Le 21 novembre dernier, le jury intercollégial du Prix des Horizons imaginaires a choisi Christiane Vadnais et son roman Faunes (Alto) comme fière lauréate de l’édition 2019. Ce prix rassemble des jeunes de niveau collégial, qui discutent, débattent puis récompensent l’auteur d’une œuvre relevant des littératures de l’imaginaire francophones. Rappelons que Christiane Vadnais a également remporté récemment le Prix de L’Institut Canadien de Québec pour souligner l’important travail qu’elle fait dans le milieu littéraire de sa ville, ainsi que le Prix de création littéraire de la Ville de Québec et du Salon international du livre de Québec. Nous avons profité de l’occasion pour poser trois questions à l’auteure.

 

Qu’appréciez-vous dans le fait d’être couronnée par des lecteurs de niveau collégial, d’avoir su éveiller en eux un appétit pour votre roman Faunes?
Ce qui est fabuleux avec le Prix des Horizons imaginaires, c’est que les livres sont lus avec soin, car les étudiants doivent débattre, exprimer leur point de vue, apporter des arguments à leurs collègues pour les convaincre de voter pour un livre ou un autre de la sélection. C’est merveilleux d’avoir des lecteurs aussi engagés. Je suis également touchée que ma parole trouve écho chez des lecteurs curieux, ouverts à la découverte, qui ont tout un parcours livresque devant eux, comme ceux que j’ai rencontrés lors des rencontres dans les cégeps ou au Salon du livre de Montréal.

À la lisière entre plusieurs genres, votre roman remporte les éloges pour un prix qui récompense les littératures de l’imaginaire. Êtes-vous une grande lectrice de fantastique? Quels livres ont forgé l’écrivaine en vous – lesquels se sont glissés sous la forme d’inspirations jusque dans l’écriture de Faunes?
Des livres de différents genres m’ont marquée à travers le temps, mais il est certain que tout ce qui utilise les ressorts de l’imagination, de l’onirisme, tout ce qui décentre le réel pour en percer le mystère me plaît. J’aime l’éclectisme et l’inclassable, le jeu avec les codes et l’effacement des frontières. Pour moi, Faunes est placé sous l’influence de Haruki Murakami, de Martine Desjardins, du cinéma de David Lynch… entre autres. En l’écrivant, je ne cherchais pas à l’inscrire dans un genre en particulier, mais bien de créer des atmosphères et une sensation d’étrange qui seraient prégnantes, comme j’aime en découvrir quand je lis.

Quelle(s) difficulté(s) d’écriture avez-vous rencontrée(s) en écrivant ce « roman par nouvelles » qui fait une grande place à l’étrangeté?
Dès le début, j’ai voulu écrire un texte qui oscillerait entre le recueil de nouvelles et le roman. Ce projet apporte son lot de défis dans la gestion de l’information, dans le rythme, dans le tissage des fils de l’histoire. J’ai d’ailleurs beaucoup travaillé cet aspect pendant le processus éditorial. Malgré les difficultés qu’il pose, je suis contente de ce choix narratif, car il permet de se décentrer du seul personnage pour embrasser le déploiement d’un monde dans son ensemble, avec ses différents événements, ses atmosphères, sa poésie. Au coeur de ce livre, il y a l’idée que l’humain n’est pas tout, qu’il prend part à une nature plus grande que lui, et je voulais que la forme réponde à cette idée.

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