Dans ma vie de lectrice boulimique, les livres ne sont jamais en compétition avec le beau temps. Il fait soleil? Une excellente occasion d’aller lire sur la chaise longue. On va faire un pique-nique au parc? Surtout, ne pas oublier mon livre en cours afin de profiter d’un moment plus calme. Toutefois, je sais que ce n’est pas le cas de tous les lecteurs… C’est pourquoi j’avais envie de vous présenter quelques perles qui titilleront votre curiosité, même quand les vacances pointent le bout de leur nez, des livres particulièrement attirants, dans la forme et dans le fond, de ceux auxquels il est difficile, voire impossible, de résister.

Tout d’abord, il faut découvrir la nouvelle collection de leporellos, des livres qui se déplient comme des accordéons, parue aux 400 coups. L’auteure Mélanie Perreault était animée d’un désir de voir le livre autrement, de le sortir de son cadre habituel et l’idée du leporello s’est imposée à elle. Elle signe donc les deux premiers titres de la collection, chaque fois accompagnés d’un illustrateur différent. Dans la jungle amazonienne, il y a… a été illustré par Marion Arbona et entraîne son lecteur de jour d’un côté, de nuit de l’autre, à la rencontre de ses animaux et de ses oiseaux exotiques. Dans un immeuble, il y a… est quant à lui illustré par le prolifique Guillaume Perreault et alterne encore entre le jour et la nuit, mais aussi entre l’extérieur et l’intérieur. L’illustrateur s’est vraiment amusé dans les détails de cet immeuble : il faut regarder dans les arbres, sous les planchers, observer comment les objets sont utilisés dans les deux cas. Cette alternance permet en outre de voir se créer sous nos yeux une multitude de petits récits avec les différents personnages, dont des jumelles rousses qui semblent avoir un potentiel pour faire d’impressionnants mauvais coups! En fait, Dans mon immeuble, il y a…est un véritable « cherche et trouve ». Le lecteur continue de découvrir des détails au fil des lectures. D’ailleurs, si vous regardez bien, vous pourriez même apercevoir le facteur de l’espace, personnage tiré de la bande dessinée de Guillaume Perreault!

Chez Les Malins, c’est le duo Marianne Ferrer, qui a elle-même publié un leporello l’an passé chez Monsieur Ed, et Stéphanie Lapointe qui propose un livre-objet particulièrement intéressant, le premier tome de la série « Fanny Cloutier ». Véritable œuvre d’art, ce livre allie l’histoire riche d’une adolescente qui découvre sa famille le jour où son père part pour le Japon (sa tante Lorette de Sainte-Lorette et la famille de cette dernière), ainsi que quelques secrets qui ont été jusque-là bien enfouis, et un travail d’orfèvre côté visuel. Fanny Cloutier dit qu’elle s’exprime autant par le dessin que par les mots et c’est ce qu’on retrouve dans ce livre, alors que les pages sont recouvertes d’illustrations et qu’une foule de petits ajouts viennent ponctuer le récit : une feuille transparente, des lettres à déplier, des perles de poésie. D’ailleurs, pour faciliter la lecture des dialogues sans les alourdir d’incises, chaque personnage principal a sa couleur, un petit ajout fort sympathique.

Cette idée des couleurs associées aux différents personnages a aussi été utilisée par Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo dans leur nouvel album, Le monstre est de retour, paru chez Gallimard. Véritable pépite (mais en attendait-on moins du célèbre duo?), cet album prend l’enfant à partie, kidnappant son lecteur pour l’entraîner de force dans le récit. En effet, les souris du livre sont terrifiées par un monstre gigantesque et probablement méchant… qui n’est nul autre que l’enfant. On brouille ici les perspectives : le petit lecteur est le grand, le monstre, ce qui ne pourra que l’amuser! Au fil des pages, les souris essaient de l’approcher, de le faire parler… tout en restant sur leurs gardes, jusqu’à la finale, parfaite.

Encore une fois, les mots d’Escoffier sont appuyés par les illustrations de Di Giacomo, qui utilise des teintes sobres, mais s’amuse avec les détails, entre autres les expressions de peur, hilarantes. Par ailleurs, cette idée de couleurs pour chacun des personnages permet au lecteur de jouer les rôles, faisant de ce livre un parfait compagnon pour une lecture théâtrale!

Finalement, si le dernier roman de Sandra Dussault, Le programme, n’est pas un objet visuellement attirant au même titre que les autres livres mentionnés dans cette chronique, je mets au défi le lecteur d’arrêter sa lecture une fois les premiers chapitres amorcés. Quand il vole une voiture pour fuir la scène de crime où il a laissé son beau-père, mort, Victor ne sait pas où aller. C’est au fil des obstacles qu’il se retrouve dans un champ, perdant la maîtrise de son véhicule. Deux garçons le rejoignent alors et lui souhaitent la bienvenue, comme s’ils l’attendaient. Et c’est ainsi que Victor intègre un étrange village peuplé d’adolescents bizarres, souvent violents, et dont les règles sont nébuleuses. Tout ce que Victor comprend, c’est qu’ils sont tous des meurtriers, et qu’ils doivent habiter ce village jusqu’à leurs 18 ans. Et après? Seul Chef le sait…

Alors, tentés? Lequel de ces titres amènerez-vous sur la plage? Lequel occupera vos journées pluvieuses? Après tout, des journées plus longues signifient aussi encore plus d’heures de lecture… Bon été!

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