Lire avec l’esprit de famille

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La bourde de l’ancien ministre Bolduc, disant qu’il n’y aurait pas mort d’homme si les bibliothèques scolaires n’achetaient pas plus de livres, en a fait sourciller plusieurs. Il en va de même avec le sondage de la Commission scolaire des Hautes-Rivières, en Montérégie, selon lequel 63% des parents ne lisent pas d’histoires à leurs enfants qui fréquentent l’école primaire. Ainsi, plus d’une famille sur deux ne prend pas, de temps en temps, la peine d’ouvrir un album illustré pour faire voyager ses petites frimousses avant de les laisser au pays des rêves…

Nous espérons beaucoup des enseignants, des dirigeants, en matière d’éducation littéraire. Nous demandons à ces derniers de surmonter seuls le défi de rendre la lecture attrayante pour les jeunes. Pourtant, plusieurs de ces enfants n’ont pas un seul livre à la maison et plusieurs d’entre eux n’ont jamais vu leurs parents lire. Les statistiques, encore plus alarmantes, disent également qu’un adulte sur deux n’ouvre plus jamais un livre une fois sa scolarité terminée (oui, vous avez bien lu). Nous exigeons beaucoup de nos enseignants qui, dans l’ensemble dit-on, ne lisent pas suffisamment, ou de nos dirigeants qui n’ont pas la lecture à cœur : mais ne devrions-nous pas tous également porter le chapeau, à la vue de ces statistiques?

Si vous parcourez ces lignes, vous êtes des amoureux du livre, j’en suis certaine. Vous lisez des histoires à vos enfants (sûrement même à vos amis, à votre chat, à votre conjoint, à votre amoureuse) et avez assurément une bibliothèque bien garnie ou une carte d’emprunt bien remplie. Mais est-ce le cas de tous les gens de votre entourage? Avant de demander aux ministres et aux enseignants de faire aimer la lecture à nos chérubins, pourquoi ne pas nous-mêmes instaurer des activités en lien avec le livre, ramener la lecture dans le quotidien de ceux qui ne sont justement pas issus de familles de lecteurs? Parlez de littérature entre vous, entre amis, entre collègues, démontrez l’importance de s’abreuver d’information ou d’imagination à même ces livres.

La littérature doit s’inscrire partout, pas seulement à l’école. Pour ma part, je vous avoue avoir découvert L’île au trésor ainsi que L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson, alors que j’avais 11 ans. C’est Pommier, mon animateur de jeannettes, qui nous avait fait lire ces ouvrages (en versions simplifiées et illustrées), pour que nous en discutions ensuite tous ensemble. Il adorait lire et s’était donné comme but de partager son bonheur avec nous. Il faut sortir la littérature du cadre scolaire et parfois oublier les approches pédagogiques. Tirons profit du fait que des livres sont adaptés au cinéma, que des romans découlent de jeux vidéo populaires, et que certaines séries télé sont disponibles en versions écrites. Exploitons cette perméabilité des frontières entre les différents médias pour faire entrer les jeunes dans l’univers littéraire.

Devenons donc un modèle : qui sait si, ensuite, les enseignants et les ministres ne nous imiteront pas? Ayons nous-mêmes un livre à la main de temps en temps (les jeunes apprennent énormément par mimétisme) et valorisons l’acte de lire, pour le plaisir. Le reste suivra, vous verrez…

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