8 mars – Journée internationale des femmes

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À l’occasion de la Journée internationale des femmes le 8 mars, pourquoi ne pas faire le geste d’acheter ou commander un livre sur le sujet. Réflexions, histoire, maternité, rébellions, les angles sont multiples. Nous avons sélectionné dix essais québécois récents tous plus divers et inspirants les uns que les autres.

(Les résumés sont ceux des éditeurs et l’ordre est aléatoire.)

Aimer, materner, jubiler – L’impensé féministe au Québec – Annie Cloutier

Dans un essai à la fois personnel et très documenté, Annie Cloutier souligne le poids de la double tâche dont doivent s’acquitter les mères qui travaillent contre rémunération, mais aussi les affinités troublantes entre certains aspects de l’idéologie féministe dominante et le néolibéralisme de la course à la carrière et de la surconsommation. Ce faisant, elle montre que l’égalité des sexes n’est pas une affaire réglée et que les moyens d’y accéder ne sont pas si évidents qu’on le dit.

Pas d’histoire, les femmes! – Réflexions d’une historienne indignée – Micheline Dumont

Pas d’histoire, les femmes ? L’historienne Micheline Dumont constate que, si les recherches en histoire des femmes menées au cours des dernières décennies ont contribué à faire émerger un nouveau champ de connaissance, celui-ci n’a toujours pas été intégré dans l’histoire officielle. La tradition d’une histoire univoque, qui confine les femmes à la marge, se perpétue. Notre rapport à l’histoire est toujours «hémiplégique», amputé de toutes celles à qui l’on nie la reconnaissance comme sujet historique et politique.

Les filles en série – Des Barbies aux Pussy Riot – Martine Delvaux

Des corps féminins en rangées. Ils se meuvent en synchronie. Ils ne se distinguent que par le détail d’un vêtement, d’une courbe, d’une teinte de cheveux. Les filles en série sont mises à leur place et créent l’illusion de la perfection. Ce sont des filles-machines, des filles-marchandises, des filles-ornements. Toutes reproduites mécaniquement par l’usine ordinaire de la misogynie. Mais la figure des filles en série est double : à la fois serial girls et serial killers de l’identité qu’on cherche à leur imposer. Casseuses de party, ingouvernables, elles libèrent la poupée et se mettent à courir. Entre aliénation et contestation, les filles en série résistent à leur chosification, à l’instar des grévistes féministes de 2012. Cet essai percutant se déploie comme une chaîne qui se fait et se défait, depuis les Cariatides jusqu’aux Pussy Riot.

Les tranchées – Maternité, ambiguïté et féminisme, en fragments – Fanny Britt

Les images de la maternité naissent dans les clichés (Communion! Souffrance! Délivrance!), vivent de clichés (Main sur un front fiévreux! Claque en arrière de la tête!) et meurent sur un cliché (Elle ne m’a jamais dit qu’elle m’aimait!). Pour les contourner, il faut avancer prudemment, faire confiance aux histoires qui émergent et espérer qu’elles forment, au bout du compte, un tout cohérent. Fanny Britt se risque ici à une sorte de plaidoyer pour une maternité ambigüe, à coups de souvenirs, de récits, de conversations avec des mères et des non-mères, d’impressions de lecture et de sagesse trouvée dans les paroles de chansons.

Elles ont fait l’Amérique – De remarquables oubliés, tome 1 – Serge Bouchard, Marie-Christine Lévesque et Francis Back

Les femmes sont absentes de l’histoire officielle de l’Amérique – ne te dit-on pas assez ? Les Amérindiennes certainement, mais aussi toutes les autres, sans distinction culturelle : Inuites, Canadiennes, Anglaises, Noires, Françaises et Métisses.
Plusieurs d’entre elles sont des êtres d’exception dont le contact avec ce vaste continent a révélé l’intelligence et le caractère. Elles ont fait l’Amérique rétablit la mémoire de quinze de ces « remarquables oubliées », héroïnes aux exploits invisibles, résistantes, pionnières, aventurières, diplomates, scientifiques, exploratrices ou artistes…

Femmes dans l’espace rebelle – Histoire et fiction autour des rébellions de 1837-1838 – Marilyn Randall

Si, lors des rébellions de 1837-1838, la bataille a été engagée dans les champs et les chaumières des habitants, c’est parce qu’elle a envahi l’espace proprement féminin. Et pourtant, les historiens insistent sur l’absence généralisée des femmes pendant les événements – fait que l’archive confirme. C’est donc par l’intermédiaire des discours tenus sur elles que nous pouvons reconstruire le rôle dévolu aux femmes dans la société bas-canadienne à l’époque des rébellions, moment formateur pour la notion de citoyen et pour le Québec moderne.

