Nicholas Aumais, directeur littéraire, nous parle de Ramures, une BD signée Bellebrute

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Bellebrute, c’est le nom du duo formé de Marianne Chevalier et de Vincent Gagnon. Si on  l’a remarqué pour ses albums jeunesse chez Dominique et compagnie (Monsieur Chausson, Monsieur Pinson,etc.), c’est avec éclat qu’il défonce les portes du roman graphique pour adultes avec Ramures, l’allégorie d’aspect onirique d’un cordonnier usé par le poids de la solitude. Nicholas Aumais, directeur littéraire qui s’estime chanceux d’avoir travaillé sur ce projet, nous en glisse un mot.

C’est par hasard, alors que Nicholas Aumais croise Bellebrute à la Foire du livre jeunesse de Bologne, que les premières formes du projet sont esquissées.  Après  une sympathique conversation, il a été conclu qu’un projet d’envergure devait se faire entre eux : « Disons que ce moment livresque à l’italienne restera dans nos mémoires longtemps! », commente monsieur Aumais. C’est donc ainsi qu’est né ce livre de 104 pages qui, malgré la teneur dramatique de la solitude dont il fait état, offre une percée lumineuse grâce au personnage de Simone, la costumière du théâtre voisin de la cordonnerie d’Albert. « Je pense que Bellebrute a su traiter le thème [de l’amour salvateur] d’une manière complètement déjantée, sous forme de métaphore graphique. Il se dégage une myriade d’émotions de ce livre, et  je pense que chaque lecteur sera interpellé de manière différente. », exprime celui qui a accompagné le couple tout au long de la création. Parce que oui, Marianne et Vincent forment un couple dans la vie : ils œuvrent parfois séparément, mais toujours soit côte à côte, soit dos à dos au son de leur chat qui ronronne. « Voir comment ils travaillent à quatre mains est fort impressionnant!  souligne Nicholas Aumais. Ils ont une énergie synchro et leurs talents se marient à merveille pour un résultat final des plus étonnants! »

Conte métaphorique par moments, récit introspectif à d’autres, Ramures entraîne le lecteur à travers l’histoire d’Albert, un orphelin qui hérite de la cordonnerie de son père, bien que sa passion soit plutôt orientée du côté du jardin de sa mère. Jeune, il était victime d’intimidation; devenu adulte, il bat en retraite à toute occasion en guise de protection. Mais un jour, une jolie voisine a besoin de lui un coup de main pour un costume. Voilà le récit qui se construit grâce à trois types de narration et à un jeu de traitement dans les illustrations. Nicholas Aumais avoue que de bien agencer les trois langages graphiques fut un défi, mais qu’il était important pour eux de représenter distinctement l’action du moment présent, les souvenirs et les allégories émotives des forêts : « C’est un amalgame de styles différents et de flash-backs importants pour comprendre le récit. Les tableaux présentant la forêt traduisent en une seule image les états émotifs d’Albert tout au long du récit et forment, au final, un visuel incroyable. » Et il a raison : le résultat est un voyage passionnant, parfois dérangeant en raison de sa force d’évocation, mais surtout puissant.

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