L'initiative Les libraires conseillent répond à la demande des lecteurs avides de suggestions. Chaque mois, un comité formé d’une quinzaine de libraires établit, après moult discussions passionnées et passionnantes, une sélection de cinq livres. Essais, BD, romans jeunesse ou pour adultes, d’ici comme d’ailleurs, ces cinq livres sont mis de l’avant dans les librairies membres de notre réseau. Cette initiative est une belle occasion de promouvoir des livres jugés particulièrement remarquables, ainsi que de valoriser le rôle primordial de votre libraire. Voici la sélection de septembre.


Tableau final de l’amour
Larry Tremblay (La Peuplade)

Du Larry Tremblay deux étages au-dessus du meilleur Larry Tremblay! Dans la lignée du Christ obèse et d’Ogre, l’auteur nous invite dans un univers sans compromis ni compromission où le corps, « la viande », mais surtout le désir domine. C’est violent, pervers, torturé, sale, vibrant jusqu’au sublime et l’écriture sert admirablement la passion qui habite les personnages. Un grand texte, de ceux qui restent en mémoire et dont les images nous accompagnent longtemps.
Corinne Boutterin, Librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)

 


Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour ok
Michelle Lapierre-Dallaire (La Mèche)

La couverture annonce déjà quelque chose de controversé. C’est assez évident : cette vulve ouverte à tous… Et dès les premières pages, la table est servie. C’est dur, c’est cru, ça ne passe pas par quatre chemins pour nous mettre les bonnes images en tête; pas des images qu’on voudrait voir nécessairement et encore moins pour une enfant en bas âge. J’ai dû lire ce livre lentement tant la déferlante me transportait à chaque chapitre… C’est vraiment bien écrit. C’est une autofiction nécessaire pour comprendre, pour stopper, pour réagir.
Shannon Desbiens, Librairie Les Bouquinistes (Chicoutimi)

 


Le poids des seins
Nathalie Lagacé (Isatis)

L’auteure et illustratrice Nathalie Lagacé nous offre un ouvrage essentiel dans la collection « Griff » des éditions Isatis. Dans Le poids des seins, elle nous raconte certaines difficultés que les femmes rencontrent au courant de leur vie et dès leur adolescence. Toute en douceur, elle démystifie certains stéréotypes et donne un peu de sensibilité à certains sujets lourds. Ce livre est avant tout un hommage aux femmes actuelles et passées, dans toutes leurs beautés et leurs diversités. Les dessins sont d’une simplicité et d’une tendresse qui accompagnent merveilleusement les textes de l’auteure. Il n’y a aucun doute que cet album devienne un incontournable pour toutes les jeunes femmes en quête de réponse ou tout simplement d’inspiration. C’est avant tout un appel au respect envers cet attribut féminin que sont les seins, mais surtout au respect de la femme dans tous les contextes. Le poids des seins est sans aucun doute un indispensable pour l’éducation de nos adolescentes et de nos adolescents.
Émilie Bolduc, Librairie Le Fureteur (Saint-Lambert)

 


Western spaghetti
Sara-Ànanda Fleury (Le Quartanier)

L’art de la nouvelle requiert un sens de la concision et du détail qui compte, une expressivité immédiatement intelligible, un naturel pour le saisissement et une finesse qui n’est pas donnée à tout le monde. Le premier livre de Sara-Ànanda Fleury est l’un de ces rares ensembles où l’étendue du spectre couvert ne confine pas pour autant à l’éparpillement. Entre l’euphorie grisante mais néanmoins doublée de nostalgie de la fin de l’enfance, la déchéance d’adolescents prématurément vieillis, l’espérance de vies meilleures et le fatalisme de ceux se sachant voués à peiner comme Sisyphe, les huit nouvelles de ce recueil d’une beauté aussi douloureuse que prenante circonscrivent chacune à leur manière l’étrangeté de la vraie vie, son mordant et son ironie, tout en livrant au passage une formidable leçon de littérature.
Philippe Fortin, Librairie Marie-Laura (Jonquière)

 


Habitantes
Anick Arsenault (L’Écrou)

Je vois dans l’écriture d’Anick Arsenault une forme de sauvagerie très douce. Les textes sont pourvus d’une espèce de force viscérale et bestiale. Il y a une lutte constante contre la noirceur et la contemplation se présente dans cet affrontement comme une forme de guérison. Je lis une poésie où les sens sont exacerbés afin de résister et où le contact de toute chose devient intense, voluptueux et vivifiant. J’ai l’impression qu’on me demande simplement de prendre le temps d’observer et que c’est cette beauté que nous captons si peu d’ordinaire qui va nous donner envie d’avancer et de continuer. C’est une poésie acharnée débordant de tendresse.
Susie Lévesque, Librairie Point de suspension (Chicoutimi)