L'initiative Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. Voici la sélection de février.


Football-Fantaisie
Zviane (Pow Pow)

Bon, déjà que je me fais une fête lorsqu’on reçoit un nouveau Zviane, un Zviane de 516 pages? Party time! Depuis des années, les fidèles lecteurs de Zviane l’ont suivie à travers maints projets et essais autour de la bande dessinée et sur le long terme, ça s’est avéré payant, car Football-Fantaisie est une œuvre complète, mature et prenante. Même si je sais que l’autrice nous attend dans le détour avec d’autres projets (du moins, je l’espère!), j’ai vraiment l’impression qu’elle nous éblouit avec tout son savoir et son talent. C’est bon, c’est beau, c’est intelligent et original, j’ai vraiment eu un plaisir fou à dévorer cette brique. Merci Zviane et Pow Pow!
Shannon Desbiens, Librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)

 


La vallée des fleurs
Niviaq Korneliussen (La Peuplade)

Niviaq Korneliussen, autrice queer et figure de la jeune génération d’auteurs groenlandais, possède une écriture et une précision narrative qui échappent à toutes les étiquettes. Son deuxième roman contient tout, mais ne ressemble à aucun autre. Une jeune Inuite quitte Nuuk, la capitale du Groenland où habitent sa famille et sa copine, pour aller étudier dans une université danoise. Dans une région où le suicide est une véritable épidémie, une fêlure s’immisce sournoisement en elle. Un étau se resserre autour de ce personnage unique, sensible, à l’humour décalé. Roman sous tension, habité par la blancheur magnétique de la neige et de la lumière, où même la noirceur de l’hiver y est aveuglante. Là réside l’intelligence de l’autrice : le récit brise le cœur autant qu’il captive et tient en parfait équilibre entre l’ombre et la lumière.
Isabelle Dion, Librairie Hannenorak (Wendake)

 


Le deuil et la lumière
Yanick Villedieu (Boréal)

Yanick Villedieu, journaliste scientifique et ex-animateur de l’émission Les années lumière à Radio-Canada, nous présente l’histoire du sida telle qu’il l’a vécue, depuis l’émergence de la maladie, il y a quarante ans. Il témoigne de la recherche scientifique, du militantisme qui s’est développé pour sensibiliser les autorités, et des personnes atteintes qui ont, à leur façon, contribué à adapter les traitements. C’est aussi un véritable plaidoyer pour une plus grande accessibilité des médicaments, à l’échelle planétaire, un sujet que la pandémie actuelle ravive. Un récit bouleversant, empreint d’humanité et de passion, qui honore autant les scientifiques qui y ont consacré leur vie que ceux et celles qui y ont succombé.
Chantal Fontaine, Librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)

 


Sans refuge
Maryse Andraos (Le Cheval d’août)

Les éditions Le Cheval d’août, qui sont passées maîtres dans l’art de nous faire découvrir de nouvelles voix littéraires, ont aussi le chic d’oser proposer des œuvres aux formes narratives inhabituelles. Roman choral composé d’une multitude de courtes vignettes, mosaïque de scènes issues d’époques différentes, kaléidoscope de souvenirs chatoyants, le premier livre de Maryse Andraos met en scène les vies de Naïma et Delphine, inséparables amies d’enfance aux caractères fort différents. De l’effronterie des calembredaines adolescentes à l’accablante sobriété des calamités de la vie adulte, les deux femmes ploient et se déploient, s’éloignent et renouent, leurs solitudes juxtaposées savamment rendues par le style très personnel de la narration. Une lecture dont on ressort avec le sentiment d’avoir touché à quelque chose qui est aussi beau que vrai.
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)

 


Un Paris pour Dallaire
Siris, Marc Tessier (La Pastèque)

Travaillant au sein d’une librairie spécialisée en art et culture, je dois avouer que je savais très peu de choses sur Jean Dallaire avant d’entamer Un Paris pour Dallaire. Le nom d’Alfred Pellan m’était bien sûr connu, mais j’ai aussi réalisé que je connaissais très peu de choses sur les peintres qui avaient pratiqué le cubisme au Québec. Somme toute, j’ai été happée par le travail de Siris et de Tessier sur le peintre, ma lecture apportant son lot de découvertes. Le duo maîtrise de façon admirable le genre de la bande dessinée biographique en rendant le récit vivant, le rapprochant de nous et nous ramenant adroitement à certaines conditions de la vie d’artiste qui semblent parfois intemporelles.
Susie Lévesque, Librairie Point de suspension (Chicoutimi)