À sa parution, au printemps 2021, La fille d’elle-même a créé un émoi dans le milieu littéraire québécois : ce premier roman de Gabrielle Boulianne-Tremblay qui porte sur la transidentité était d’une étonnante puissance. Nous apprenions récemment que les échos positifs de ce livre s’étaient rendus jusqu’aux oreilles de Zone3, qui vient d’acquérir les droits audiovisuels afin d’en produire une série télé.

Contactée par courriel, l’autrice nous explique que cette nouvelle la réjouit énormément : « En moins d’un an, ce roman m’a fait vivre toutes sortes d’aventures et ne cesse de me surprendre. Je suis heureuse de voir que cette histoire pourra rejoindre un plus grand nombre de personnes grâce à son adaptation télévisuelle. J’espère sincèrement qu’elle saura éveiller l’empathie chez celles et ceux qui la regarderont. »

Voilà donc cet objectif qu’elle continue de suivre, de semer depuis le début de l’écriture de ce roman jusqu’à cette heureuse nouvelle d’adaptation télévisuelle. En entrevue en avril dernier, elle dévoilait justement à notre collègue Isabelle Beaulieu qu’il lui importait de prendre la plume pour mettre un frein à la méconnaissance : « L’ignorance engendre la peur qui engendre la violence, c’est un cercle vicieux et nous, on veut être dans un cercle vertueux, explique-t-elle. Les préjugés sont un symptôme du manque d’informations, de sensibilisation. Ça n’enlève rien à personne que l’autre veuille vivre sa propre vie. Comme je le dis d’entrée de jeu, si vous ne comprenez pas, parlez-nous donc. »

Gabrielle Boulianne-Tremblay nous dit que depuis la parution de ce livre, elle a reçu énormément de commentaires et de témoignages provenant de personnes disant que ce roman avait changé leur vie, leur avait fait du bien ou les avait aidés à mieux comprendre la transidentité. « Preuve que la littérature est actrice de changement », souligne-t-elle.

Vignette du livre La fille d'elle-mêmeEt, effectivement, son roman – que son éditrice situe, par sa thématique, dans la lignée des Métamorphoses d’Ovide et d’Orlando de Virginia Woolf – apporte un éclairage, délicat et authentique, sur ce que peuvent vivent des personnes trans, tout en donnant ainsi aux lecteurs l’occasion de plonger dans les questionnements identitaires et sociétaux auxquelles font face ceux qui vivent ce cheminement. La forme du roman est éclatée – pas nécessairement chronologique, on passe de l’essai aux extraits de journal intime puis on plonge dans un récit au « je » très fort – et l’écriture y est soignée et poignante. Boulianne-Tremblay n’en était d’ailleurs pas à ses premières armes en littérature lorsqu’elle a proposé ce récit aux éditions Marchand de feuilles : en 2018, elle avait fait paraître un recueil de poésie chez Del Busso Éditeur, Les secrets de l’origami. D’ailleurs, elle travaille justement à un nouveau recueil de poésie ces jours-ci, mais également sur un livre jeunesse à paraître l’an prochain ainsi que sur la suite de La fille d’elle-même. « D’avoir la chance de me réaliser en tant qu’écrivaine, un rêve d’enfant que je chérissais très fort, je trouve cela émouvant et enrichissant », nous écrit-elle.

Militante pour les droits des personnes LGBTQ+, comédienne notamment reconnue pour son rôle dans Ceux qui font les révolutions à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau (pour lequel elle fut la première femme trans au Canada à être en nomination aux prix Écrans canadiens comme meilleure actrice de soutien), Gabrielle Boulianne-Tremblay pourra poursuivre son travail d’éveilleuse d’empathie de près : elle fait partie de l’équipe de Zone3 et elle a la chance de s’impliquer activement avec eux pour la série. « Nous partageons le même intérêt : faire de cette série la meilleure possible », ajoute-t-elle.

Photo : © Justine Latour

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