Éducation et délinquance: Jeux d’enfant

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Colère, violence, agressivité: trois mots/maux qui compliquent la vie des parents. De nos jours, le harcèlement, un problème très sérieux, n'a plus uniquement lieu à l'école ou au parc. Bien plus qu'une bagarre aussi vite entamée qu'oubliée, le «taxage» est un acte réfléchi, une stratégie élaborée et mise en action pour nuire à quelqu'un.

La colère est une émotion naturelle, tandis que la violence est un rapport de force entre un agresseur et une victime. Alors que la colère n’est pas intentionnée, la violence l’est, car elle relève d’une stratégie visant à obtenir du pouvoir sur autrui. C’est ce qu’on apprend d’entrée de jeu dans Violence entre enfants: Casse-tête pour les parents de Diane Prud’homme, un ouvrage qui tombe pile en ce début d’année scolaire. Coordonnatrice des dossiers liés à la problématique de la violence au Regroupement provincial des maisons d’hébergement et de transition pour femmes victimes de violence conjugale depuis 1985, l’auteure a également signé La violence à l’école n’est pas un jeu d’enfant: Pour intervenir dès le primaire (Remue-ménage, 2004). Le moins que l’on puisse dire, c’est que la dame sait de quoi elle parle.

Quand Julia, frustrée de ne pas avoir eu les bonbons qu’elle désirait pour souper, traite sa mère de «pas
fine» et qu’elle claque la porte de sa chambre le ventre vide, elle manifeste sa colère, une émotion vive, et son agressivité, qui n’est autre que le véhicule de ladite émotion. Mais lorsque Mathias fait circuler de sales rumeurs dans Internet sur Coralie, qui a refusé ses avances, qu’il les insulte, ses amis et elle, les menace du poing, l’ado agit de façon calculée; son intention de blesser, au propre comme au figuré, est claire: il fait preuve de violence.

Séparé en quatre parties entrecoupées de cas de figure révélateurs, Violence entre enfants: Casse-tête pour les parents définit la violence, les rapports de force et explique comment les reconnaître. L’ouvrage énumère les raisons qui motivent un agresseur et de quelle manière il s’y prend pour faire du mal, décrit la position de l’enfant témoin ou complice et la nature des émotions qui animent l’agresseur ou la victime, apprend aux parents leur rôle à jouer face à une situation d’intimidation, à dénoncer un rapport de force avant de responsabiliser l’enfant agresseur et à aider la victime à reprendre du pouvoir. Enfin, il suggère des moyens de prévention. La violence a plusieurs visages que seul un adulte responsable est en mesure de démasquer. L’enfant, agresseur ou victime, ne possède pas les moyens de s’en sortir seul.

Des chapitres brefs et bien expliqués parmi lesquels l’on retrouve plusieurs tableaux récapitulatifs rendent l’ouvrage de Diane Prud’homme particulièrement accessible à tous. Car, malheureusement, bien des parents auront un jour le malheur de devoir affronter une telle situation.

Fais ce que je dis, pas ce que je fais
Est-on digne de nos enfants? Leur montre-t-on le bon exemple? Voici deux des questions que pose Ces parents que tout enfant est en droit d’avoir de Claire Pimparé. Contrairement à Violence entre enfants, le propos du livre ne repose ni sur des études de cas ni sur des recherches, mais bien sur l’expérience personnelle de la maternité que possède l’auteure ainsi que sur un amour empreint de respect envers les enfants. En effet, l’interprète de Passe-Carreau, aujourd’hui grand-maman, a toujours eu à cœur la cause des jeunes. C’est pourquoi la rayonnante comédienne a entre autres, depuis quelque trente ans, rencontré des milliers d’écoliers, et ce, non seulement parce qu’elle a incarné l’un des personnages mythiques de la plus légendaire émission de télévision pour enfants produite au Québec, mais parce que leur éducation représente, à ses yeux, un défi quotidien que tout adulte est capable de relever selon ses propres qualités et capacités. L’opération, toutefois, ne se fait pas sans une prise de conscience.

Son cheminement personnel en tant que maman a amené Claire Pimparé à s’interroger sur la notion de
«bon» et de «mauvais» parent. Au fil des pages ponctuées de souvenirs, d’anecdotes, de réflexions et des mots d’amour rédigés par ses enfants, la comédienne révèle les hauts et les bas de sa vie de femme, d’actrice, d’épouse et de mère. Tenant davantage du témoignage que de la démonstration éprouvée d’un problème de société, Ces parents que tout enfant est en droit d’avoir se lit néanmoins en amont de Violence entre enfants dans la mesure où il aborde lui aussi, quoique dans un cadre différent, les questions de la délinquance, de la responsabilité parentale et de la transmission des valeurs. Claire Pimparé n’est pas une psychologue de l’enfance et la piste de solution émise («tout enfant mérite un parent qui fait de son mieux, la perfection n’existe pas, on apprend de nos erreurs et il n’est jamais trop tard pour les réparer») n’apporte rien de neuf. Mais c’est justement cette absence de prétention qui interpellera les parents inquiets de savoir s’ils sont suffisamment outillés pour élever leur progéniture. Heureusement, il appert que la plupart le sont. Nous voilà rassurés.

Bibliographie :
Violence entre enfants. Casse-tête pour les parents, Diane Prud’homme, Du remue-ménage, 222 p., 21,95$
Ces parents que tout enfant est en droit d’avoir, Claire Pimparé, Un monde différent, 204 p., 22,95$

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