Bien connu du grand public, l’humoriste et animateur Jay Du Temple a le vent en poupe. Sorti de l’École nationale de l’humour en 2013, il apparaît d’abord dans diverses émissions, puis devient l’image de la télé-réalité Occupation double. Là ne s’arrêtent pas les frasques du sémillant jeune homme puisqu’en 2018, il publie un premier roman et part en tournée avec son premier one-man-show. Rien que ça.

Entre toutes les choses qu’il accomplit, Jay Du Temple adore lire, même s’il voudrait y consacrer beaucoup plus de temps. « Chaque fois que j’entre dans une librairie, j’ai envie de tout abandonner ma vie et lire jusqu’à la fin de mes jours. J’y vais aux quatre mois peut-être, mais j’achète des livres comme si j’en lisais deux par jour. » Et il y va à l’instinct, se laissant tenter par son envie du moment. Sa frénésie pour le livre remonte à l’enfance, et en convoquant sa mémoire, il se rappelle une histoire où Goofy pêchait un poisson arc-en-ciel. Il le relisait sans cesse, jamais lassé de cet objet possédant le pouvoir sempiternel du réenchantement.

Ce qui fait lire Jay Du Temple s’explique de plusieurs façons. « Je lis pour nourrir mon esprit, ma créativité, me faire voyager. Je lis pour me sortir de ma tête, curieusement. Me sortir de mes idées, et lire celles des autres. Je crois que toute cette créativité me nourrit, oui. » S’il ne peut pas lire autant qu’il le souhaiterait, il se rattrape lorsqu’il est en congé. Dernièrement, il a eu dix jours de vacances, tous occupés à jouir du bonheur de la lecture.

Ode à Harry
Il grandit également avec « Archie », la collection « J’aime lire », les séries « Noémie » et « Amos Daragon », ce qui ne manquera sans doute pas de rappeler aussi de bons souvenirs à plusieurs d’entre nous. Enfin, Jay Du Temple dévore la série « Harry Potter », à laquelle il voue un culte fervent, la considérant comme l’ultime chef-d’œuvre. À n’en pas douter, il pourrait en parler pendant des heures, comme en témoigne le passage qui suit. « Cet univers est féérique. On veut y être plus que n’importe où. J’attends encore ma lettre de Poudlard. Harry est un héros très humble et déchiré. Ron est drôle, maladroit. Hermione, j’en suis amoureux depuis la première description du personnage dans le premier tome. Albus Dumbledore est l’un des plus beaux personnages jamais créés. Il est sage et in à la fois. Un heureux mélange entre ta grand-mère, Fred Pellerin et The Rock. » Et il continue encore longtemps. Il se sent concerné par cette histoire qu’il nomme, en pesant bien ses mots, une révélation. Le jeune Du Temple était en quatrième année quand ça lui est arrivé, il pourrait presque vous dire la date et l’heure où la lumière est apparue dans le ciel lorsqu’il a été appelé. Il avait le même âge qu’Harry, tous les deux ont ainsi évolué au même rythme, frères cosmiques unis par les mêmes ambitions. Maintenant qu’il est adulte, le feu est loin de s’éteindre puisque plus le temps passe, plus la richesse de l’œuvre se confirme. « Les valeurs exprimées dans les romans de J. K. Rowling sont magnifiques, sans jamais être moralisatrices. La loyauté, l’amitié, l’amour, la famille, l’humilité, l’aide, le pardon. C’est extraordinaire. » Si Jay Du Temple cherche un jour à se recycler, il pourra devenir conférencier spécialisé dans les arcanes de la Pottermania. Pour l’homme, « Harry Potter » est une sorte de bible à laquelle il se réfère fréquemment, qu’il relit quasiment toutes les années. Les deux derniers tomes occupent actuellement sa table de chevet aux côtés de quelques autres, car notre lecteur a bien quelques autres préférés.

Et les autres
Si on fait une incartade et qu’on s’éloigne de l’œuvre de Rowling, notre libraire d’un jour vous conseillera sûrement de vous frotter à la lecture de Patrick Senécal, un des maîtres de l’horreur au Québec qui a incontestablement marqué son adolescence et sa période de jeune adulte. Ce qui fait que lorsque le premier roman de Jay Du Temple s’est retrouvé dans le même livre que celui de Senécal, le principal concerné en a été très honoré. C’est en mars dernier qu’est paru Histoires de gars, un recueil de trois courts romans qui met en scène l’amitié entre hommes. Celui de Jay Du Temple, qui s’intitule Retrouvailles, est une sorte d’autofiction dans laquelle on le voit participer à un conventum de ses années d’école secondaire. En plus de ceux de Senécal et Du Temple, on y lit les mots de Simon Lafrance, ce qui complète le viril trio. « Patrick, c’est le vétéran de ce roman. Ses phrases se lisent comme une glace fond au soleil. C’est fluide, simple, mais non pas moins riche. On sent toute son expérience, et ses livres sont tellement plaisants à lire! Il est brillant. Simon a un vocabulaire magnifique, son choix de mots est toujours juste, ce qui donne une qualité à son texte qui est grandiose. »

Un brin d’humour peut aussi élever la lecture au rang de plaisir sans exclure nécessairement la profondeur des propos, comme le font par exemple les bouquins de François Avard, aussi scénariste de la série télévisée Les Bougon. Teintés d’un esprit parodique, les textes de l’auteur font souvent office de critique sociale. Jay Du Temple a récemment fait la découverte du Suisse Joël Dicker, chaudement recommandé par sa mère. « J’adore comment il construit ses romans. On y retrouve autant un côté policier qu’un roman d’amour, c’est magnifique. » Il va sans dire que si notre invité avait à prendre un verre avec un auteur, il choisirait J. K. Rowling, mais il nomme aussi Dany Laferrière dont les deux premiers romans – Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer et Éroshima – sont en cours de lecture. Ne sont pas très loin non plus les livres La femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Appelle-moi par ton nom d’André Aciman.

Plaidoyer pour l’écrivain
Jay Du Temple a en haute estime les écrivains et va jusqu’à penser qu’ils arrivent à changer le monde. « Les auteurs sont probablement les artistes les plus libres », annonce d’emblée notre lecteur. « Ils peuvent écrire beaucoup de choses, prendre le temps d’expliquer leur pensée ou nuancer leur propos. Il y a une sagesse dans l’écriture qui est unique. Je crois que la voix des écrivains peut faire réfléchir et changer les choses d’une manière beaucoup plus pacifique et tranquille, mais non pas moins puissante que les autres. » On ne pourrait mieux dire.

 

Photo : © Mari photographe

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