Le souhait le plus cher de tout libraire est que chacun des livres qu’il a aimés trouve le chemin vers ses lecteurs. Les moyens qu’il peut mettre en œuvre pour atteindre cet objectif peuvent varier.

La Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) a récemment présenté le nouveau volet d’aide aux librairies du Programme d’aide aux entreprises du livre et de l’édition. Ce soutien financier incite plus que jamais les librairies à rejoindre et à développer une clientèle diversifiée en tenant compte de l’évolution des pratiques de consommation. Au-delà de la promotion traditionnelle, on vise notamment à valoriser le rôle du libraire comme médiateur du livre et à favoriser fortement les activités de médiation de maisons d’édition et de livres d’auteurs québécois. Une portion du soutien financier prévu a même pour but de favoriser l’aménagement physique des librairies pour la réalisation d’activités de médiation du livre et de maintenir un réseau de librairies moderne et attractif pour une clientèle diversifiée.

Il est vrai que les librairies demeurent des foyers importants de notre culture, qui ont toujours pignon sur rue en 2018 et qui font preuve d’une grande vitalité. On rappelle souvent, à juste raison, à quel point l’industrie musicale a souffert de la dématérialisation des œuvres. Force est d’admettre que le monde de la librairie a été exempté de ce phénomène. Toutefois, le défi de rejoindre au quotidien ceux qui ont soif de culture demeure entier et, dans ce contexte, les maillages entre industries sont bienvenus.

Deux projets impliquant certaines de nos librairies et l’industrie du film illustrent bien la valeur de ces alliances.

Du 26 novembre au 5 décembre, Les Films Séville en partenariat avec Édito jeunesse ont tenu en librairie une demi-douzaine de conférences de presse pour le film La course des tuques à travers la province. Un bus à l’effigie du film et transportant producteurs et comédiens se stationnait à proximité de la librairie. Les médias y sont entrés pour interviewer les protagonistes du film et le public a été invité à y participer et à quérir des dédicaces des auteurs des livres de la série du même nom, dans un espace « La course des tuques » créé par la librairie.

Pour Marie-Claude Beauchamp, productrice du film chez CarpeDiem, « le développement de propriété intellectuelle doit aujourd’hui comprendre plusieurs médiums, le film et le livre étant les piliers forts de l’établissement pour un contenu novateur et riche ». Du côté du distributeur Les Films Séville, on fait aussi valoir que « c’est une superbe façon de mettre de l’avant les livres inspirés du film, en plus de sortir des sentiers battus des éternelles rencontres de presse dans des lieux souvent informels ».

Aussi, le 2 novembre dernier, en évoquant la multitude de liens entre les films et la littérature, la Librairie Pantoute (Québec) a annoncé qu’elle s’associait au Cinéma Le Clap pour ouvrir dans le nouveau cinéma de Loretteville une troisième succursale qui proposera une large sélection de littérature générale avec une belle section cinéma et un espace jeunesse. « Notre mission, en tant que libraires, est de faire découvrir la littérature, de donner la piqûre de la lecture et nous pensons que les cinéphiles, s’ils ne le sont pas déjà, sont des bibliophiles qui s’ignorent », précise Marie-Ève Pichette, directrice générale de la librairie. Cela vaut autant pour ceux qui disposeront d’un peu de temps en arrivant en avance pour leur séance que pour ceux à qui la magie du 7e art inspirera une lecture en sortant de la salle de projection.

Dans un autre ordre d’idées, on ne voudrait pas passer sous silence une heureuse nouvelle à propos d’une autre de nos librairies membres qui s’illustre elle aussi par son dynamisme au rayon des activités de promotion et de médiation. La Librairie Poirier (Trois-Rivières) a ouvert une succursale à Shawinigan, « dans un contexte de fierté pour la mise en place d’une infrastructure culturelle au service du développement local », affirmait Sandra Dessureault, présidente du conseil d’administration de la librairie, en conviant les amoureux de la lecture, de la langue française et de la culture québécoise à l’ouverture de cette succursale.

Les chemins qu’empruntent les livres pour rejoindre les lecteurs continuent de se multiplier, notamment grâce aux librairies indépendantes. On doit s’en réjouir.

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