L’élan des indépendants!

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Pendant les fêtes, en réaménageant mes bibliothèques – à chacun ses loisirs! –, je suis tombé sur un vieux numéro de la revue Les libraires. Je n’ai pu m’empêcher de le feuilleter et de relire certains passages. J’ai souri devant l’enthousiasme exprimé dans mon éditorial de l’époque.

 

Cinq ans plus tard, quand je regarde le chemin parcouru par notre regroupement, je ne peux qu’être fier. Nous comptons maintenant 103 librairies membres, réparties aux quatre coins du Québec et de ses provinces voisines. C’est vingt de plus qu’à l’époque. Nous connaissons de bons succès, qui ont des retombées directes pour nos membres, et la suite est prometteuse. Pour lancer l’année, je choisis de garder mon enthousiasme et mon esprit d’émerveillement.

Le milieu de la librairie indépendante se porte bien. Il y a certes des défis – multiples et parfois décourageants –, il y a des zones de turbulence, des incompréhensions. Mais parfois, il y a des éclaircies qui méritent qu’on s’y attarde.

Les libraires québécois semblent sur une belle lancée. Les cas de relève réussie se multiplient. Nous avons beaucoup entendu parler de la transition chez Pantoute à Québec, où un modèle de gestion unique a été mis en place, ou de la librairie du Square à Montréal, où la grande Françoise Careil a laissé sa place à un duo de passionnés. Partout au pays, on remarque des transitions réussies. La trentenaire Valérie Morais a pris la relève de sa mère pour chapeauter la librairie Côte-Nord à Sept-Îles. Même chose à Jonquière, où le fils, Maximilen, a pris la place du père, Daniel, aux destinées de la librairie Marie-Laura. Le jeune Michael Lachance, au milieu de la vingtaine, a acquis Au boulon d’ancrage, une sympathique librairie de Rouyn-Noranda. La dynamique Valérie Lavoie a quitté la ville de Québec pour prendre les rênes de la librairie du Portage à Rivière-du-Loup. L’enthousiaste duo composé de Marie-Ève Boulet et Geneviève Gagnon a pris la relève d’Audette Landry au sein de la librairie boutique Vénus à Rimouski. J’en nomme, mais la liste pourrait être plus longue.

Ainsi, des visages importants de la librairie d’hier se retirent. Et un vent de renouveau souffle. Une porte se ferme, une autre s’ouvre…

Autre élément révélateur : de nouvelles librairies, propulsées par des visionnaires motivés, voient le jour. On salue le retour d’une librairie francophone à Toronto (librairie Mosaïque), on applaudit l’initiative d’un ancien représentant qui a ouvert son commerce dans la belle ville de Saint-Sauveur (librairie l’Arlequin), on attend impatiemment l’arrivée de la librairie Canaille à Lac-Mégantic (ouverture prévue en février), on s’émerveille devant les librairies Bric-à-brac et La flèche rouge, toutes deux postées au cœur du quartier Hochelaga à Montréal. Cela s’ajoute aux charmantes Tchèque ça (Amqui), Quartier (Québec), Carpe Diem (Mont-Tremblant), et TuLiTu, qui partage sa passion de la littérature québécoise à Bruxelles en Belgique. Et que dire de ce projet un brin fou, mais combien stimulant, du Buvard, librairie ambulante qui vient de se planter avec un concept de pub-librairie dans le village de Gould, en Estrie.

Ailleurs, des librairies s’agrandissent (De Verdun, Larico…), d’autres modernisent les lieux. C’est beau de voir cet élan. C’est touchant, même, de voir ce renouveau et de constater la réaction positive du public. La librairie indépendante est de plus en plus reconnue, et encouragée. Les gens souhaitent faire un choix de cœur quand vient le temps de choisir leurs livres. Les librairies indépendantes se distinguent de « la » chaîne, qui uniformise toutes ses procédures et qui réfrène les impulsions individuelles. Les grandes surfaces, elles, réduisent la place du livre, autre preuve de la seule considération économique de cette offre. Dès que l’espace peut être un peu plus rentable avec un autre produit, le livre est délaissé…

Le renouveau de la librairie indépendante n’est pas unique au Québec. On lit de plus en plus d’articles sur le sujet. Chez nos voisins américains, 560 nouvelles librairies indépendantes ont vu le jour en 2015. En France, la tendance négative se résorbe enfin après cinq années de ralentissement. Le Syndicat de la librairie française a ainsi qualifié 2015 de « très bon cru pour les librairies indépendantes », qui, dans leur réseau de 3000 commerces, ont vu leurs ventes progresser de 2,7% l’an dernier. Cette tendance se remarque dans un milieu où le livre imprimé maintient le cap, malgré la venue du livre numérique.

Pour 2016, souhaitons une vague d’amour pour les indépendants. Souhaitons des sourires de lecteurs satisfaits. Souhaitons des regards curieux, informés. Amis lecteurs, faites partie de cet élan!

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