De l’espoir pour les diabétiques

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De plus en plus de gens qui ne soupçonnaient rien reçoivent de leur médecin la terrible nouvelle : « Vous souffrez du diabète (de type 1 ou de type 2) ». Et de plus en plus de gens encore, on peut le craindre, la recevront.

C’est que, comme le rappelle avec chiffres à l’appui le docteur François Reeves en préface au livre de Normand Mousseau, Comment se débarrasser du diabète de type 2 sans chirurgie ni médicament, le nombre de diabétiques dans notre monde industriel est en hausse fulgurante. L’obésité est un facteur majeur expliquant cette triste prévalence qui a de nombreuses causes parmi lesquelles des déterminants sociaux et économiques de la santé, comme la malbouffe, la pauvreté et une certaine culture de l’alimentation.

Normand Mousseau, physicien rattaché à l’Université de Montréal, est – ses travaux le prouvent sans laisser de place au doute – un homme sérieux et brillant. Il est aussi un esprit curieux, et quand en mai 2013 il reçoit son terrible diagnostic (diabète de type 2) – sans l’attendre, comme beaucoup, tant cette maladie est sournoise –, il entreprend d’étudier soigneusement l’ennemi.

Deux ans plus tard, il est débarrassé de la maladie. Comment y est-il parvenu?

C’est ce qu’il raconte dans ce livre percutant, qui pourra contribuer à lutter contre un mal aussi terrible que coûteux.

La stratégie Mousseau
Outre cet espoir qu’il apporte aux diabétiques, un des grands mérites de l’ouvrage est de leur présenter de manière claire et pédagogique une masse considérable de précieuses informations sur leur maladie. Sa riche bibliographie comprend d’ailleurs des dizaines de titres.

Ce qu’est le diabète, ses causes, ses effets, son évolution sont présentés en première partie de l’ouvrage, avant d’en arriver (deuxième partie) à la manière de vivre avec lui et d’éventuellement le maîtriser.

Mousseau se penche ensuite sur l’échec manifeste des stratégies actuellement déployées pour prévenir et gérer l’épidémie (troisième partie), avant d’examiner les solutions possibles pour guérir le diabète, dont la chirurgie bariatrique.

Mousseau a lu un article publié en 2011 par Roy Taylor dans une revue scientifique, article dans lequel on rapporte une étude menée sur un petit groupe de patients qui ont obtenu la « rémission de cette maladie en reproduisant les effets de l’opération de dérivation gastrique par une alimentation fortement réduite en calories ». Plus précisément, ces personnes ont mangé « un maximum de 700 kcal/jour en s’assurant de boire au moins deux litres d’eau et d’inclure 200 grammes de légumes dans l’alimentation afin de préserver l’apport en fibres et en liquide ».

Ce résultat a une explication scientifique plausible qui concerne le rôle des cellules bêta pancréatiques dans la production d’insuline : on croyait leur dégénérescence (et donc la progression du diabète) inéluctable. Elle ne le serait pas. Ce que cette étude montre, concrètement, c’est « qu’un régime strict peut non seulement réduire la glycémie, mais aussi avoir un effet positif sur les causes physiologiques du diabète, exploit remarquable qui indique que le diabète est réversible sans médicament ni intervention chirurgicale ».

C’est là une nouvelle extraordinaire et Mousseau se demande, avec raison, pourquoi on n’en a pas fait plus état, pourquoi elle est « presque ignorée par la communauté médicale » et pourquoi il n’en est pas plus tenu compte dans la gestion de cette coûteuse maladie aux si terribles effets. Il suggère notamment que le résultat obtenu « est une approche trop simple et trop économique pour plaire à l’industrie pharmaceutique et au lobby du diabète ».

Mousseau tente l’expérience sur lui-même à compter d’avril 2014 et, comme vous le savez, il est aujourd’hui débarrassé de son diabète. Il écrit : « En septembre 2014, ne pesant plus que 166 livres [il en pesait 225 au diagnostic], j’ai reçu la confirmation de la part de mon médecin : ma glycémie à jeun était maintenant de 6,0 mmol/l, et mon taux d’HbA1c, de 5,5%, et ce, sans aucune médication, alors que quatorze mois plus tôt, avec un diabète avancé, ma glycémie à jeun était de 4,5 mml/l, et mon taux d’HbA1c, de plus de 10%. Officiellement, je n’étais plus diabétique ni même pré-diabétique! »

Des questions pratiques et théoriques
Mousseau donne quantité de conseils et de trucs pratiques pour aider qui le voudra à suivre son exemple, qui comprend aussi de l’activité physique. Vous vous êtes par exemple sûrement demandé à quoi peut ressembler un régime de 600 calories (600! C’est ce qu’a pratiqué Mousseau) quotidiennes et comment on parvient à le suivre. Voici des exemples de journées si peu caloriques : « Jour 1 :Céréales riches en fibres. Lait. Demi-banane. Soupe aux lentilles. Pomme. Aiglefin à la sauge (au four). Légumes. Orange; Jour 2 :Yaourt grec sans gras avec amandes grillées et quelques raisins secs. Hoummos et légumes crus. Framboises. Mijoté de bœuf (maigre) en sauce tomate. Légumes. Fraises. »

Des questions théoriques restent bien entendu posées. Mousseau ne les esquive pas. Ce résultat durera-t-il? Peut-on l’espérer si on est depuis longtemps diabétique? Quels risques sont associés à un tel régime? Qui est capable de le suivre?

D’autres viennent à l’esprit. Le docteur Alain Vadeboncœur, sur les ondes d’ICI Radio-Canada, se demandait ainsi s’il est légitime de parler de guérison. Je n’ai aucune compétence pour me prononcer sur ce sujet. Je noterai simplement qu’en réponse à mes questions, le Dr Vadeboncœur, que je remercie, m’a écrit ceci : « L’efficacité ne se mesure pas seulement en termes de marqueurs glycémiques et autres, mais surtout en termes cliniques. Seule une grande étude à long terme, randomisée et mesurée sur l’intention de traitement (parce qu’une telle diète peut être très difficile à suivre), et mesurant des points d’aboutissements significatifs (complications du diabète, événements aigus comme infarctus, longévité, etc.), peut permettre une conclusion. C’est cette étude qui est en cours en Grande-Bretagne par le chercheur cité par Mousseau. »

Quoi qu’il en soit, voici un livre à lire pour quiconque s’intéresse à la question, particulièrement si vous vous intéressez au diabète parce que vous en souffrez.

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