Le Québec se livre :L’Abitibi de Lucie Lachapelle

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L’auteure et documentariste Lucie Lachapelle contribue depuis des années à faire connaître l’Abitibi dans ses œuvres. Dans Rivière Mékiskan, l’écrivaine donne la parole au peuple de Senneterre.

« C’est l’amour qui m’a menée de Montréal à Senneterre », déclare d’emblée Lachapelle, qui a vécu dans ce petit village où se côtoient Québécois et Amérindiens (Cris, Algonquins, Attikameks). Rivière Mékiskan témoigne des relations difficiles entre ces communautés. « Il faut dire que la communication et les rapports entre les deux groupes ne vont pas de soi. Toutefois, des efforts sont faits des deux côtés pour favoriser les contacts et l’échange. »

Les lieux de son roman, les personnages ainsi que les situations qu’ils vivent sont entièrement inspirés des rencontres et des événements que l’écrivaine a vécus au cours de son séjour en Abitibi. « J’ai fait la connaissance de personnes merveilleuses, des hommes et des femmes incroyables, des vieux et des vieilles riches de leur culture et de leur humanité, brillants et drôles. Plusieurs sont morts aujourd’hui et leur mémoire ne s’effacera pas. Certains étaient très proches de moi. C’est pour eux et pour leurs enfants écorchés que j’ai écrit cette histoire. Pour leur redonner la dignité qu’ils méritent. »

Lucie Lachapelle dit avoir tout aimé de l’Abitibi : ses gens, ses forêts, ses lacs et même sa température! « Au fil des ans, j’ai parcouru la région, j’ai fait plusieurs fois le voyage, en train, de Senneterre à Montréal, celui que fait Alice dans Rivière Mékiskan. J’ai sillonné le territoire par les routes de terres ouvertes par les compagnies forestières, je suis allée à la pêche, à la chasse, j’ai appris à poser des collets, j’ai dormi dans des campements en forêt, etc. J’ai été nourrie par l’Abitibi, je l’ai habitée et l’Abitibi m’habite. »

Bien qu’elle demeure aujourd’hui à Montréal, Lachapelle se sent concernée par la vie culturelle, le rayonnement des artistes et de leurs œuvres, en région comme à l’extérieur de la région. « Lorsque j’ai réalisé mon premier film, La Rencontre, une production de l’ONF en 1994, j’ai voulu qu’une partie du tournage et des personnages proviennent de Senneterre. Encore une fois, je voulais témoigner des relations entre Québécois et Amérindiens qui partagent leur vie ensemble. Je pense qu’à ma façon, je contribue à faire connaître la région de l’Abitibi, à travers ses gens, ses paysages, sa lumière. »

Selon l’auteure, les préoccupations des créateurs régionaux ne sont pas uniquement locales, mais bien souvent universelles : « Les artistes des régions sont des phares pour l’ensemble du Québec, à travers les personnages qu’ils créent, les sujets dont ils traitent, les émotions qu’ils soulèvent en nous. Je crois que chaque partie du territoire québécois, ne serait-ce que par sa lumière et ses ciels uniques, inspire, forge et teinte les œuvres des artistes qui y vivent. »

(Lire la suite du dossier Le Québec se livre dans le numéro 63 du Libraire)

Bibliographie :
Rivière Mékistan, Lucie Lachapelle, XYZ, 21$

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