Femmes désirantes – Art, littérature, représentations – Sous la direction de Isabelle Boisclair et Catherine Dussault Frenette

Tour à tour sacralisé, transformé, utilisé ou violé, le corps des femmes incarne l’idée même de désir : le fétiche de la représentation, nous dit la philosophe Judith Butler. Comment casser la triade sexe, genre et désir qui fait de l’homme l’unique sujet désirant et de la femme, l’éternel objet désiré ? Est-il possible de penser le désir hors des identités sexuelles ? Pour sortir de cette impasse politique, symbolique et narrative, il faut rompre avec cette équation qui domine l’espace des représentations de la sexualité. En revoyant les scripts sexuels à l’oeuvre dans notre imaginaire, du Petit Chaperon rouge à Merveilleuse Angélique, les articles rassemblés ici réfléchissent à la question des femmes qui désirent et agissent, tout en examinant ses figurations dans les images et les textes contemporains.

Brève histoire des femmes au Québec – Denyse Baillargeon

À l’image de ce qui s’est produit dans les autres sociétés occidentales, l’histoire des femmes au Québec a été profondément marquée par le développement du capitalisme marchand, puis industriel, comme elle a aussi été modelée par le patriarcat qui s’est appliqué à restreindre les droits des femmes et leurs champs d’activités. Contrairement à ce que voudrait un mythe tenace, le Québec n’a jamais été une société matriarcale où les femmes auraient dominé les hommes et exercé le pouvoir dans la société. Par ailleurs, l’histoire des Québécoises comporte aussi des particularités, que cette brève synthèse fait ressortir en privilégiant six thèmes : les questions démographiques ; l’éducation ; le travail salarié et domestique ; la religion ; le droit et les rapports entre les femmes et l’État ; et l’action sociale et politique des femmes, y compris le féminisme.

Ma voisine dérange – Portraits de femmes d’un autre siècle – Michèle Gélinas

Elles sont vingt et une. Elles se prénomment Angèle, Élisabeth, Geneviève, Hannah, Josephte, Julie, Marie… et portent parfois des surnoms. Elles habitent au nord du lac Saint-Pierre de façon permanente ou passagère. Elles sont citadines ou rurales, riches ou pauvres, instruites ou illettrées, célibataires ou mariées. Elles ont vécu entre la Conquête (1763) et la Confédération (1867). Et elles ont dérangé. Pères et mères, frères et sœurs, maris et enfants, amis et voisins, hommes d’Église et hommes de loi ont écarquillé les yeux devant leurs agissements. De l’insoumise épousant son prétendant malgré l’interdiction paternelle à la criminelle infanticide, l’éventail de comportements hors norme de ces femmes est étendu et leurs histoires sont captivantes.

Le féminisme québécois raconté à Camille – Micheline Dumont

Qui est donc cette jeune femme qui court dans la rue ? Où va-t-elle? À l’image de cette jeune femme, les Québécoises ont avancé vers leur liberté et leur autonomie, parfois en courant, parfois à petits pas. C’est cette passionnante histoire, déjà longue de plus de 100 ans, dont Micheline Dumont relate les multiples épisodes, dans ce récit adressé à Camille, sa petite-fille âgée de 15 ans. Ce récit s’amorce à la fin du XIXe siècle, alors qu’un peu partout dans le monde, les femmes de la bourgeoisie entreprennent de faire entendre leur voix dans une société dominée par les hommes. Au Québec, quelques audacieuses se lancent dans ce projet. Elles nous paraissent aujourd’hui bien timides, pourtant on les accusait alors de vouloir briser la société.

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