Éloge de la différence

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Sans vouloir parler de tendance, on peut affirmer sans trop se tromper que tout ce qui est différent a actuellement la cote, et c’est tant mieux. Car où trouver un peu de réconfort quand on se sent seul au monde avec sa différence? Heureusement, le cinéma, la télé et les livres proposent des œuvres qui font l’éloge de la diversité. La littérature jeunesse n’est pas en reste, comme le montrent ces trois albums.

Deux handicapés et une union
Depuis qu’elle est petite, Florence souffre d’un problème aux poumons. Depuis qu’il est petit, Léon souffre d’un problème de vision. Devenus grands, Florence enseigne la natation tandis que Léon est agent d’assurance. Ils ne se connaissent pas, mais un jour, ils trébuchent l’un contre l’autre. Léon se confond en excuses : « J’ai de petits problèmes aux yeux! » confie-t-il à Florence. « Eh bien, moi, j’ai de petits problèmes aux poumons! » répond-elle. Voilà, leur rencontre est honnête : ils ont révélé leur handicap avant leur nom.

Au café du coin, ils se dévoilent : le champ de vision de Léon est si étroit qu’il est comparable à ce qu’on aperçoit quand on regarde à travers une paille. Mais son ouïe et son odorat sont très aiguisés. Les poumons de Florence travaillent si fort qu’elle a l’impression de respirer dans une paille. De plus, elle a constamment les oreilles bouchées à cause de l’eau de la piscine. Mais ses yeux sont en parfait état. La suite est naturelle : se sentant en sécurité en compagnie l’un de l’autre, Florence devient les yeux de Léon et Léon, les oreilles de Florence.

C’est avec une grande tendresse que Simon Boulerice aborde la différence dans l’album Florence et Léon. Joliment illustrée par Delphie Côté-Lacroix, l’histoire met certes en scène deux êtres devenus adultes, mais elle saura toucher les jeunes lecteurs puisque l’auteur a pris soin d’évoquer l’enfance pas toujours heureuse des protagonistes, surtout celle de Léon, victime d’intimidation à cause de sa mauvaise vision. Grâce à son message d’espoir, cette histoire enseigne également aux enfants que les différences, quelles qu’elles soient, peuvent souvent se transformer en grandes forces.

Deux garçons et un mariage
Signé Andrée Poulin et illustré par Marie Lafrance dans des tons dominés par le bleu, Deux garçons et un secret met en vedette Émile et Mathis. Partageant leurs jeux et leurs collations, les deux garçons sont également unis par l’amour. Et puisqu’ils s’aiment et qu’Émile a trouvé une bague dans un carré de sable, il y aura mariage! Sous le grand érable, en compagnie de leurs amis, Émile et Mathis jurent être le plus meilleur ami de l’autre et promettent d’habiter dans la même maison lorsqu’ils seront grands.

Une fête suit et si l’amour des deux garçons est célébré par tous les enfants, il est loin d’être accepté par les parents d’Émile. « Ne dis pas de bêtises, Émile. Un gars ne se marie pas avec un gars. Ça ne se fait pas », répond le papa d’Émile après que son fils lui a annoncé avoir épousé Mathis. Triste, Émile n’a plus le goût de rien. Il doit se démarier. Par chance, il trouve une consolation dans les paroles de Marianne qui affirme que les parents se trompent parfois et que ce ne sont pas tous les adultes qui pensent comme son père. Émile a alors une super idée : lui et Mathis porteront leur bague à leur cou, sur un ruban. Ce sera leur secret, jusqu’à ce qu’ils soient grands…

Parce que de plus en plus de personnes affichent leur homosexualité, on croit que l’amour entre deux êtres de même sexe est devenu un sujet banal. Or il reste beaucoup d’éducation à faire pour changer les mentalités, comme en témoigne la réaction du père d’Émile. Évidemment, les lecteurs ouverts à la diversité accueilleront cet album avec joie et salueront même son audace. Les autres pourront réfléchir à cette réplique toute simple de Marianne : « Émile et Mathis s’aiment. Donc, ils ont le droit de se marier! »

Un garçon et une robe
Boris est un garçon enjoué qui aime peindre et chanter très fort. Mais ce qu’il préfère par-dessus tout, c’est se déguiser. Il adore porter une robe orange qui fait frou, frou, frou. Sa couleur lui rappelle les tigres, le soleil et la chevelure de sa mère. Avec cette robe, il porte des souliers à talons hauts qui font tic, tic, tic quand il marche. Boris aime aussi mettre de la couleur sur ses ongles.

Bien entendu, le jeune héros est victime de moqueries. On lui dit que les garçons ne portent pas de robe et les élèves masculins le fuient de peur qu’il leur transmette un virus qui les transformerait en filles. Évidemment, il n’est pas le bienvenu dans le vaisseau spatial que ses camarades de classe ont construit. « Les astronautes ne portent pas de robe! » Qu’à cela ne tienne : Boris construit son propre vaisseau et, grâce à son imagination débordante, il se fait de nouveaux amis qui n’en ont rien à faire de sa robe. Tout ce qu’ils veulent, c’est vivre de belles aventures!

Boris Brindamour et la robe orange est un album touchant qui amène le lecteur à vivre toute une gamme d’émotions allant de la joie à la tristesse en passant par la fierté. Joie de voir Boris si heureux de se pavaner. Tristesse de le découvrir abattu par les commentaires de ses camarades de classe. Et fierté de le voir reprendre confiance en lui et de s’affirmer quand il réplique à une fillette qui défend que les garçons ne portent pas de robe : « Moi, je suis un garçon qui en porte ». Le texte de Christine Baldacchino, tout en subtilité, est supporté par les couleurs chaudes d’Isabelle Malenfant.

Trois histoires, ni moralisatrices ni donneuses de leçon, pour permettre aux enfants d’apprivoiser leurs différences : voilà qui donne de l’espoir!

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