Lorsqu’on m’a invité à joindre la famille de la coopérative des Librairies indépendantes du Québec en février dernier, j’ai rapidement entrevu comment je viendrais compléter cette tribu de littéraires tissée serrée.

Comme eux, très tôt dans ma vie, cette passion pour les arts et la culture s’est imposée à moi et s’est même avérée être le moteur principal de mes journées. Pendant une quinzaine d’années, j’ai consacré le meilleur de mes énergies à provoquer la rencontre entre les artistes et le public, suivant le modus operandi appris de mes mentors. En atteignant ma quatrième dizaine, j’ai réalisé que les transformations profondes que notre monde vivait influençaient beaucoup ma pratique, développée autour de la production, de la diffusion et de la commercialisation. Au premier chef, les médias étaient déjà entrés dans une mutation importante qui se poursuit encore. Le public, lui, ne se trouvait plus toujours là où on l’attendait et il demandait qu’on trouve de nouvelles façons de s’adresser à lui. Pendant un moment, j’ai eu peur de manquer le bateau.

De là, j’ai décidé de parfaire ma formation dans l’action, notamment en faisant mon entrée dans le monde du livre numérique. J’ai également investi le domaine du marketing de contenu et celui du marketing relationnel.

Dans un monde où le consommateur est submergé par la production d’œuvres et de contenus, afin de demeurer d’une grande pertinence, nous avons l’obligation de lui présenter la bonne offre, au bon moment. Dans un contexte de surabondance de propositions, le métier de libraire peut faire une grande différence. C’est également le cas dans un monde en quête de sens…

À l’heure où on souligne l’importance, pour les promoteurs de notre culture locale, de mutualiser leurs actions et leurs ressources afin de favoriser une meilleure découvrabilité des œuvres dans un contexte où la compétition est plus que jamais globale, force est d’admettre que les libraires indépendants ont compris la force du nombre il y a un moment déjà. Voilà pourquoi leur regroupement coopératif est souvent cité en exemple dans d’autres industries culturelles ces années-ci.

Ce fut le cas, en début d’année, lors du symposium « Prévenir le tsunami numérique : un défi pour l’emploi dans la Capitale-Nationale » où conférenciers et panélistes – chefs de file et experts de pointe issus des milieux des affaires, des services publics ou de la recherche et de la formation – ont partagé leur vision relativement aux occasions offertes par le numérique et dont il faut tirer profit. Les libraires, la bannière sous laquelle se sont regroupés plus d’une centaine de librairies indépendantes du Québec, et leur site transactionnel leslibraires.ca, qui affiche maintenant les inventaires de chacun de ses membres indépendants, ont été identifiés comme des modèles inspirants.

Ce succès, les libraires indépendants y associent tous ces lecteurs avec qui ils ont investi l’espace public pour construire une vraie communauté, vive et brillante, qui se prolonge en ligne. La notion d’engagement est aujourd’hui utilisée comme mesure de performance des médias sociaux. Chez nos libraires indépendants, c’est sur le terrain et sur toutes les plateformes qu’il se traduit, entraînant une consommation culturelle responsable.

La librairie demeure un foyer important de notre culture, qui a su se démocratiser et se moderniser. En fédérant autant d’engagement qu’elle le fait aujourd’hui, on peut dire que la librairie est, le plus souvent, bien plus qu’une librairie.

On ne peut souligner les mérites de notre regroupement sans saluer le travail de ceux qui l’ont mis sur pied et dont les valeurs guident encore l’action de l’équipe en place. Aujourd’hui, je veux également célébrer le développement exceptionnel qu’a connu la coopérative en mettant en lumière le travail colossal de mon prédécesseur Dominique Lemieux, soutenu bien sûr par les administrateurs au fil des ans.

Leur engagement trouve écho dans le vôtre, lorsque vous adhérez avec passion à nos propositions. Le mien y puise déjà ce qu’il nous faut pour écrire la suite.

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