Québec (ra)contée

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Les fondations de Québec ne sont pas que pierres; son histoire s’érige aussi à coups de contes et de légendes fantastiques, évocatrices d’une immensité territoriale balayée par les vents fous d’hiver, peuplée d’hommes et de femmes besogneux, craignant également Dieu et Diable, mais qui font preuve d’audace quand sonne l’heure de danser!

Évoquant, dans sa présentation de Contes, légendes et récits de la région de Québec (Trois-Pistoles, 764 p., 75$), le riche corpus littéraire dans lequel ses collègues et lui ont effectué leurs recherches, Aurélien Boivin, professeur et chercheur à l’Université Laval, soutient qu’«on a beau prétendre que notre littérature est jeune, elle compte déjà plus de quatre siècles d’existence». Cet ouvrage titanesque ratisse large et se révèle passionnant. M. Boivin y livre ses définitions des genres du conte et de la légende qui, selon le critique canadien Northrop Frye (1912-1991), sont entre autres caractérisés par l’epos, soit «par le fait que l’auteur, le ménestrel ou le récitant parle en son nom comme s’il s’adressait à un auditoire lui faisant face» ou qui fait cercle autour de lui. Ajoutons à cela que ces deux formes d’histoires sont faites pour être «dites» devant public, ce qui n’est pas le cas du récit, davantage associé à la nouvelle, une forme plus littéraire. Classiques et perles rarissimes datant de la colonisation ou du Québec moderne et parlant de la Vieille Capitale et de ses agglomérations avoisinantes, comme L’Ancienne-Lorette et Château-Richer, se côtoient dans cet ouvrage d’une grande richesse, qui s’impose d’ores et déjà comme une référence dans le domaine.

Dans un registre nettement plus illustré, Le Québec en contes et légendes (Modus Vivendi, 232 p., 29,95$), de Michel Savage et Germaine Adolphe, recense soixante-cinq textes qui plairont aux petits comme aux grands. Son format à l’italienne et l’abondance de belles images en quadrichromie signées Marc Mongeau rendent sa consultation particulièrement plaisante. On y retrouve les textes les plus populaires et des textes inédits inspirés de faits historiques. La plupart d’entre eux ont été retouchés pour «mieux captiver le lecteur d’aujourd’hui». Ici, l’objectif n’est donc pas de reproduire les versions originales ou les plus connues du grand public; les auteurs ont voulu créer une œuvre à part entière, «une invitation à la découverte de ce merveilleux espace qu’est le Québec».

Milan Jeunesse réédite Mille ans de contes Québec (Collectif, 384 p., 36,95$). Il s’agit d’une initiation à notre folklore s’adressant aux enfants de 3 à 8 ans, émaillée de superbes illustrations et présentée par la romancière québécoise, Cécile Gagnon. On y trouve de tout, des légendes amérindiennes aux histoires d’animaux en passant par les aventures du Père Noël! Les parents apprécieront le classement, séparés par tranche d’âge et par temps de lecture requis pour chacun des textes — pratique à l’heure du dodo! Un index recensant les personnages (caribou, géant, lutin, ours, père, sorcier, etc.) ajoute, si on le désire, une touche thématique à la lecture.

Mais le folklore de Québec et de la Belle Province ne se limite pas qu’à ces trois ouvrages. Pensons, par exemple, aux écrits de Jacques Ferron, Rodolphe Girard et Germaine Guèvremont, disponibles en format de poche dans La Bibliothèque québécoise ou, pour les jeunes de 10 ans et plus, à la chouette collection Korrigan des Éditions de l’Isatis qui, bien que publiant des contes et des légendes du monde entier, fait la part belle aux œuvres d’ici (La Demoiselle oubliée, La Dame blanche).

Bien plus qu’une mosaïque d’histoires de revenants, de loups-garous, de crimes odieux à la Corriveau, d’amours déçues et de jeunes femmes envoûtées par le Malin, les contes et les légendes qui constituent notre fabuleux folklore nous permettent, d’en apprendre plus sur les us et coutumes de nos ancêtres et de tirer, au passage, quelques leçons du passé.

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