une couleur chaude a déjà reçu plusieurs honneurs, notamment le Prix du Public Fnac-SNCF au Festival d’Angoulême 2011.

C’est une chronique de l’amour ordinaire (qui n’en est pas moins intense et passionné), à ceci près qu’il est vécu entre deux femmes. Emma et Clémentine s’aiment et auront les hauts et les bas propres à chaque amour. Chacun, dont le père de Clémentine, aura beau contester sa légitimité, il n’en reste pas moins réel; comme on le sait l’amour va où il veut.

À propos du film, Julie Maroh, l’auteure de la BD, s’exprime ainsi : « C’est un film purement kéchichien, avec des personnages typiques de son univers cinématographique. En conséquence son héroïne principale a un caractère très éloigné de la mienne, c’est vrai. Mais ce qu’il a développé est cohérent, justifié et fluide. C’est un coup de maître ».

Steven Spielberg, qui présidait le jury, a dit cette phrase importante juste avant d’annoncer le film gagnant : « L’exception culturelle est le meilleur moyen de préserver la diversité du cinéma ».

En effet, le film La vie d’Adèle déroge des standards par quelques points importants : sa durée de trois heures découragera plusieurs spectateurs, et le thème ainsi que les scènes à caractère sexuel seront les proies parfaites des censeurs. Par exemple, pour parler le jargon du milieu, aux États-Unis le film a la cote NC17, ce qui écartera sa diffusion de la plupart des salles de cinéma.

Pour ça, plusieurs ont soutenu que Spielberg et ses acolytes ont fait un choix audacieux. D’autant plus que cette même journée de clôture où l’on annonçait cette Palme d’or, une importante manifestation avait lieu à Paris où des milliers de personnes s’opposaient à la récente loi autorisant le mariage entre personnes du même sexe. Une coïncidence qui met en relief les préjugés tenaces et la marginalisation de la différence.

La bédéiste Maroh écrit sur son site Internet: « Moi ce qui m’intéresse c’est la banalisation de l’homosexualité. Je n’ai pas fait un livre pour prêcher des convaincu-e-s, je n’ai pas fait un livre uniquement pour les lesbiennes. Mon vœu était dès le départ d’attirer l’attention de celles et ceux qui: ne se doutaient pas, se faisaient de fausses idées sans connaître, me/nous détestaient. »

Donc, La vie d’Adèle, une histoire d’amour comme le sont toutes les histoires d’amour.

Sources :

Site Julie Maroh

Le Monde

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