Sa popularité ne se dément pas. Passionné de cuisine, Ricardo Larrivée est un entrepreneur émérite, à la tête d’une marque reconnue, comprenant des émissions de télévision, un magazine, une maison de production, un site Internet, des accessoires de cuisine et des boutiques. Il s’implique aussi socialement : il est le porte-parole de La Tablée des Chefs depuis plusieurs années et il est l’un des membres fondateurs du Lab-École, un organisme qui souhaite un environnement multidisciplinaire pour les futures écoles. Sans compter qu’il est aussi l’auteur de livres, qui ont eux aussi, beaucoup de succès. À travers tout ça, Ricardo a quand même pris le temps de nous parler de ses lectures… et de jaser un peu de cuisine évidemment! 

C’est sa grand-mère qui l’a initié à la lecture. Elle était abonnée à la collection de livres rigides de Sélection du Reader’s Digest, contenant plusieurs morceaux d’histoires. Elle l’a incité à lire une des histoires, comme c’était relativement court. Mais après la première histoire, il a eu envie de continuer. Il a gardé une vingtaine de ces livres-là et il en conserve un bon souvenir. Il se rappelle aussi avoir lu son premier livre pour adultes en troisième année du secondaire alors qu’il était malade : Le mendiant et le voleur d’Irwin Shaw. À l’école, il s’est aussi plié à plusieurs lectures obligatoires, dont plusieurs étaient intéressantes (Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, Le Horla de Guy de Maupassant, Les belles-sœurs de Michel Tremblay). Il se rappelle notamment avoir été touché par Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, une lecture bouleversante sur le rapport entre la richesse et la pauvreté.

Mais c’est à l’âge adulte que la lecture est devenue davantage un véritable plaisir, qui ne l’a plus lâché. « C’est là que j’ai vraiment embarqué dans ça. Que je me suis mis à aller en librairie pour le plaisir. » Son grand bonheur est de lire pendant les fins de semaine, les congés et les vacances. Il a bien sûr l’ambition de lire aussi la semaine, mais les semaines étant ce qu’elles sont, il s’endort souvent à l’aube de ses lectures. Pour lui, la lecture représente un moment de quiétude et d’évasion. « C’est un moment avec toi, avec l’histoire, le personnage. On se retrouve dans le livre, dans l’imagination. » Il n’a pas envie de se stresser. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il ne lit pas beaucoup de polars ni de romans de guerre. « Je ne suis pas dans l’angoisse. » Bien que parfois, il les apprécie aussi, comme ce fut le cas pour la saga « Millénium ».

Un lecteur éclectique
Parmi les œuvres qui ont marqué son parcours de lecteur, notre libraire d’un jour mentionne celle d’Alexandre Jardin. Il a acheté Bille en tête pour effectuer la route jusqu’en Saskatchewan, alors qu’il y déménageait, il y a de cela plusieurs années. Après cette découverte, il a lu plusieurs livres de l’auteur. « J’aime la démesure. Cela fait rêver au possible. C’est ce que font les livres, ils te font rêver, te disent que c’est possible. »

Le Colombien Gabriel García Márquez est un autre auteur marquant. Si Ricardo ne devait choisir qu’un auteur, ce serait lui. Il adore sa poésie, la façon qu’il raconte les histoires. « J’adore sa vision de l’amour. C’est fantaisiste. » Il parle longuement de Cent ans de solitude, qui l’a beaucoup touché, puis de L’amour aux temps du choléra, son dernier coup de cœur. Une grande histoire d’amour qui dure toute une vie. « C’est bien écrit et c’est beau. Ça parle d’une époque que je n’ai pas connue, dans un pays que je ne connais pas. […] Un beau fleuve tranquille qui fait du bien à lire. » Il l’a lu en Floride : « Il faisait chaud, il y avait le vent, j’avais l’impression d’être dans le livre. J’aime beaucoup ça. » Il aime être dans un environnement qui ressemble au livre ou lire un livre qui a une connotation avec le lieu où il est. Lors d’un voyage en famille en France, pour s’imprégner du lieu, il a lu à voix haute à ses enfants Le château de ma mère, tous les soirs, un peu à la fois. Il a d’ailleurs beaucoup lu Marcel Pagnol, dont il aime le romantisme et la poésie.

Il me parle aussi du dernier livre de Chrystine Brouillet, Chambre 1002, qui se passe autour de la gastronomie. Le personnage principal est dans le coma, ses amies essaient de la ramener à la vie grâce à des parfums culinaires qu’elle aimait. Pas étonnant que ce sujet l’ait interpellé. « Chrystine a mis une de mes recettes dans le roman. Je capote un peu. Je suis dans le roman. » Un autre livre qui a un lien avec la vie de Ricardo, c’est Le festin de Babette. Un livre qui rejoint ses valeurs de partage autour de la cuisine. Il partage aussi des affinités avec Kim Thúy. « Je m’entends bien avec Kim Thúy. Je l’aime d’amour. Et j’aime ce qu’elle écrit. » Ils adorent tous les deux l’Asie et le Japon en particulier. Ils ont même une correspondance. Elle lui envoie un poème japonais. Il lui envoie quelques lignes qu’il a écrites. Et ainsi de suite.

Ricardo s’avère un lecteur éclectique, une théorie qui se confirme si on se fie aux trois livres qu’on lui a offerts et qui trônent en ce moment sur sa table de chevet, soit La valse lente des tortues de Katherine Pancol, Ásta de Jón Kalman Stefánsson et Martha Stewart : Les règles pour réussir en affaires. Ce dernier livre est assurément un cadeau empreint d’une touche d’humour. Parce que s’il existe des règles pour réussir en affaires, Ricardo les connaît déjà.

Cuisiner pour partager
Si Ricardo rêvait d’abord d’un magazine, qui existe maintenant depuis dix-sept ans, les livres sont presque arrivés par hasard, comme la suite logique dans son parcours. Dernièrement, il nous en offrait deux : Plus de légumes et Explique-moi… les aliments. Il se trouve vraiment chanceux de pouvoir faire des livres. C’est un bonheur qu’il se paye. « Je ne suis pas tout seul là-dedans. C’est gratifiant de le faire en équipe. […] C’est un processus de création et de partage, contrairement au roman qui est une introspection avec soi-même. » De plus, contrairement au magazine, « le livre a quelque chose de permanent, quelque chose de plus intime, de plus personnel ».

Et pourquoi publier des livres de recettes aussi pour les jeunes? Bien sûr, parce qu’il a des enfants, mais surtout parce que « la mémoire culinaire est importante ». Quand on pense à sa famille, à ses grands-parents, à des moments familiaux, on se souvient souvent d’une recette liée à ces souvenirs. C’est pourquoi Ricardo nous donne ce conseil : « Faites-vous votre propre livre de recettes avec vos recettes familiales. » C’est d’ailleurs pour raconter ce genre de souvenir qu’on aborde souvent Ricardo dans la rue. Pour lui, c’est gratifiant de savoir qu’une de ses recettes fait partie des classiques d’une famille ou d’un groupe d’amis.

Avec le succès qu’on lui connaît, plusieurs recettes de Ricardo se retrouvent assurément dans la mémoire culinaire de nombreuses familles québécoises.


Photo : © Jocelyn Michel

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