Jacques Leblanc répond : Comment jouer un personnage culte?

40
Publicité

Vous incarnerez Harpagon, le célèbre personnage de L’Avare de Molière dans la pièce présentée à La Bordée (11 avril au 6 mai 2017). Quelle responsabilité un acteur a-t-il envers une œuvre lorsqu’il incarne un personnage culte?

Il y a bien des années, j’avais interprété au Trident le rôle de Laflèche dans L’Avare de Molière. C’était presque au début de ma carrière, bien avant que je joue Scapin, Sganarelle, Arnolphe et autres grands personnages du grand Jean-Baptiste. J’étais fasciné déjà par cet homme, Harpagon, par son caractère sombre, rêche, sec, en bon français, mean! Comment un être comme celui-là peut-il déclencher le rire? C’est bien d’humour dont il est question : la réponse est là, comme dans toutes les pièces de Molière… la vérité. Il s’agit de bien comprendre les motivations du personnage, de les rendre avec justesse, émotion même, et ensuite, quand tout est bien assimilé, ajuster la grosseur du jeu pour que le ressort comique soit au rendez-vous. Et puis dans cette pièce, les autres personnages sont extrêmement pétillants, ils veulent tous avoir le dessus sur l’usurier, ils sont prêts à bien des choses pour se sortir de son emprise et, qui sait, avoir une part du butin.

Donc, humanité (puisque c’est vraiment de ça que Molière parle), vérité, générosité! (pas du personnage, mais de l’acteur qui l’interprète). Et aussi, bien sûr, habileté, phrasé impeccable et sens du punch. Et pourquoi pas une voix puissante pour que chacun des spectateurs se sente interpellé par le texte. Pour moi, c’est la clé de la comédie.

 

Jacques Leblanc est à la fois comédien et metteur en scène. De 2004 à 2016, il a été le directeur artistique du Théâtre de La Bordée. Depuis mai, il est le nouveau directeur du Conservatoire d’art dramatique de Québec. Aussi bien dire que lorsqu’on jase théâtre avec lui, il sait de quoi il parle!

Publicité