L'initiative Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. Voici la sélection de mars.


Symptômes
Catherine Ocelot (Pow Pow)

Les inconditionnels du travail de Catherine Ocelot, que ce soit pour l’humour un peu potache de Talk-Show ou la pertinence des questionnements de La vie d’artiste, retrouveront avec bonheur la bédéiste, qui propose cette fois-ci une incursion au cœur du plus paradoxal des maux contemporains : la solitude. D’une douceur, d’une beauté et d’une intelligence qui rendent aussi bien grâce que justice à la finesse du propos, ce quatrième opus questionne habilement le rapport que tout un chacun entretient avec l’altérité, que celle-ci se trouve chez les autres, à l’intérieur de soi ou dans les choses induites par le hasard, qui quoi qu’on en dise ne les fait pas toujours si bien. Un livre qui respire, qui émeut, qui fait sourire et qui saura apaiser, ne serait-ce que pour un temps, l’inépuisable grondement des anguilles de l’angoisse.
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)

 


Impromptu
Catherine Mavrikakis (Héliotrope)

Dans cette « relation infinie » qu’elle a avec son vieux professeur allemand, une étudiante avide de connaissances et de reconnaissance construit sa carrière en notant tous les impératifs – à lire, à visiter, à connaître – qu’il daigne lui partager. Catherine Mavrikakis propose un texte court, teinté d’ironie et de tendresse, sur la fascination que certains intellectuels entretiennent de la vieille Europe autant que sur le regard complaisant des Européens immigrés envers notre culture. Une lecture rafraîchissante par sa lucidité, inspirante par les réflexions qu’elle suscite.
Chantal Fontaine, Librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)

 


Nouées
Catherine Voyer-Léger (Québec Amérique)

Avec Nouées, Catherine Voyer-Léger présente un récit biographique poignant sur les relations mère-fille, en particulier les siennes. En trois histoires, l’auteure nous fait naviguer entre la vision d’une enfant marginale, d’une jeune adulte criant à l’aide et du difficile cheminement d’une mère adoptive. Une histoire personnelle et sans filtre en laquelle on se reconnaît pour une simple raison : absente, des plus difficiles ou très belle, une relation avec une mère est quelque chose que nous avons toutes et tous, et qui fait de nous la personne que nous sommes aujourd’hui.
Émilie Carpentier, Librairie Martin (Laval)

 


Jardin radio
Charlotte Biron (Le Quartanier)

Alors qu’elle s’apprête à commencer ses études doctorales, la narratrice de Jardin radio apprend qu’elle a une tumeur à la mâchoire. Elle doit alors subir plusieurs interventions, d’abord pour retirer la tumeur, puis pour reconstruire l’os, grâce à un morceau d’os prélevé de sa hanche. En convalescence chez sa mère, seule et incapable de parler, elle utilise les voix à la radio pour se tenir compagnie. La convalescence dure des mois qui se transforment en années, mais la radio est toujours là avec elle, constante dans son univers où plus rien n’est comme avant. Jardin radio est un récit intime qui nous fait réfléchir sur la santé et la fragilité de l’humain. Écrit sous forme de fragments, il se lit d’une traite. Très bon livre, d’une autrice à découvrir.
Véronique Tremblay, Librairie Vaugeois (Québec)

 


Requiem
Gyrðir Elíasson (La Peuplade)

Jonas réussit à atteindre la musique dans tout ce qui l’entoure, c’est comme s’il pouvait saisir l’esprit de ces sons qui sont à peine perceptibles pour le commun des mortels. Afin de se laisser inspirer, il emménage dans un endroit où tout lui est étranger. Il pourra ainsi prendre le temps de remarquer les bruits du quotidien. Dans Requiem, la solitude devient une exacerbation du moment présent où cette dernière se convertit en une profonde et ensorcelante perception des choses. C’est un roman insaisissable et pénétrant nous permettant de nous égarer en chemin lorsque nous aussi, nous essayons d’entendre et de nous laisser dépasser par des choses si petites qui sont plus grandes que nous au final. Requiem nous offre les sons ambiants en poésie.
Susie Lévesque, Librairie Point de suspension (Chicoutimi)