Trois belles trouvailles

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Je n’ai pas moins de trois belles trouvailles à vous proposer, cette fois : pas de temps à perdre, donc je plonge immédiatement dans le vif des sujets.

Le cerveau
Vous le savez comme moi : les recherches sur le cerveau humain, qui sont très nombreuses et parfois richement subventionnées, constituent une des plus exaltantes aventures intellectuelles de notre époque. Cette médaille a toutefois son revers, à savoir que certains invoquent le cerveau à tout propos, espérant donner par là une légitimité scientifique à une pratique, à un champ de recherche et ainsi de suite. Neuromartketing, neuroéducation, neurothéologie et autres neuro- ceci et cela : que de maux ont-ils répandus sous couvert de connaissances du cerveau supposément établies!

Le citoyen lambda se sent parfois dépourvu devant tout cela, d’autant que sa connaissance scolaire de cet extraordinaire objet non seulement date d’il y a quelques années et est parfois largement oubliée, mais aussi parce que ce qu’on sait du cerveau humain et des quelque 86 milliards de neurones qui le composent progresse sans cesse et à grande vitesse. Ainsi, ce qu’on a appris il y a seulement vingt ans appartient déjà à l’enfance des neurosciences.

C3RV34U, un bel ouvrage tiré d’une exposition présentée à la Cité des sciences et de l’Industrie de Paris et publié sous la direction de l’éminent chercheur Stanislas Dehaene, arrive donc à point nommé. Il est pour les néophytes l’occasion d’une riche, mais aussi ludique, mise à jour de leurs connaissances. Très richement illustré, il se décline en trois sections respectivement consacrées aux grands principes du cerveau, au cerveau qui apprend, et au cerveau en activité. On y trouve aussi un lexique, des encadrés et une foisonnante bibliographie. Pour vous mettre l’eau à la bouche, saviez-vous que les prolongements fonctionnels des neurones, les axones, peuvent dépasser un mètre de longueur chez l’humain? Que certaines des informations qui y circulent le font si rapidement que l’influx nerveux, de nature électrique, se déplace à des vitesses allant de 0, 7 à 430 km à l’heure — « selon le diamètre de l’axone et surtout qu’il est ou non recouvert d’une graine isolante, la myéline »?

Vous l’avez compris : j’ai beaucoup aimé ce livre et le consulterai sans aucun doute souvent à l’avenir. J’ai malgré tout deux petites déceptions à formuler. La première est qu’un ouvrage de cette qualité ne propose pas un index. La deuxième que la section sur le problème philosophique de la conscience ne rende justice ni aux travaux menés sur la question en philosophie de l’esprit, notamment dans le monde anglo-saxon, ni à la complexité inouïe de cette question, qui fait que l’on a de bonnes raisons de douter qu’une explication biologiste de la conscience soit à portée de main… ou de cerveau.

Quartiers disparus
De 2011 à 2013, le Centre d’histoire de Montréal a présenté une exposition intitulée Quartiers disparus. Le beau livre que je vous propose en est tiré. Ces quartiers disparus dont il est question sont le Red Light, le Faubourg à m’lasse et Goose Village (ou Victoriatown), tous en partie ou totalement (pour ce qui est de Goose Village) emportés dans la fièvre de modernisation qui frappe Montréal et le Québec de la fin des années 50 et durant les années 60, lors de la Révolution tranquille. Ces quartiers sont alors perçus comme « vétustes et délabrés par des penseurs et des intervenants municipaux qui ont fait de la lutte aux taudis une véritable croisade. S’y ajoutait une préoccupation plus large de rénovation urbaine qui visait à réaménager le territoire afin de favoriser l’essor d’un centre-ville moderne ».

Le livre propose un grand nombre de belles photographies accompagnées de témoignages de personnes ayant habité ces quartiers. Ils feront sans doute naître une certaine nostalgie chez plusieurs et découvrir un monde disparu aux autres, un monde à la fois proche et lointain, étrange et familier. Voilà un beau livre à laisser traîner sur la table du salon…

L’actualité sous le délicat scalpel de la satire
Sur un ton plus léger, mais ô combien drôle, je vous suggère cette manière de revue de l’année 2014 que propose la publication en ligne Le Navet, dans un ouvrage imprimé éponyme qui réunit des textes parus sur son site (lenavet.ca). Plus de 100 pages de joyeux délire, joliment illustrées par Pauline Stive. Des exemples? « Changements climatiques. Les pays réunis à Varsovie acceptent de ne pas détruire la vie sur Terre d’ici l’an prochain », « Aux urnes citoyens. Jour de scrutin : des québécois frappés de psychose convaincus que leur vote est important », et encore : « Budget. “Il faut se serrer la ceinture”, prévient Québec en subventionnant le Grand Prix pendant dix ans ».

Les textes que coiffent ces titres sont à l’avenant et on ne s’ennuie pas! Je ne résiste d’ailleurs pas à vous en donner un échantillon. Sous le chapeau : « Québec solidaire dévoile une équipe composée “presque entièrement” de gens détenant un compte en banque », les auteurs écrivent : « La formation de gauche Québec solidaire a dévoilé son équipe économique ce matin en mettant l’accent sur le fait que “la plupart” de ses candidats sont titulaires d’un compte en banque, ont signé un bail en bonne et due forme ou, à tout le moins, possèdent un numéro de téléphone où l’on peut les joindre “pas mal n’importe quand” ».

Je fais le pari que même Amir Khadir et Françoise David esquisseront un sourire!

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