Camping sauvage

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Mon initiation au camping s’est effectuée lorsque j’étais enfant. Après avoir passé quelques semaines d’été au chic camping Caravelle dans une tente-roulotte que mes parents avaient achetée afin qu’on sorte de la ville, je me suis retrouvée chez les jeannettes puis chez les guides. Huit ans de scoutisme, ça veut dire un camp d’hiver et un camp d’été par année. Chez les guides, j’étais membre de la 35e compagnie de St-Laurent et j’ai véritablement tripé au fin fond des bois. Pendant deux semaines, les guides dont je faisais partie fabriquaient lits, supports à vaisselle et sèche-linge. Et parce que nos animateurs étaient des amants de littérature, nos deux semaines avaient pour thème des aventures à la Alexandre Dumas, Agatha Christie ou encore Maurice Leblanc. Notre compagnie était vraiment cool!

Camping excitant
Aujourd’hui, je l’avoue, je suis trop attachée à mon petit confort pour partir dans le bois afin de passer quelques jours à manger des aliments à moitié cuits sur le feu et à aller faire mes besoins dans la terre. Mais il y en a pour qui c’est une véritable partie de plaisir! Et parmi ceux-ci, il y a Léo et son frère.

C’est l’été et les deux frérots partent camper dans la forêt avec leurs parents. Pendant leur fin de semaine de camping, ils se livrent à une bataille de pommes de pin, à une exploration de la forêt et à une baignade dans un lac. Ils ont aussi droit à la visite d’un raton laveur, aux guimauves grillées sur le feu et à une invasion de maringouins. Bref, les héros de l’album Le camping, quelle aventure! goûtent à tous les classiques du camping.

Si l’histoire de Léo demeure traditionnelle, on prend plaisir à regarder le texte qui serpente sur les pages ainsi que les illustrations qui offrent des détails cocasses à observer : la tente qui s’écroule, le sauveteur super musclé du lac, le raton laveur qui s’enfuit avec la culotte de Léo et la mère qui voit un héros en son mari parce qu’il a réussi à allumer le feu de camp. On aime également le rythme rapide de l’intrigue. Non seulement ce rythme donne l’impression que l’histoire se déroule à la vitesse de l’éclair, mais il illustre bien l’excitation et la perception des deux enfants qui trouvent que leur fin de semaine passe bien trop rapidement. D’ailleurs, l’histoire se termine sur cette phrase prononcée par Léo : « Je serais bien resté ici tout l’été! »

Camping réconfortant
Si les joies du camping ont conquis Léo dans Le camping, quelle aventure!, elles charment également Émile dans Émile en vacances.

Alors que son père lui a promis de l’emmener passer une journée au « nouveau méga-hyper-géant parc d’attractions » auquel il a rêvé toute l’année, Émile est méga-hyper-géant déçu lorsque son papa lui annonce que le projet ne fonctionnera pas. Bye bye les manèges, les jeux d’eau et les feux d’artifice à la fin de la soirée. À la place, il propose à son fils une autre idée, « Quelque chose de plus amusant et qui dure plus longtemps » : une fin de semaine de camping. Émile se met à bouder. Sur la route, alors que son père tente de le faire rire, Émile boude. Quand il marche dans la forêt avec son papa, Émile boude.

Mais rapidement, Émile s’émerveille devant les animaux. Il engloutit aussi avec plaisir des tonnes de saucisses qu’il fait lui-même griller sur le feu. Il n’assiste pas à un feu d’artifice, mais il est ébahi de voir les étoiles filantes dans le ciel. Il ne monte pas dans des montagnes russes, mais il pousse des cris de joie quand son embarcation est soulevée par les vagues de la rivière. Il ne visite pas de maison hantée, mais il frissonne quand son papa lui raconte des histoires de sorcières. Si Émile est méga-hyper-géant déçu avant de partir en forêt, il est méga-hyper-géant content à la fin de son séjour. À tel point que lorsque son père lui dit qu’il se reprendra l’an prochain et qu’ils iront au parc d’attractions, Émile se remet à bouder : « L’été prochain, je veux revenir ici. J’ai passé les plus belles vacances de ma vie. »

Gaiement illustré, cet album passe des couleurs « bonbon » des parcs d’attractions à celles plus « nature » de la forêt. Alors qu’Émile boude et ne parle jamais, sauf à la toute fin, ses yeux et sa bouche s’expriment très franchement. Tout comme l’album précédent, Émile en vacances fourmille de détails qui font sourire : les ratons qui s’empiffrent de guimauves, les saumons qui remontent la rivière, les aurores boréales qui dansent dans le ciel et les arbres hantés de la forêt. En ce sens, l’illustrateur est allé plus loin que le texte qui, soit dit en passant, est fort agréable à lire.

Bizzzzzzzzz
Quand j’étais dans les guides, les maringouins arrêtaient de nous dévorer dès que nous commencions à sentir la nature, c’est-à-dire après trois ou quatre jours sans se laver, se shampouiner et se désodoriser. C’est inévitable : qui dit camping dit moustique.

Cet insecte fatigant pour bien des gens est le héros de l’album qui porte son nom, Le moustique. Surnommé Zipo, le moustique vient d’entrer dans la maison et le narrateur somme le lecteur de chasser l’indésirable : « Vite, il faut le taper avant qu’il ne s’envole! » Rapidement, on se prend au jeu et on tape dans le livre. On rate notre coup alors on retape et on rate encore. Voilà que Zipo se dépose sur le bras de papa qu’on frappe fort, mais zut!, Zipo est toujours en vie. Enfin, il se dépose dans le livre : vite, il faut le fermer d’un coup sec. Ah! On l’a eu!

Cet album ludique au style dépouillé et au maringouin provocant charmera les petits mais aussi les grands lecteurs qui savent que les moustiques aiment aussi les belles soirées d’été et les escapades en forêt. Bonnes vacances!

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