La littérature pour adolescents a de multiples facettes, mais qu’on soit dans le roman miroir ou le roman de genre, dans un ouvrage de science-fiction, dans un univers fantastique ou dans une sombre histoire de meurtre, elle met généralement en scène des personnages qui sont eux-mêmes des ados. Et là est le danger. Parce que les lecteurs de ce type de livres sont très critiques quand ils décortiquent la façon dont ils sont représentés : la ligne est mince entre le « wow, on dirait que c’est moi » et le « mais c’est juste des clichés! », et encore plus quand vient le temps d’analyser la langue orale rendue dans les livres, les modes lexicales se succédant à un rythme effréné dans les écoles secondaires. Comment, dès lors, faire en sorte que les adolescents se reconnaissent dans les romans qui les visent?

La littérature pour adolescents a de multiples facettes, mais qu’on soit dans le roman miroir ou le roman de genre, dans un ouvrage de science-fiction, dans un univers fantastique ou dans une sombre histoire de meurtre, elle met généralement en scène des personnages qui sont eux-mêmes des ados. Et là est le danger. Parce que les lecteurs de ce type de livres sont très critiques quand ils décortiquent la façon dont ils sont représentés : la ligne est mince entre le « wow, on dirait que c’est moi » et le « mais c’est juste des clichés! », et encore plus quand vient le temps d’analyser la langue orale rendue dans les livres, les modes lexicales se succédant à un rythme effréné dans les écoles secondaires. Comment, dès lors, faire en sorte que les adolescents se reconnaissent dans les romans qui les visent?

L’adolescence étant vécue différemment par chaque individu, il est impossible que tous puissent s’identifier aux personnages, mais on peut faire ressortir des traits caractéristiques de l’âge. Dans Kilan, nouveauté d’Yves Trottier publiée aux éditions Les Malins, c’est l’impulsivité du héros qui est mise de l’avant.

Banni de l’Olympe en raison de son caractère pour le moins bouillant, Kilan doit montrer à Zeus qu’il se maîtrise et prouver sa valeur en luttant contre les forces du chaos. D’abord seul avec sa chouette, Minerve, le garçon croise rapidement la route d’Alézia, petite fille que son père, le roi Euric, a voulu sauver de la mort en sacrifiant son oncle à Chronos à la suite des recommandations de son oracle. Le Dieu a toutefois eu l’impression d’être floué et a envoyé ses sbires à la poursuite de l’enfant, déréglant par ailleurs complètement les cycles des jours et des saisons. Sur le chemin de Kilan se trouvent aussi les jumeaux Tok et Pok, deux cyclopes qui voient en lui une source de rançon potentielle. Essayant de les raisonner et d’aider Alézia à échapper aux monstres qui sont à sa poursuite, Kilan réalise que rétablir l’équilibre dans le monde est une excellente façon de prouver à Zeus sa valeur… mais encore faut-il que l’adolescent survive et qu’il arrive à maîtriser son caractère.

Misant sur l’action, les suspenses en fin de chapitre et l’humour, Yves Trottier a aussi su concevoir un personnage principal authentique, en lequel plusieurs reconnaîtront leur difficulté à parfois maîtriser des réactions impulsives pouvant leur créer des ennuis. C’est d’ailleurs en s’inspirant de son propre caractère à l’adolescence que l’auteur a bâti son personnage : tout comme Kilan, il faisait preuve d’une fougue qui le servait et lui nuisait en même temps.

Cette fougue anime aussi les sept personnages principaux formant l’escouade intergalactique d’Aurora Squad, qu’on trouve dans un récit d’aventures relevé qui se déroule en 2380. Ce qui ne devait être qu’un petit tour dans l’espace la veille du choix des équipes chamboule le destin de Tyler, meilleur chef d’équipe de sa promotion. Alors qu’il devait pouvoir sélectionner en premier les membres de son escadron parmi la fine fleur des finissants de l’école, il est retardé par la découverte d’un vaisseau disparu et le sauvetage d’Auri, seule survivante, cryogénéisée pendant 200 ans. C’est ainsi qu’il se retrouve avec une équipe d’antihéros par excellence, tous très doués dans leur domaine, oui, mais considérés aussi comme des ratés par les autres en raison de leur caractère pour le moins étrange, de leur origine ou encore de leur condition physique. Ce sera pourtant le groupe parfait pour affronter les ennuis pointant à l’horizon, lorsque la rescapée s’avère recherchée par des Terriens qui ne font pas dans la dentelle et que l’escadron se voit obligé de fuir s’il ne veut pas être anéanti.

Alors que les péripéties s’enchaînent sans laisser au lecteur le temps de reprendre son souffle, l’efficace duo d’auteurs formé par Amie Kaufman et Jay Kristoff saupoudre le texte de passages qui ancrent bien les personnages dans l’adolescence. Que ce soit leur dégaine de façon générale, les répliques dramatiques et intenses, la forme des relations qui se créent ou encore les références à la sexualité, l’univers très « jeunes adultes » encadrant l’intrigue fonctionne très bien, et on accroche au récit, notamment grâce à l’humour mordant dont les auteurs font usage.

Il s’agit là d’une caractéristique qui est aussi importante pour Karine Glorieux, autrice québécoise faisant ses premiers pas en littérature ado. Celle qui vit avec trois adolescents rend particulièrement bien la réalité propre à cet âge dans le premier tome de la série Mutants, laquelle parle des transformations qu’on peut subir à l’adolescence, mais dans un angle pour le moins fantastique. En effet, Lou et Théodore ne voient pas leur corps simplement évoluer sous l’effet des hormones; ils se transforment beaucoup plus profondément. Alors que la première développe une passion pour les vidéos de chats et le lait, s’endort partout, gagne en agilité et se met à produire un drôle de bruit de gorge quand elle se sent bien et apaisée, Théodore, lui, adopte un style de vie nocturne, voit des plumes apparaître dans son cou et arrive maintenant à tourner sa tête à 180 degrés. Que se passe-t-il? Qu’est-ce que ces mutations indiquent et impliquent?

Entre récit fantastique et description du quotidien, Karine Glorieux est arrivée à créer des personnages auxquels on croit, notamment parce que leurs références et leur regard sur la vie ressemblent à ceux des lecteurs qui lisent leurs aventures. « J’aurais voulu que le temps s’arrête. Mais le temps, c’est comme les vidéos sur YouTube : une fois parti, ça n’arrête jamais. » L’autrice ne passe pas par la langue orale, mais bien par des références efficaces qui ancrent le récit dans le monde actuel. En effet, comme le disent ses trois enfants, le maître mot pour les auteurs pour ados devrait être : « N’essaie pas trop, ça va avoir l’air faux! »

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