Philippe Girard: Quand la BD va de l’avant

3
Publicité
La nouvelle bande dessinée de Philippe Girard porte bien son titre. Avec Rewind, le bédéiste se permet un retour en arrière et campe son intrigue avant celle de La visite des morts. Ceux qui ont l'oeil aguerri reconnaîtront l'un des mafiosos décédés dans l'album précédent. Or, il se trouve que le gangster est bien vivant dans Rewind, au grand désespoir du petit lunetté qui se fait poursuivre dans la foule par des tireurs déterminés. «Pour moi, le temps n'a pas à être chronologique. J'aime savoir qu'on peut lire cette BD avant ou après La visite des morts», avoue celui qui a cofondé Mécanique générale.

Reprenons du début. Parce que c’est ce que l’homme à lunettes doit faire, chaque fois que la balle l’atteint en plein coeur. Il est condamné à «la peine de vie», au recommencement perpétuel. À moins que, parmi la foule qui assiste à son trépas, il parvienne à trouver celle qui le sauvera. Mais qui choisir? «Quand j’étais petit, on jouait souvent à ce jeu: tu es gravement blessé et tu dois arrêter ton choix sur une des personnes de l’autobus, en espérant qu’elle puisse te sauver. Qui choisis-tu? L’idée c’est qu’on a beau prendre l’autobus tous les matins avec les mêmes personnes, on ne les connaît pas vraiment. Laquelle serait un médecin? Laquelle serait un gangster susceptible de te protéger?»

Et si l’idée qu’on s’est faite de la personne s’avère complètement erronée, qu’arrive-t-il? Le personnage principal de Rewind l’apprend à ses dépens. La fille ordinaire, celle qui devait croire au destin et à l’amour, voudra le sauver à coup de crucifix et d’idoles religieuses. La grande hippie lunatique cache dans son appartement une collection macabre d’armes tranchantes. Chaque fois, tout est à recommencer. Heureusement pour le lecteur, chaque retour en arrière le ramène quelques minutes plus tôt dans l’histoire. Tranquillement, on comprend pourquoi le personnage en apparence banal est poursuivi par de dangereux criminels. «J’aime vraiment les personnages de gangsters. Ils sont souvent plus complexes», confesse celui qui s’amusait déjà avec la psychologie du malfrat dans Danger public.

Sa prochaine BD n’aura cependant rien à voir avec le crime organisé ni la mort, thèmes qui semblent l’habiter depuis Les ravins. Après avoir découvert par hasard le journal de sa grandmère, Philippe Girard a décidé d’en faire une bande dessinée. C’est donc dans le quotidien d’une femme des années 30 que le bédéiste nous plongera la prochaine fois.

Bibliographie :
Rewind, Glénat Québec, 136 p. | 21,95$

Publicité