Stéphane Dompierre, directeur éditorial de la collection « La Shop » chez Québec Amérique, présente un roman qui l’a particulièrement marqué : La servante écarlate de Margaret Atwood (Robert Laffont).

Aussi bien l’avouer d’emblée; j’ai découvert La servante écarlate par l’excellente bande-annonce de l’adaptation télé de ce livre de Margaret Atwood. N’étant pas abonné à la chaîne Bravo qui la diffuse au Canada, je me suis donc rabattu sur le roman. (Pour ma défense : je lis chaque jour des manuscrits dans le cadre de mon travail, alors les adaptations télé me sortent un peu de ma routine. Et puis, regarder des séries telles que Game of Thrones plutôt que lire les sept tomes, ça fait gagner du temps.)

L’histoire commence à être connue : c’est celle de Defred, une femme ainsi nommée parce qu’elle appartient à Fred, qui l’utilise pour tenter d’avoir un enfant. Dans une république fondée par des fanatiques religieux, là où jadis étaient les États-Unis, les rares femmes encore fertiles sont mises à la disposition de la bourgeoisie pour l’aider à avoir une descendance. C’est un monde nouveau où la femme a vite perdu sa liberté.

Avec Trump qui gère un pays comme le ferait un enfant gâté de cinq ans, Trudeau qui nous en passe des petites vites tout en nous éblouissant avec les flashs de ses selfies, avec les acquis durement gagnés par les femmes qui semblent toujours sur le point d’être remis en question, ce roman serait en plein dans l’air du temps s’il sortait maintenant. Il est pourtant paru il y a plus de trente ans et reste encore d’une extrême pertinence.

Il y a des romans que je lis rapidement parce que je me laisse emporter par l’histoire, d’autres que je déguste lentement pour en savourer le style et la langue et, s’il faut trouver un défaut à ce livre, ce serait bien celui-là : on brûle d’envie de le lire d’un trait, mais on s’arrête à tout moment pour relire une phrase forte. Il y a tant de qualités dans ce livre qu’elles se bousculent. On y voit jusqu’où la dérive du pouvoir peut mener quand les décisions importantes ne se prennent qu’entre hommes, comme c’est si souvent le cas. Cette histoire est à glacer le sang, surtout quand on se dit que tout ça pourrait vite ressembler à notre futur si on ne fait pas attention.

J’ai beaucoup de livres préférés, très peu de livres essentiels. Dans cette courte liste, il y a maintenant celui-ci. (Et, oui, j’ai aussi très hâte de regarder l’adaptation télé.)

 

Sous l’égide de Québec Amérique, maison créée en 1974 par Jacques Fortin, la collection « La Shop » ajoute une touche de littérature à la langue bien pendue au catalogue de la maison regroupant notamment dictionnaires, romans, essais et encyclopédies. Dirigée par l’auteur immédiatement remarqué avec Un petit pas pour l’homme, la collection est entre bonnes mains.    

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