Anne Villeneuve, Montréalaise née en 1966, a reçu de nombreux prix dont celui du Gouverneur général ainsi que le Prix TD. Pas étonnant puisque ses œuvres, elles, sont étonnantes. Et, en plus de le voir dans différents livres et même dans un récent roman graphique, on peut admirer son talent dans certains magazines, sur certains sites Web, sur des boîtes d’emballage, dans les rames de métro et même dans le design de la mascotte de l’hôpital Sainte-Justine! Découvrez-en davantage sur cette artiste grâce à notre petit questionnaire, qu’elle a accepté de remplir.

Qu’appréciez-vous le plus dans le contact avec les enfants que vous procure votre travail d’illustratrice?
J’imagine que c’est le contact avec ma propre enfance. Plonger dans la création d’un album pour enfants m’oblige à retrouver mes propres sources, à me connecter à ce que j’aimais, croyais, désirais quand j’étais enfant.

Vous travaillez avec l’aquarelle. Pourquoi ce médium en particulier? En quoi sert-il bien vos idées?
J’ai toujours aimé travailler avec des médiums transparents qui laissent passer la lumière du papier, un peu comme le font les vitraux. Et j’aime la transparence dans la vie, les rapports simples entre les gens, le choix de ce matériel n’y est pas étranger. L’aquarelle est un médium magnifique mais exigeant, il pardonne peu les erreurs et exige que l’artiste soit présent à sa création. Il demande aussi un certain lâcher prise puisqu’il est difficile de contrôler parfaitement ce médium, et je crois que c’est ce qui en fait toute sa beauté.

Votre personnalité dans la vie est-elle similaire à celle de certains des personnages que vous créez?  
Je crois que mes personnages sont tous un peu moi, et tous un peu les gens qui traversent ma vie. J’ai tissé mon histoire avec les brins de ma vie et de ceux qui m’entourent.

De quelle façon l’idée de la BD Une longue canicule vous est-elle venue?
J’ai toujours aimé me promener dans les rues de Montréal lors des grandes canicules. J’ai l’impression, avec la chaleur, qu’on est au Far West. On verrait des moutons de poussière s’envoler, comme dans les westerns. Tout est si tranquille, c’est là que j’aime ma ville.  Bien des gens la fuient. Certains, moins chanceux, sont coincés dans le macadam. J’ai voulu raconter leur histoire.

Racontez-nous la plus belle preuve d’amour que vous avez reçue d’un lecteur ou d’une lectrice. 
Récemment, une lectrice m’a dit combien mon histoire lui faisait du bien, l’apaisait et…
« qu’elle avait envie de passer l’été dans la chaleur de mon histoire ». J’ai trouvé ça si joli…

Que représente pour vous cette première incursion dans l’univers de la BD et du livre pour adultes?
C’est mon rêve! Depuis le temps que j’avais envie de le faire, c’est merveilleux. Quoique… l’accouchement n’a pas été toujours facile. Faire une bande dessinée de cette envergure demande beaucoup d’énergie, de temps et de discipline. C’est très exigeant. Mais la satisfaction que donne le plaisir de conter est sans égal. Mon projet est terminé et je suis déjà à l’affût d’autre chose à raconter. La bande dessinée est un mode d’expression formidable.

Si vous ne pouviez conserver que cinq livres de votre bibliothèque, quels seraient-ils?
L’alchimiste de Paulo Coelho, Le grand cahier d’Agota Kristof, Persépolis de Marjane Satrapi, La guerre d’Alan d’Emmanuel Guibertet Shenzhen de Guy Deslisle.

Quel est votre principal défaut?
Douter de moi, c’est terrible! Il faut constamment que je me parle pour abaisser cette petite voix qui aimerait bien me laisser mariner dans le doute.

Pourquoi la librairie est-elle encore pertinente aujourd’hui?
Il faut continuer à faire des livres, il faut continuer à les lire. Il faut continuer à se faire conseiller par des libraires passionnés qui connaissent bien leur métier et surtout les livres qu’ils vendent. Le temps nous a bien prouvé qu’aucune technologie n’a réussi à déloger le livre. Tenir entre ses mains un livre… c’est un des grands bonheurs de la vie. On ne peut être malheureux quand on a encore une pile de livres non lus dans notre bibliothèque.

Avez-vous une autre grande passion que celle de raconter et d’illustrer des histoires?
J’en ai plusieurs et c’est bien mon malheur. Je cours après ce temps ingrat qui se défile.  J’aime tant de choses… Tout d’abord, j’aime dessiner juste pour le plaisir, partout, tout le temps, en voyage, les fins de semaine… J’adore faire à manger. Je caresse d’ailleurs l’idée de faire une BD sur le sujet. Quoi d’autre… ? Tricoter, cueillir des champignons, voyager…

Décrivez-nous votre soirée idéale.
Être sur ma terrasse et… ne rien faire, absolument rien! Contempler la vie, le calme, le vent, les chats.

Avez-vous des manies quand vous travaillez?
Je ne peux pas commencer à travailler tant que mon atelier n’est pas complètement rangé, tout doit être à sa place, chaque crayon, chaque papier. Sinon, la journée ne peut commencer!


Anne Villeneuve a illustré le numéro 102 de la revue Les libraires, ci-joint. 

 

 

 

 

 

 

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