Gérard de Chergé, traducteur, nous parle de Station Eleven

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En plus d’être publié dans une vingtaine de pays, d’être couronné du prix Arthur C. Clarke,d’avoir été en lice pour plusieurs prix importants dont le National Book Award et le Pen/Faulkner, Station Eleven a remporté beaucoup de succès, comme en témoignent les 650 000 exemplaires vendus en anglais et la vente des droits cinématographiques. Et cette lancée extraordinaire ne s’arrête pas là : cette œuvre d’Emily St. John Mandel vient de paraître en français chez Alto, dans une traduction de Gérard de Chergé, à qui nous avons demandé ses impressions de lecteur.

L’écrivaine Emily St. John Mandel nous avait jusqu’ici habitués à des romans policiers (Dernière nuit à Montréal, On ne joue pas avec la mort et Les variations Sebastian, publiés chez Rivages), mais pour son quatrième roman, elle offre un roman postapocalyptique fascinant, dans lequel le monde tel qu’on le connaît s’écroule parce qu’une pandémie de grippe géorgienne décime 99% de la population mondiale. Vingt ans après, parmi le peu de survivants, une troupe s’est formée et présente des concerts et des pièces de théâtre de Shakespeare dans divers lieux où subsistent encore des communautés. Ces gens survivent grâce à l’art et à l’amitié, tentant courageusement de préserver le peu d’humanité qu’il reste. « Parce que survivre ne suffit pas. » Cette résilience et ces communautés qui se forment donnent espoir. Ensemble, c’est possible d’affronter la fin du monde.  

Celui qui a traduit notamment Dix petits nègres d’Agatha Christie et Mémoire morte de Donald Westlake, le Français Gérard de Chergé, a également traduit de l’anglais tous les livres d’Emily St. John Mandel dont il qualifie le style d’élégant. Il a retrouvé dans Station Eleven le charme de ses autres livres : « Des personnages attachants, un récit qui alterne le passé et le présent, une atmosphère à la fois réaliste et ouatée, parfois à la limite du fantastique, et surtout une grande sensibilité dans l’écriture. »

Par rapport à ses œuvres précédentes, Station Eleven apparaît « indéniablement représenter un défi – réussi – et une étape décisive », selon le traducteur. Il ajoute que ce roman, qui aborde une quantité de thèmes, tels quel’importance de l’art dans notre civilisation, la nostalgie d’un monde perdu, la fuite du temps, le rôle de la mémoire, s’avère ambitieux « tant par son sujet […] que par son style élégiaque, de plus en plus élaboré » : « Si on reconnaît aisément son écriture et son mode de narration habituels, Emily St. John Mandel les met ici au service d’une intrigue beaucoup plus complexe, d’une portée quasi universelle par les questions qu’elle soulève. »

Avec Station Eleven, Emily St. John Mandel signe une œuvre brillante et prenante, qui met en lumière la fragilité de notre monde.

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