On pénètre dans Dans ma cuisine : Recettes et histoires pour la famille, de Josée Bisaillon, le cœur léger et l’appétit bien éveillé! Tranches de vie, souvenirs de voyage et moments précieux foisonnent au gré des recettes proposées par cette épicurienne assumée. Conçues pour convenir à toute la famille, les recettes sont attrayantes, simples et originales, alors que la présentation globale est aussi ludique que jolie : de quoi aviver les papilles comme les yeux!

Recueil d’histoires personnelles, de souvenirs, liés à la cuisine, livre de recettes alléchantes et album artistique : votre ouvrage en est un délicieusement hybride. Pourquoi avoir choisi cette forme novatrice?
Tout d’abord, il faut mentionner que ce projet a été créé à partir d’un défi que je m’étais lancé en octobre 2020. Je voulais laisser plus de place à la spontanéité et à la fluidité dans mon travail. Je me suis donc inspirée du fameux défi Inktober (un dessin à l’encre chaque jour du mois d’octobre, avec des termes définis), mais avec mon propre sujet, soit les recettes préférées de ma famille. La base de Dans ma cuisine, c’est donc les trente et une recettes que j’ai illustrées lors de ce défi. Véronique, l’éditrice de Fonfon, m’a contactée pour me proposer d’en faire un album, puisqu’elle a eu un coup de cœur en voyant mon projet sur Instagram. On n’avait aucune idée de la forme que prendrait ce livre! On a en quelque sorte construit le livre au fil de nos discussions. On voulait seulement travailler ensemble et créer un livre rassembleur et attrayant pour tous. On avait en tête un beau livre de recettes qu’on peut laisser traîner sur le comptoir, l’ouvrir à n’importe quelle page et trouver une petite histoire ou une anecdote en plus des recettes. On voulait qu’autant les parents que les enfants y trouvent leur compte. En créant les histoires et les illustrations, je n’avais qu’un seul mot d’ordre : m’amuser. J’avais aussi comme défi de ne pas utiliser mon style habituel, qui mélange collages et dessins, et de tout faire à l’encre, sans esquisses, pour garder la spontanéité et le côté un peu chaotique de mes illustrations, un miroir de ma cuisine lorsque je fais à manger! Au bout du compte, ce livre s’est construit un peu comme je cuisine, avec beaucoup d’essais et erreurs et dans le bonheur.

Vous illustrez une multitude d’aliments dans votre ouvrage. Quel défi y a-t-il à dessiner ainsi autant d’éléments d’une même thématique?
Le défi que j’avais était surtout de ne pas trop penser! Il y a certains aliments qui reviennent d’une illustration à l’autre, et j’avais tendance à vouloir qu’ils soient tous pareils et parfaits. Cependant, lorsque j’essayais, mon côté rationnel embarquait et je perdais toute ma spontanéité. Il fallait donc que je me concentre sur ce que j’illustrais, et non sur ce que je pensais devoir illustrer. Ça a été un bel exercice de lâcher-prise pour quelqu’un comme moi qui souhaite que tout soit tout le temps parfait, autant pour les illustrations des aliments que pour celles des histoires.

Visiblement, vous êtes une grande amatrice de cuisine. Pourquoi croyez-vous qu’il est important de partager cette passion avec les jeunes, notamment par le biais de votre livre?
En cuisinant nous-mêmes les repas, on sait vraiment ce qui se trouve dans notre assiette. On peut goûter chaque aliment pour découvrir leur saveur réelle, sans additif. Je pense que les bonnes habitudes alimentaires partent de là : savoir ce qu’on mange et d’où viennent les aliments. La cuisine est aussi un excellent laboratoire pour expérimenter et développer sa créativité, sa débrouillardise et son autonomie, trois éléments essentiels à avoir dans la vie. Dans mon cas, il y a vraiment un parallèle à faire entre mon travail d’autrice-illustratrice et ma façon de cuisiner.

De plus, on passe tellement de temps dans la cuisine à préparer les repas, les lunchs pour l’école, aussi bien en profiter et en tirer plaisir, tout simplement. Si les enfants voient leurs parents cuisiner avec intérêt, ils auront peut-être le goût d’essayer à leur tour.

Quels ont été vos critères de sélection pour le choix des recettes que vous présentez?
Pour les trente et une recettes de mon défi, j’y suis vraiment allée avec mes recettes préférées. J’ai illustré les classiques de ma famille, comme le banh mi de tofu, le carnitas de porc ou les bouchées au chocolat et au gruau, mais aussi ce qu’il me plaisait d’illustrer (mais qui est savoureux tout de même!) comme la tarte aux tomates et aux oignons caramélisés ou la salade de betteraves rôties. On a ensuite fait un tri dans tout ça lorsqu’on a décidé des lignes directrices du livre, soit les thèmes des chapitres (dans mon jardin, dans ma valise…).

Toute l’équipe de Fonfon a effectué un travail extraordinaire et a testé les recettes. Certaines recettes trop compliquées ou similaires ont été éliminées. D’autres ont été ajoutées, parce que j’avais toujours le goût d’en illustrer plus, et j’avais parfois des demandes spéciales, comme le macaroni au fromage. J’ai même eu l’aide d’une cheffe qui m’a poussée à améliorer et à ajuster certaines recettes.

Comme le sous-titre le dit, Dans ma cuisine est un livre de recettes et d’histoires pour la famille; mon but n’était pas de proposer un livre où les enfants peuvent réaliser seuls un plat. C’est un livre ludique et sans prétention, puisque je suis loin d’être une cheffe, et j’espère que plusieurs familles s’y retrouveront et auront le goût de mettre la main à la pâte.


Photo : © Dominique Pouliot
Illustration tirée de Dans ma cuisine (Fonfon) : © Josée Bisaillon

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