Hayao Miyazaki, c’est l’un des cofondateurs du célèbre studio d’animation Ghibli. Mangaka réputé, dessinateur, réalisateur et producteur vénéré, celui qui a tiré sa révérence du monde de l’animation en 2014 aura transporté son art au-delà des frontières du Japon, partageant ainsi à tout vent son imaginaire unique et ses mondes fantaisistes avec des films tels Princess Mononoke, Mon voisin Totoro ou encore Le voyage de Chihiro. Nous nous sommes intéressés, quant à nous, aux œuvres qui ont marqué et inspiré l’illustre artiste. Visiblement, il connaît ses classiques!

Le monde vert
Brian Aldiss (Folio)
Ce roman de science-fiction, qui a d’ailleurs reçu le prestigieux prix Hugo en 1962, contient plusieurs thèmes que l’on retrouve dans l’œuvre miyazakienne, soit la nature et l’humanité en péril, la forêt en mutation, ainsi que le duo d’enfants en quête pour préserver l’avenir de la Terre. L’histoire se déroule dans un futur très lointain, alors que la Terre est transformée en vaste et hostile jungle (dont les lianes vont jusqu’à la lune!) et que le soleil est sur le point d’exploser. Les humains, réduits à un état qui se rapproche du singe, vivent alors en petit clan, combattent pour leur survie jour et nuit. Avec moult descriptions de la nature, ce roman est étrange et imaginatif à souhait.

Terre des hommes
Antoine de Saint-Exupéry (Folio)
Les engins volants sont légion dans l’œuvre miyazakienne, étant notamment au cœur même de sa toute dernière œuvre, Le vent se lève. Pas étonnant, donc, de découvrir qu’il est amateur de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, de Vol de nuit, Courrier sud et Le petit prince, mais surtout du recueil d’essais autobiographiques Terre des hommes, paru en 1939 et qui fut couronné du Grand Prix du roman de l’Académie française. Fait intéressant : dans l’édition japonaise, c’est Miyazaki qui en signe la préface et qui l’illustre! Dans ce livre, Saint-Exupéry évoque sa vie et nous laisse transparaître ses valeurs humanistes, mais se remémore principalement l’épisode de son accident dans le Sahara.

La belle et la bête
Madame de Villeneuve (Folio)
S’il est faux de dire que le film Porco Rosso est inspiré de La belle et la bête, il est néanmoins vrai d’affirmer que la thématique de la métaphore, par amour, d’une bête ensorcelée aura trituré longtemps l’imagination de Miyazaki au point qu’il en glisse, ici et là dans son œuvre, dont Porco Rosso et Ponyo, des allusions. Belle, l’héroïne de ce conte paru en 1740, est décrite par l’auteure Madame de Villeneuve comme possédant une « force d’esprit qui n’est pas ordinaire à son sexe ». Voilà un autre point commun avec les personnages féminins, forts et téméraires, du réalisateur nippon. Si vous n’avez en tête que les images des films tirés de ce classique, saisissez l’occasion de vous familiariser avec ce court texte original : La belle et la bête ne vous décevra pas!

La nouvelle île au trésor
Osamu Tezuka (Isan Manga)
Tout amateur de manga connaît Tezuka, l’homme à qui l’on doit Astro Boy et que l’on surnomme le père du manga moderne. Moins connu, La nouvelle île au trésor est un manga de 192 pages, publié en 1947 et vendu à 400 000 exemplaires. Il s’agit de l’histoire d’un jeune garçon qui part, en compagnie de son chien et d’un ami, à la recherche d’un trésor. Durant son périple, il croisera des pirates et des cannibales, de quoi rendre l’aventure palpitante! Selon les dires de Miyazaki, ce manga, qui lui a donné le goût de se lancer dans ce genre, a considérablement ouvert les horizons des lecteurs. Un des grands défis de Miyazaki a été de se détourner de l’œuvre du grand Tezuka pour trouver sa propre voie, unique.

Dune
Frank Herbert (Folio)
Dune (publié en 1965), avec son univers sablonneux, futuriste, vaste et hostile, a laissé sa trace dans l’œuvre de Miyazaki, notamment dans le manga Le voyage de Shuna (non traduit) et dans la version, papier comme filmique, de Nausicaä. Les parallèles sont nombreux et dépassent le simple environnement physique : les insectes de Nausicaä s’appellent les ômus, nom dérivé de la prononciation japonaise de l’appellation des « vers de sable » de Dune; les deux protagonistes ont une serre secrète; le côté messianique des deux œuvres; la société indigène du désert de la planète Arrakis (Dune) trouve écho chez les êtres qui vivent autour de la Mer de Décomposition (Nausicaä), etc.

 

Hideyoshi, seigneur singe
Ryôtarô Shiba (Philippe Picquier)
Ryôtarô Shiba est l’un des écrivains favoris d’Hayao Miyazaki. Cet auteur, reconnu pour cadrer ses aventures dans certaines grandes époques de l’histoire japonaise, a créé une œuvre de près de quarante titres, comprenant des essais historiques et culturels sur le Japon. Cependant, seulement trois livres sont offerts en français : Hideyoshi, seigneur singe, Le dernier shogun et Shôgun Suprême. Dans Hideyoshi, seigneur singe, on suit la grande épopée d’un légendaire guerrier japonais au XVIe siècle, dont le rêve est de devenir le maître du Japon réunifié. Celui qu’on surnomme « le singe » en raison de son intelligence et de son manque de beauté a de quoi entraîner le lecteur dans sa palpitante ascension des échelons.

 

Autres faits intéressants :

Moebius et Miyazaki vouent l’un pour l’autre une certaine admiration. Si Miyazaki a déjà déclaré qu’il avait réalisé Nausicaä « sous l’influence de Moebius », Jean Giraud a, pour sa part, nommé sa fille… Nausicaä!

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Le film Ponyo sur la falaise contient plusieurs références et inspirations logées dans le conte de Hans Christian Andersen La petite sirène.

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Parmi les nombreuses machines volantes créées par Miyazaki, certaines lui ont été inspirées par l’œuvre de l’auteur et illustrateur français Albert Robida (1848-1926), notamment dans Un chalet dans les airs. Épuisé depuis longtemps, ce roman avec illustrations sera réédité en novembre par la Bibliothèque nationale de France. Un détour obligé!

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Plusieurs des films de Miyazaki sont des adaptations de romans, auxquelles le réalisateur ajoute sa touche personnelle, donnant une nouvelle profondeur à son histoire. Parmi les romans adaptés, notons Le service de livraison de la sorcière d’Eiko Kadono (inédit en français), Conan d’Alexander Key, « Sherlock Holmes » d’Arthur Conan Doyle, « Arsène Lupin » de Maurice Leblanc et Le château de Hurle (épuisé) de Diana Wynne Jones.

Sources et compléments d’information:
Hayao Miyazaki: Cartographie d’un univers
Collectif
Les moutons électriques

Hayao Miyazaki: cinéaste en animation
Stéphane Leroux
L’Harmattan

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