Prix des libraires jeunesse : finalistes 5-11 ans

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Ils sont neuf Québécois, trois finalistes dans chacune des trois catégories, à avoir conquis le cœur du comité de sélection du Prix des libraires jeunesse du Québec. Le libraire a contacté chacun de ces finalistes, tous aussi originaux que doués, afin qu’ils nous ouvrent la porte de leur atelier d’écriture. Ci-dessous, vous trouverez les entrevues avec les finalistes de la catégorie 5-11 ans. 

Le grand lauréat de chacune des catégories sera connu en septembre. Entre-temps, le sort de leur livre se retrouve entre les mains de tous les libraires du Québec, qui voteront afin de récompenser les grands récipiendaires. Pour en apprendre davantage sur le Prix des libraires du Québec, nous vous invitons à lire l’article : Le Prix des libraires du Québec : Lire un peu, beaucoup, passionnément, à la folie!

 

ANNIE BACON

Pour L’anomalie maléfique. Victor Cordi (t. 1)

Éditions de la courte échelle


 

Brillamment écrit et bourré d’action, ce premier tome d’une série fantastique transporte Victor, amateur de jeux vidéo, dans un monde parallèle nommé Exégor grâce à une clé offerte par sa grand-mère, alors à l’hôpital. Bien vite, le jeune garçon comprendra qu’un lien ténu existe entre son aïeule et ce monde étrange…

 

Le monde d’Exégor est un monde réellement original. Quelque chose, ou quelqu’un, vous a-t-il inspirée afin de le créer?

C’est en terminant la lecture de l’Histoire sans fin de Michael Ende que j’ai décidé de créer un monde dans lequel les races d’humains et d’animaux seraient complètement inventées. Ce livre m’a donné envie de m’éloigner des contes classiques et de Tolkien et d’offrir aux lecteurs un monde fantastique sans dragons, sans elfes et sans licornes. 

Votre personnage adore les jeux vidéo et les références se font légion dans le roman. On sent que l’auteure est une grande connaisseuse! Est-ce exact? Jouiez-vous beaucoup, plus jeune, aux jeux vidéo? Jouez-vous encore?

J’ai joué aux jeux vidéo très jeune, puis ai repris la manette au début de la vingtaine pour ne plus la lâcher. Mais j’ai surtout travaillé dans cette industrie comme conceptrice de jeux (Game Designer) pendant une quinzaine d’années. Encore aujourd’hui, j’accepte parfois des contrats pour ce médium, et il se passe rarement une semaine sans que je touche à ma X-Box ou ma Wii U!

Si vous en aviez la chance, aimeriez-vous aller vous balader dans le monde que vous avez créé dans votre trilogie?

Absolument! J’irais faire un pique-nique dans les champs kampitois et survolerais le désert craquelé à dos d’Éoplatus. Je m’y bâtirais même bien un chalet, surtout considérant que je pourrais y multiplier mon temps de vacances par sept, puisque le temps y passe plus lentement! 

Quel effet ça vous fait d’être dans la liste des finalistes du Prix des libraires du Québec, donc d’être reconnue par les libraires d’ici?

Si l’éditeur aide à la naissance du livre, le libraire est celui qui le prend par la main pour lui offrir une vie meilleure. Je n’aurais pas osé rêver d’une telle chance pour mon Victor que d’avoir une armée de libraire pour l’épauler. Je me pince encore quotidiennement depuis l’annonce des nominations, et même de la liste préliminaire!  

 

ROGÉ

Pour Mingan mon village

Aux éditions de La Bagnole

Ce n’est rien de moins qu’un hommage que le talentueux artiste Rogé rend aux jeunes des Premières Nations dans cet album qui allie art pictural à art lyrique. Douceur, espoir et lumière s’échappent de ces quinze textes profonds qui mettent de l’avant la nature, la tradition et les rêves.

 

Pouvez-nous nous décrire de quelle façon vous procéder afin de faire les portraits des jeunes écoliers innus?

Dans un premier temps, j’ai visité les jeunes Innus de l’école Teueikan à Mingan. Ce voyage était essentiel pour que je puisse m’imprégner de l’atmosphère du village et pour que mes rencontres puissent alimenter mes souvenirs. Avec l’autorisation de la communauté, j’ai passé quelques jours à parcourir les classes et la cour de récréation où j’ai photographié les enfants.

Dans un deuxième temps, j’ai sélectionné les photos qui m’inspiraient pour réaliser les portraits. Ensuite j’ai recherché un style qui reflétait les sentiments reliés à mes souvenirs. C’est ainsi que la simplicité et la douceur se sont imposées dans ma palette de couleur et dans le traitement des images. Ce qui rend un portrait émouvant, c’est le regard et l’expression. Il y a une lumière dans les yeux qu’il faut capter et c’est là que j’ai puisé mon inspiration. Si on ne la saisit pas, il ne se passe rien.

Que retenez-vous de votre visite à l’école de Mingan?

