Gourmandise : ces images qui font saliver

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Parce que la gourmandise est un péché d’abord attisé par la vue des aliments et parce que les livres de recettes sont bien souvent choisis en fonction de l’allure décadente et appétissante de leur iconographie, nous avons demandé à deux photographes experts du domaine, André Noël (Citron) et Dominique Lafond (Soupesoup), de nous dévoiler comment ils croquent ces clichés.

Saviez-vous que lorsque vous regardez un livre de recettes, les plats qui y sont présentés n’ont pas nécessairement été préparés par l’auteur – le cuisinier – du livre en question? Certes, c’est ce dernier qui a élaboré, puis essayé ces recettes, mais l’image présentée est souvent l’œuvre d’un styliste culinaire. « La plupart du temps, le styliste est également cuisinier et il sait tout faire. Il doit acheter les courses, il est habituellement accessoiriste et c’est lui qui place l’assiette », explique André Noël, qui travaille avec la même styliste depuis plusieurs années. Ensemble, ils élaborent les concepts et prévoient l’horaire en fonction de la cuisson que nécessitent certains mets, ce qui leur permet de réaliser en général 6 à 8 photos par jour.

Mais attention! Dans le cas d’un livre de grand chef, par exemple Josée Di Stasio, Caroline Dumas, Sébastien Houle ou Chuck Hughes, le chef produit lui-même ses plats. « Les chefs ont toujours une idée de la façon dont ils veulent présenter une assiette et se chargent de mettre le nécessaire à notre disposition », explique Dominique Lafond. En utilisant leur matériel, leur vaisselle, leur restaurant comme lieu de shooting, ils s’assurent ainsi que le livre soit à leur image. « C’est important de savoir à qui l’on s’adresse. Pour des livres de recettes grand public (par exemple les guides sans gluten, les recettes à petit prix, etc.), la photo doit être suffisamment ludique pour que les lecteurs se disent “Je suis capable de faire ça!” Ça ne doit pas être trop artistique. Mais pour un livre de chef, les photos doivent les représenter avant tout. Ce qui importe, c’est l’image qui est véhiculée », ajoute monsieur Noël.

Astuces de magiciens
De nos jours, l’ère numérique et son instantanéité offrent de précieux avantages : « On voit tout de suite à l’écran si on tient la photo parfaite, on peut donc travailler plus rapidement avec les vrais éléments et garder tout le naturel de l’assiette. », nous dit madame Lafond. Et bien que des ajustements puissent être faits grâce à Photoshop, l’image doit être prête à 95% avant de passer sous le bistouri de l’ordinateur, explique André Noël. « Ça ne doit pas avoir l’air fake, les gens s’en rendraient compte! Et on est chanceux au Québec, on a des aliments frais, de belle qualité et de belle couleur ». Mais sous la chaleur des éclairages ou encore pour conserver les plats cuisinés intacts longtemps, les photographes doivent parfois recourir à des astuces. Crème à raser pour imiter la crème fouettée, sirop de maïs refroidi au lieu du sirop d’érable trop liquide, WD40 qui forme des gouttes rondes parfaites pour enjoliver un verre d’eau, huile d’olive pour faire briller, colle blanche au lieu du lait pour éviter que les céréales deviennent molles, etc. Mais n’ayez crainte, l’un comme l’autre des photographes affirment que la grande majorité de leurs recettes sont entièrement comestibles : la preuve, ils dégustent la plupart des plats préparés! « Goûter aux recettes, avoue Dominique Lafond, est définitivement un avantage de la photo culinaire… Et lorsqu’il y en a beaucoup, toute l’équipe rentre à la maison avec des restes appétissants! »

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