Apaisement au coeur du drame

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On se souvient avec tristesse de l’innommable tuerie dans une école primaire en décembre dernier à Newton qui a fait vingt-six morts (vingt enfants et six adultes). Il n’y a rien pour soulager le désarroi dans lequel est plongé depuis les proches de ces victimes, mais peut-être peut-on espérer mettre un baume sur la douleur. Et pour s’y employer, psychologues et professeurs ont fait la suggestion suivante : faire la lecture du livre Et que le vaste monde poursuive sa course folle de l’Irlandais Colum McCann.

Ce roman raconte l’histoire de Philippe Petit, un funambule français qui a fait plusieurs traversées. Il a tendu son fil du Trocadéro au deuxième étage de la tour Eiffel, sur Notre-Dame-de-Paris, sur le Harbour Bridge, un des plus grands ponts en acier au monde. Mais son parcours le plus grandiose reste probablement la traversée des deux tours du World Trade Center le 7 août 1974. Outre l’exploit que cela représente, c’est la symbolique qui marque, surtout depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001. Qu’est-ce qui peut bien pousser quelqu’un à parcourir les airs sur un fil, sinon que de se confronter au vide, à l’immensité, à la fragilité de l’existence? Le funambule, plus qu’un personnage outrecuidant, apparaît comme le porteur de notre vulnérabilité en même temps que de notre incroyable force dans le grand mystère de la vie.

Le Figaro rapporte les paroles de Petit : « Être funambule, ce n’est pas un métier, c’est une manière de vivre. Une traversée sur un fil est une métaphore de la vie : il y a un début, une fin, une progression, et si l’on fait un pas à côté, on meurt. Le funambule relie les choses vouées à être éloignées, c’est sa dimension mystique. »

Dans le livre de McCann, des personnages qui ont vécu des pertes et des deuils se rencontrent.

L’auteur, fort ému du choix de ce livre pour venir en aide aux proches affligés, déclare : « Nous avons donné près de 70 livres au groupe scolaire et j’ai rencontré quatre classes du lycée. Les plus petits ne pouvaient pas appréhender le roman. Plusieurs élèves avaient eu des jeunes frères ou soeurs tués dans la fusillade. Une des lycéennes était la baby-sitter d’une des victimes. C’était extrêmement émouvant ».

Ce que dit Et que le vaste monde poursuive sa course folle est que si le temps ne revient jamais en arrière et que rien n’est vraiment tout à fait réparé, il y a moyen de poursuivre la route avec une certaine paix au coeur. On leur souhaite.

Sources :

La Presse

Le Figaro

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