C’est une toute petite école où l’on retrouve des élèves de maternelle jusqu’en secondaire trois. Au début de l’automne, l’école ferme quelques semaines pour permettre aux enfants d’aller à la chasse avec leur famille. Je suis arrivé juste après, au retour des classes, et l’excitation des élèves était palpable. Certains étaient toujours absents et d’autres racontaient leurs expériences. Un enfant de 12 ans avait abattu son premier orignal.

En côtoyant les Innus j’ai appris qu’ils aiment beaucoup rire. L’humour nous a permis de créer un contact rapidement. Je me rappelle le plaisir que j’ai eu en faisant rigoler toute une classe en montrant des illustrations que j’avais apportées avec moi. Ce moment a brisé la glace et par la suite les rencontres sont devenues faciles. Les enfants venaient me voir d’eux-mêmes dans les corridors ou à la récréation, pour se prêter au jeu de la photographie.

Vous aviez déjà publié Haïti mon pays, un livre qui met également de l’avant des portraits ainsi que des textes d’enfants. Qu’aimez-vous dans la plume des jeunes? En quoi cela vous inspire-t-il?

On entend très peu les enfants s’exprimer car on ne leur laisse pas cette chance. Pourtant, avec ce projet à Mingan et avec l’encadrement des poètes Rita Mestokosho et Laure Morali, on peut constater qu’ils l’ont fait de manière exceptionnelle. Ils savent parler de leur environnement, de la famille, de la vie et de la mort avec justesse, simplicité et sensibilité. Ils n’écrivent pas pour épater, ils le font avec authenticité et c’est là qu’ils arrivent à nous émouvoir.

Les poèmes des enfants m’inspirent car ils me permettent de mieux les saisir. Ces projets de livres me stimulent car ils donnent un nouveau sens à mon travail, ils apportent la fierté à ces enfants et deviennent un moyen pour qu’on les écoute. Je prévois réaliser un autre album de poésie avec des jeunes mais je préfère laisser planer le mystère pour un moment…

Quel effet ça vous fait d’être dans la liste des finalistes du Prix des libraires du Québec, donc d’être reconnu par les libraires?

Lorsque j’ai appris que Mingan mon village s’était démarqué parmi tous les ouvrages publiés cette année, j’ai été profondément touché. C’est un prix prestigieux puisque les livres sont minutieusement sélectionnés par le regard aiguisé et passionné de nos libraires.

Cette nomination vient mettre en lumière le talent incontestable des enfants Innus qui ont su écrire avec leur cœur. Ils sont probablement les premiers enfants au Québec à être finalistes à un prix de littérature de cette envergure et pour ça ils ont tous mon admiration.

Aussi, cette reconnaissance vient donner raison à ce projet qui semblait risqué. Je suis heureux de travailler avec les éditions de la Bagnole, qui ont cru, tout comme moi à ce livre.

 

 

LILI CHARTRAND

Pour Le monde fabuleux de Monsieur Fred 

Aux éditions Dominique et compagnie

Une bien belle surprise que ce Monde fabuleux de Monsieur Fred qui relate l’histoire de deux destinées qui se sont croisées sur un banc de parc : celle du vieillard au livre invisible et celle du petit garçon sans ami. Notons que cet album était également parmi les finalistes du Prix Québec/Wallonie-Bruxelles de littérature jeunesse.

 

Le monde fabuleux de Monsieur Fred est une histoire hautement touchante, d’une rencontre entre un homme malade et un enfant. Avez-vous connu, plus jeune, un « Monsieur Fred »? Sinon, de qui – de quoi – cet homme est-il inspiré?

Non, je n’ai pas connu de Monsieur Fred… mais j’aurais adoré ça. Monsieur Fred est donc tout simplement né de ce désir. Personne ne m’a inspiré Monsieur Fred, mon imagination seule a fait le boulot!

Comment s’est déroulée votre collaboration avec Gabrielle Grimard? Qu’aimez dans la façon dont elle a mis en images votre texte?

La collaboration avec Gabrielle s’est très bien passée. Je connaissais son travail sans connaître la fille. On a tout de suite connecté. J’aime la grande tendresse qui se dégage des images. Aussi, la façon dont Gabrielle a exploité l’invisibilité est magnifique. Je trouve que le mariage du texte et des illustrations est une vraie réussite.

Croyez-vous qu’il est important d’aborder la thématique de la maladie (voire de la mort…) avec les enfants, par le biais de la lecture d’albums?

Oui, mais ça dépend de la façon dont le sujet est abordé. Dans cette histoire, la mort n’est pas une fin, c’est un passage vers une autre belle aventure…

Quel effet ça vous fait d’être dans la liste des finalistes du Prix des libraires du Québec, donc d’être reconnue par les libraires d’ici?

C’est génial! Être reconnue par des passionnés du livre me comble de joie. Ça fait du bien à la grande inquiète que je suis…!

 

Article connexe : les finalistes jeunesse du Prix des libraires du Québec, catégorie 12-17 ans.

 

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