Bâtir un livre

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    L’équipe du libraire a pensé qu’il serait bon de démystifier ce qui sous-tend le monde du livre au Québec, pour tous ceux qui n’en sont pas issus. Au lieu de juger des comportements qui relèvent probablement de la simple ignorance (achat sur Amazon, en grande surface, etc.), nous pensons qu’un petit tour d’horizon de la chaîne du livre au Québec permettrait à bien des gens de voir clair dans ce milieu, à la fois culturel mais certes commercial, trop méconnu du public. Notre espoir : que le public comprenne pourquoi un livre se vend tel ou tel prix et l’importance des librairies pour la survie du patrimoine littéraire. Et qui sait, peut-être que même des libraires, éditeurs ou auteurs comprendront ainsi mieux les enjeux de chacun des maillons de la chaîne. Parce que, oui, tous ces maillons sont fort distincts, mais ils sont pourtant tous bien complémentaires. Et le monde du livre, bien que tricoté serré, recèle mille visages que nous vous dévoilons avec plaisir.

    Dans ce dossier

    Le livre numérique: refaire la chaîne?

    Certains insinuent que l’édition numérique ne coûte presque rien. D’autres se questionnent : « Pourquoi payer aussi cher pour les livres numériques franco-phones? » On calcule vite : adieu imprimeurs, distributeurs, risques financiers, transporteurs... C’est oublier l’équipe de professionnels qui s’active en coulisse pour offrir ce fichier numérique accessible sur votre tablette de lecture.

    Les salons du livre: Grandes fêtes du livre

    « Madame, ils sont où les livres de sport? » Voilà une question que les préposés du kiosque d’information se font souvent poser dans les salons du livre. Il leur faut alors expliquer au lecteur avide d’informations sportives que les livres ne sont pas classés par sujet, comme dans les librairies. Le visiteur doit interagir avec chacun des éditeurs. Bref, un salon du livre, c’est en quelque sorte, un petit marché du livre… sans l’intermédiaire du libraire.

    Équilibre, tradition et modernité

    Le métier de libraire vit de profonds changements. Ce n’est pas simplement une évolution, c’est une révolution du métier, conséquence d’une convergence de plusieurs facteurs économiques et sociaux. La perte importante des ventes de best-sellers au profit des grandes surfaces et la part de marché occupée largement par les multinationales du commerce virtuel représentent des menaces bien réelles pour la majorité des librairies. Qu’elle soit située en Australie, en Europe, en Amérique du Sud ou au Québec, la librairie est à un carrefour déterminant pour son avenir. Pour s’adapter aux nouvelles technologies et se convertir au livre numérique, le libraire doit repenser son modèle d’affaires, transposer son savoirfaire et démontrer son rôle essentiel dans la promotion et la mise en marché du livre tant au format papier que numérique. Il doit également trouver l’équilibre financier entre la progression des ventes du numérique et le maintien de son offre papier.

    Un métier en mouvance

    Quand cela fait plusieurs années qu’on pratique le métier de libraire – comme c’est mon cas –, on en a vécu des chambardements: l’informatisation, la concentration des maisons d’édition, celle des maisons de distribution et même celle des librairies. Le nombre de livres paraissant annuellement est en constante croissance, les modes sont de plus en plus prégnantes dans les politiques éditoriales, tandis que le lecteur fait face à une multitude de sources d’information. Le libraire doit composer avec une hypermédiatisation qui, parfois, fait exploser les ventes, mais souvent amène une saturation. Bref, cette profession a évolué. On sent un essoufflement certain, la cohorte de propriétaires de librairies avance en âge et la relève est loin d’être assurée: il n’est pas évident pour un jeune libraire d’avoir les reins assez solides pour caresser le projet d’être un jour calife à la place du calife!

    Bibliothécaire et libraire font la paire

    Dès ma première semaine de travail comme bibliothécaire, je rencontre «ma» libraire, Annie Léonard, de la librairie Marché du livre. C’est la rentrée littéraire, et nous assistons à une présentation des nouveautés. C’est une femme charmante; tout de suite ça clique entre nous. Voilà le début d’une relation de travail fructueuse…