Après les premières lectures, les lecteurs se dirigent souvent vers les romans à gros caractères, qui leur permettent de s’attaquer à des livres au nombre de pages impressionnant, de « faire comme les grands » tout en n’ayant pas trop à lire. Pourtant, il est aussi important de présenter aux jeunes de 8 à 11 ans des œuvres qui sont plus costaudes afin qu’ils puissent découvrir les avantages qu’il y a à rester longtemps dans un univers.

Le recueil collectif Les petits mystères à l’école est le parfait compromis pour cela. Les lettres sont un peu plus grosses qu’à l’habitude tout en n’étant pas « de gros caractères » et le format des nouvelles est idéal. Les jeunes lecteurs peuvent ainsi découvrir des histoires complètes qui se distinguent par le suspense installé rapidement et qui tiennent en haleine, donnant une motivation supplémentaire à tourner les pages. Chaque texte peut aussi se lire indépendamment et chaque lecteur peut choisir l’ordre de lecture en fonction de ses envies!

Après avoir dirigé des collectifs destinés aux adultes, puis aux adolescents, Richard Migneault a répondu à la demande de nombreux enseignants du deuxième cycle du primaire en réunissant des auteurs autour de son concept : rendre le milieu scolaire « inquiétant, mystérieux et énigmatique », tout en respectant l’âge des lecteurs.

Qu’est-ce que cela a donné? Un directeur à la recherche d’un élément mystérieux, des tortues au chocolat qui disparaissent, un stagiaire aux intentions maléfiques, un hérisson d’Afrique en fuite, un clin d’œil à la fermeture des écoles pour cause de pandémie vue par un narrateur surprenant, une prof qui éveille les soupçons, un jeu de téléphone arabe, une légende épeurante qui prend vie, un geste bienveillant à l’approche de Noël, une poule pas comme les autres, une pièce de théâtre sabotée, une incursion en Guadeloupe, un souvenir d’école revisité, un pacte maléfique… autant d’idées exploitées avec finesse, frissons et humour par des auteurs triés sur le volet.

D’entrée de jeu, Richard Migneault a tissé une nouvelle qui reprend différents éléments de chacune, texte qui gagne à être lu à la fin pour qu’on puisse bien profiter des clins d’œil qui s’y trouvent. Les auteurs enchaînent ensuite avec différentes thématiques, plus ou moins originales. On apprécie particulièrement la diversité apportée par Isabelle Larouche, qui a écrit son texte en collaboration avec des élèves de l’école Rotiwennakéhte de Kanesatake, et dont l’histoire se déroule dans une communauté mohawk en banlieue nord de Montréal, ainsi que par Delphine-Laure Thiriet, dont le récit se déroule en Guadeloupe et est saupoudré de dialogues en créole.

Bien accrochés à la lecture, les lecteurs les plus avides peuvent aussi se lancer dans des récits plus denses, qui les tiendront longtemps en haleine dans une même aventure. C’est le cas des deux nouveautés qui inaugurent la branche des romans jeunesse des éditions Fides.

En parallèle de CSI ruelle, série justement écrite en gros caractères, Audrée Archambault s’essaie au roman « dont vous êtes le héros » nouveau genre, proposant à ses lecteurs, avec Éléalix, une intrigue fantastique où ils peuvent choisir des actions, oui, mais où ils voient aussi les personnages évoluer psychologiquement, ce qui est un tour de force dans ce format.

À ses côtés, Sarah Degonse publie son premier livre, La montagne d’ébène, premier tome de la série Åniå. On y suit Laurence, qui va s’entraîner au basket une semaine au Camp des dragons et découvrira que les légendes sont parfois bien réelles. En effet, suivant la piste dessinée par ses rêves et Gustave, le chat du camp, Laurence est projeté dans un autre monde, Åniå, où son arrivée est vue comme une chance : ses habitants courent un grave danger et Laurence pourrait bien être celui qui les sauvera. Pour cela, il devra toutefois affronter de nombreux obstacles, ce qui fait que cette histoire, qui mise par ailleurs sur un bel équilibre des genres, mettant de l’avant tant Laurence que Kalya, une dragonne courageuse, est remplie de rebondissements. La maison d’édition a fait le choix d’une mise en page sobre, avec un lettrage assez petit, mais cette histoire a le pouvoir de captiver… et de donner envie de tourner les pages!

Chez ADA aussi, les lecteurs peuvent trouver de quoi se mettre sous la dent, notamment avec la série Team escrime, dont les trois tomes sont parus simultanément au mois d’août. L’autrice Camille Noël y met en scène une jeune fille effacée qui entre au secondaire. Aux prises avec le douloureux deuil de sa mère, Sandrine préfère ses mangas à la compagnie des gens. Forcée de choisir un sport par son père, elle s’inscrit en escrime quand elle apprend que sa mère en a déjà fait. C’est ainsi qu’elle fera la connaissance d’un nouveau sport et se découvrira des affinités avec ses compagnons d’armes. Alliant psychologie, amitié, attirance, scènes de combat et informations contextuelles, l’autrice a créé une intrigue qui tient en haleine tout en abordant un thème plus profond. Et si l’âge de son héroïne peut surprendre étant donné le public cible, il répond aussi à la demande des lecteurs qui aiment bien voir ce qui se passe « dans la cour des grands »!

Si les albums sont foisonnants sur les tablettes des librairies, l’offre de littérature jeunesse pour les lecteurs de 8 à 12 ans est donc aussi riche. C’est l’occasion de les laisser essayer différents styles, de rencontrer divers auteurs et de se rendre compte que même les livres plus costauds peuvent passer en un clin d’œil quand nous sommes emportés par une histoire!

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