Plus que jamais cette année, au fil des discussions entourant les emplettes de Noël, la question de l’achat local et de la consommation responsable est apparue dans mon entourage comme une préoccupation tangible. Nouvellement éveillée à ces enjeux, ma filleule était fière de me dire qu’elle avait acheté à la Librairie La Liberté, près de son cégep, tous les livres qu’elle avait mis sous le sapin. 

Il est vrai qu’au moment où nous entrions dans le plus fort du magasinage du temps des fêtes en novembre dernier, l’actualité était riche en événements de nature à nourrir la réflexion sur nos choix individuels et collectifs.

Pensons à la controverse entourant la commandite offerte par le géant Amazon au Prix littéraire des collégiens, qui a fait grand bruit jusque dans les pages du Guardian en Angleterre et provoqué pendant un moment la suspension du prix. Ce n’était pas sans rappeler la vive réaction des libraires français à l’annonce de la première sélection du prix Renaudot. Parmi les dix-sept titres en lice se trouvait un ouvrage autopublié sur la plateforme CreateSpace d’Amazon, en septembre dernier.

Plusieurs associations du milieu du livre ont depuis offert leur collaboration aux organisateurs du Prix littéraire des collégiens afin de réunir, au cours des prochains mois, des conditions gagnantes pour assurer la pérennité du prix.

Toujours en novembre dernier, la consommation responsable se retrouvait au cœur du Pacte pour la transition, initié par le metteur en scène Dominic Champagne et signé par plus de 260 000 citoyens à ce jour.

Puis, l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM publiait la neuvième édition de son Baromètre de la consommation responsable au Québec, qui poursuit notamment l’objectif de prendre la mesure des comportements qui s’ancrent dans les habitudes des Québécois et d’observer les nouvelles tendances de consommation responsable. On y apprend que plus d’un consommateur sur deux (57,6 %) a le sentiment de consommer de manière responsable.

L’année 2018 a tiré sa révérence et depuis le 1er janvier 2019, les entreprises hors Québec exploitant une plateforme numérique et qui réalisent des ventes au Québec doivent percevoir la TVQ et la France prélève la taxe « Gafa » auprès des géants du numérique (Google, Apple, Facebook, Amazon). Il s’agit d’une question d’équité pour les entreprises locales.

Les débats dans l’espace public sur la taxation et autour des événements cités précédemment frappent les esprits, bien sûr. Mais d’autres enjeux se trament parfois plus discrètement dans notre espace individuel. À titre d’exemple, le service Amazon Prime, qui permet la livraison rapide et gratuite pour des millions de produits, est largement déficitaire en soi pour Amazon, mais a son effet sur la psychologie du consommateur. Souhaitant tirer le maximum de bénéfices de leur adhésion en économisant sur les frais de livraison, les membres d’Amazon Prime dépensent deux fois plus sur Amazon que les non-membres. Regroupés sous une même bannière et misant sur la proximité et le conseil, vos libraires indépendants font face à cette compétition et connaissent de la croissance.

Alors que la nouvelle année s’amorce sur une prise de conscience collective qui semble plus grande que jamais, je nous souhaite, chers lecteurs et lectrices, que nos lectures continuent de nous rapprocher les uns des autres et de nos aspirations les plus chères, comme individu ou comme société.

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