Nous ne pouvions écrire un article sur le quart de siècle d’Écosociété sans saisir l’occasion d’avoir un entretien avec monsieur Serge Mongeau, l’un des fondateurs de la maison et celui que l’on considère comme le pionnier au Québec du mouvement de la simplicité volontaire.

À 80 ans, monsieur Mongeau croit encore, peut-être même plus que jamais, qu’un monde meilleur passe par un plus grand respect de notre planète. Nous faisons partie de la nature, on ne peut pas la détruire sans nous détruire nous-mêmes. C’est la raison pour laquelle il s’est impliqué dans la création d’Écosociété et qu’il y gravite encore. Vingt-cinq ans plus tard, il se dit très content de l’état actuel des éditions et de la force de conviction qu’on y retrouve, fidèle à celle des premières heures. « Notre objectif a toujours été de développer une critique positive de notre société qui offrirait aussi des solutions. » S’il dresse un bilan très positif de la maison d’édition, il n’en est pas de même pour ce qui a trait à la société. « L’avenir est bien incertain. Les gens ne prennent pas assez au sérieux les avertissements. Il faudrait faire des changements majeurs. Bref, les problèmes sont gros et on ne fait pas grand-chose pour les résoudre. »

Bien sûr, quelques consciences se sont éveillées et on voit poindre un peu partout des projets novateurs en faveur de l’environnement, mais étant donné l’ampleur de la situation, monsieur Mongeau croit qu’il y a dans la population un profond déni face aux problèmes. Certains croient qu’on trouvera une solution technologique qui par magie viendra annuler la menace, d’autres pensent qu’il est déjà trop tard. « Oui, il y a des petites actions que nous pouvons faire et qui ne changent pas le monde d’un coup, mais c’est l’addition des petites actions qui en viennent à avoir un effet. » Contrairement à ce que peut-être plusieurs pensent, il est possible de changer ses habitudes sans avoir l’impression de perdre au change. Pour Serge Mongeau par exemple, vivre la simplicité volontaire lui a apporté une chose primordiale et qui n’est pas monnayable. « C’est la liberté. Ce mode de vie m’a permis d’être moins dépendant de l’argent et donc d’être en mesure de choisir mes engagements. Je pouvais choisir mes occupations non pas en fonction des revenus qu’elles m’apportaient, mais en fonction de l’importance que je leur donnais. »

De là, la nécessité d’affûter notre sens critique et de ne pas se laisser convoiter par les marchands de bonheur. Les téléphones en sont un bon exemple; ils ont réussi à faire croire qu’ils étaient indispensables et en effet, les gens ont maintenant de la difficulté à s’en passer. Se créer des besoins est la preuve d’une société qui carbure à la surconsommation et qui ne fait pas face au malaise. « Réfléchir est vraiment un chemin essentiel pour arriver à faire des choix qui soient en accord avec nos valeurs. Il faut construire notre société sur un autre modèle. »

Pour ses vingt-cinq ans, les éditions ont décidé de rééditer plusieurs ouvrages qui remontent à quelques années, mais qui sont toujours d’actualité. Signe que les choses n’ont pas tellement changé. Mais s’éduquer reste encore la meilleure manière d’aspirer aux changements. Et heureusement, les livres d’Écosociété sont là pour ça.

Photo : © Aline Dubois

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