En 2020, le Québec entier a interrompu son agitation habituelle pour protéger les siens. Alors que nous avions l’impression de faire du surplace, les idées, quant à elles, ont continué à faire leur chemin dans les livres, puis jusqu’à nos paillassons, emballés soigneusement par nos libraires. Nous vous présentons cinq ouvrages qui ont su préserver nos esprits vifs et qui, par le fait même, ont dans leur mire des sujets qui ont fait vibrer les lecteurs québécois alors que tout autour de nous semblait pourtant stagner.

La lutte pour le territoire québécois
Bruno Massé (XYZ)

La lutte pour le territoire québécois est paru en mars 2020 aux éditions XYZ, au fort de la première vague de la pandémie. Avec cet ouvrage, Massé, géographe, écologiste et spécialiste des mouvements sociaux, nourrit notre savoir au sujet du mouvement écocitoyen et soigne, d’un même élan, notre écoanxiété. Ses huit propositions nous persuadent qu’il est possible de prendre soin de notre territoire, de s’y reconnecter et, ultimement, de mieux y vivre ensemble. La lecture de cet essai est un véritable baume lorsque l’avenir nous paraît maussade et incertain.

Faire la morale aux robots : une introduction à l’éthique des algorithmes
Martin Gibert (Atelier 10)

Cette année, les technologies nous ont permis de nous divertir et de travailler à distance. Surtout, elles nous ont donné la chance de rester en contact avec nos proches et à l’écoute du grouillement du monde entier alors que le confinement contraignait les relations interpersonnelles sous leurs formes les plus traditionnelles. Outillé d’un exposé limpide et d’un humour rafraîchissant, Martin Gibert, philosophe et chercheur en éthique à l’Université de Montréal, répond à la question suivante : « Avec quel genre de robots souhaitons-nous coexister? » Une question qui a toute sa pertinence vu l’ampleur que prennent les systèmes d’intelligence artificielle dans nos vies par les temps qui courent.

Les Autochtones : la part effacée du Québec
Gilles Bibeau (Mémoire d’encrier)

Les actes racistes sont des maux dont la plaie remonte bien souvent le cours de l’histoire, jusqu’aux premiers contacts, au premier regard porté sur l’autre, aux premières blessures infligées par le colonialisme. Dans Les Autochtones : la part effacée du Québec, l’histoire canonique ne monopolise pas la parole. Les récits des explorateurs et des colons côtoient les mythes, les légendes et les écrits autochtones contemporains, tout aussi capitaux. Le riche texte de Gilles Bibeau, anthropologue et professeur émérite à l’Université de Montréal, permet « une réécriture à parts égales de notre histoire » nécessaire et bénéfique pour l’avenir des relations entre Autochtones et Québécois.

Le boys club
Martine Delvaux (Remue-ménage)

C’est avec une écriture franche et de multiples figures de cas puisées du cinéma et de la télévision que Delvaux bâtit l’argumentaire de son essai, paru aux éditions Remue-ménage quelques mois avant que la crise éclate. L’entre-soi des hommes y est présenté comme un dispositif tentaculaire et pernicieux devant être démantelé. Delvaux refuse de mettre des gants blancs et de perpétuer l’image des femmes comme celle d’êtres de porcelaine. Elle tranche le nœud gordien : les abus de pouvoir doivent cesser. Après la vague de dénonciation #metoo survenue l’été dernier, un tel message ne pourrait pas tomber plus à propos.

Procès verbal
Valérie Lefebvre-Faucher (Écosociété)

L’automne dernier, les Québécois ont mené une réflexion commune échauffée sur la liberté d’expression ainsi que sur la responsabilité de ceux en position de pouvoir dans l’usage de leur liberté d’expression. Dans Procès verbal, Valérie Lefebvre-Faucher mène une analyse fine de ces mêmes enjeux cette fois-ci au sein du monde du livre qui, après tout, est un acteur considérable dans la diffusion du savoir. En résulte un essai brillant sur la prise de parole dans l’espace public et, plus encore, un plaidoyer où les pièces à conviction sont disposées en faveur de l’art comme outil légitime de la dissidence.

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