Nancy B. Pilon, directrice du collectif, nous parle de Sous la ceinture : unis pour vaincre la culture du viol

77
Publicité

Nancy B. Pilon enseigne au primaire, écrit – on l’a d’abord connue grâce au blogue Les populaires –, voyage. À sa façon, elle cherche à faire une différence dans sa communauté. C’est ce qu’elle accomplit avec Sous la ceinture, cri d’alarme essentiel contre la culture du viol qui prend des formes plurielles et sournoises. Le silence a assez duré.

Aubut, Ghomeshi, Jutra… Ces histoires sont représentatives d’une société qui tolère encore trop souvent l’inacceptable. Et ce ne sont là que les manifestations les plus visibles qui font fi de mains baladeuses, de « non » pas respectés ou de commentaires désobligeants. La culture du viol, écrit dans cet ouvrage Judith Lussier, c’est « un ensemble de comportements, de discours et d’attitudes qui font en sorte que les agressions sexuelles sont banalisées. »

Ce sujet hantait Nancy B. Pilon : « Depuis le mouvement #AgressionNonDénoncée, je voulais aborder ce sujet, mais je ne me sentais pas prête à le porter seule sur mes épaules. En juillet 2015, à la suite d’une blague controversée de Jean-François Mercier sur Facebook, j’ai été profondément dérangée par les commentaires. Une femme, notamment, a affirmé que ‘‘si t’es habillée pour te faire violer, surprends-toi pas si ça arrive’’. J’étais troublée qu’on – une femme, en plus, dans ce cas-ci – puisse encore dire ça aujourd’hui. »

Après un appel à l’éditrice Myriam Caron Belzile, chez Québec Amérique, le projet de parler de façon accessible de la culture du viol était lancé. Nancy B. Pilon a alors contacté des gens de tout horizon afin de les inviter à participer : « Chaque collaborateur a été choisi pour une raison précise. Je ne leur ai pas imposé d’angle : ce qui primait était la qualité de leur plume, et la nécessité d’avoir une diversité de points de vue. » Mission accomplie, car cet ouvrage nous dévoile différents visages de la culture du viol. On la nomme, la raconte, la dévoile. Certaines le font sans pudeur (Julie Artacho, Sophie Bienvenu, Gabrielle L. Collard), et les collaborateurs masculins ne sont pas en reste (Simon Boulerice, Samuel Larochelle, Webster). Les textes de Judith Lussier et de Véronique Grenier, ainsi que l’échange initial entre Koriass et Aurélie Lanctôt, amènent une meilleure compréhension de ce sujet délicat.

Cette nécessaire incursion au cœur d’un enjeu si grand permet de mettre en mots une réalité trop longtemps tue : « C’est en restant dans le silence que la culture du viol peut continuer à se perpétuer. Ce qu’on a besoin, c’est d’aborder ce sujet, de le démystifier, de le faire comprendre. » À lire, donc, et à glisser entre les mains de nos adolescents. Car ce sont eux qui seront appelés à enfin faire changer les comportements.

Publicité