La vie d’autrui, une manne pour l’édition

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Dans l’Hexagone, les poids lourds de ce secteur éditorial pour le moins actif se nomment Perrin et Fayard, réputés pour leurs remarquables ouvrages sur des personnages ayant influencé le cours de l’Histoire, suivis de près par Flammarion (Grandes Biographies), Gallimard (Folio/Biographies) et De Fallois. Précisons que de nombreux autres éditeurs français traditionnellement perçus comme «généraux», car publiant majoritairement des ouvrages de fiction, ouvrent, périodiquement, les portes de leurs catalogues aux biographies et aux beaux albums retraçant en images la vie d’une figure historique ou d’une personnalité de l’heure. Pensons ainsi à XO éditions, Calmann-Lévy, Grasset, Denoël, Albin Michel, Buchet-Chastel, Michel Lafon, Stock, L’Archipel, JC Lattès, Plon, Du Rocher, Ramsay, Pygmalion, Payot ou Robert Laffont.

Sur ce chapitre, l’édition québécoise n’est pas en reste. La plupart de nos maisons proposent des fonds dédiés à la biographie et à ses proches cousines, l’autobiographie et les mémoires, et plus largement, au témoignage ou au fait vécu. Parallèlement à leurs spécialités premières (littérature, essai, histoire, spiritualité et j’en passe), Boréal (René Lévesque en 4 tomes), Québec Amérique (Attendez que je me rappelle, l’autobiographie de René Lévesque), Lux (Bourgault), Septentrion (Henri Tranquille), de l’Homme (Le Baron Black) et Fides (Pierre Elliott Trudeau; la collection Grandes figures, grandes signatures) font dans la bio sérieuse depuis longtemps. Varia (Jean Derome. L’homme musique) et Les 400 coups (Robert Gravel. Les pistes du cheval indompté), elles, sortent du lot grâce à des ouvrages originaux, très illustrés et qu’on classerait aisément dans le rayon des arts.

Au cours des années, certains éditeurs ont ajusté leur tir. Stanké, connu à une époque pour ses romans jeunesse, fait maintenant davantage parler de lui grâce à la publication de documents sur les personnalités populaires (Elvis, Andre Agassi, Fernand Gignac, Claude Poirier, Alain Chartrand, Jacques Demers — dont le En toutes lettres a été l’un des meilleurs vendeurs de 2005). Situation semblable chez Libre Expression, qui bon an mal an sort plusieurs fictions, mais cartonne avec ses ouvrages biographiques (Thérèse Dion, Pierre Harel, Patrick Roy, Jean-Pierre Ferland, Nathalie Simard, Marc Favreau, Janette Bertrand — LE méga-best-seller de la fin 2004). Les récentes éditions Publistar et La Semaine, quant à elles, se consacrent majoritairement au témoignage et au fait vécu.

Et puis, il est impossible de passer sous silence la longévité et la pertinence des collections Les Grandes Figures, de XYZ éditeur, et Célébrités, de LIDEC. Toutes deux à contenu didactique, la première a cependant choisi d’adopter la forme du récit (200 pages) pour rendre hommage aux personnages marquants depuis l’époque de la Nouvelle-France, tandis que la seconde propose des portraits brefs (64 pages) pensés pour les étudiants de niveau secondaire. Chacun des 50 titres listés au catalogue des Grandes Figures, qui s’adresse aux curieux de 7 à 77 ans, est «à la fois [une] source d’information présentée dans le respect des données de l’histoire et [un] récit qui a l’avantage de se lire comme un roman», selon le directeur, Pierre Angrignon. Jacques Ferron, Lucille Teasdale, Jos Montferrand et le Chevalier de Lorimier font partie des gens d’exception ayant dernièrement fait l’objet d’un ouvrage. La collection Célébrités, elle, affiche 108 titres allant de Claude-Henri Grignon à Laura Secord en passant par Samuel de Champlain, Louis Riel, Maurice Duplessis et Christophe Colomb. Plusieurs documents d’archives ponctuent chaque titre. Bref, voilà deux collections accessibles, bien conçues et abordables (moins de 20$): les références idéales pour effectuer une recherche.

En fait, le terreau de la biographie est si fertile que peu d’éditeurs québécois n’y voient pas une occasion d’affaires en or — et avec raison. Qu’il s’appelle Flammarion Québec (Profession: bluffeuse) ou l’Hexagone (Clémence Desrochers, à paraître à l’automne 2008), chacun y va, plus ou moins ponctuellement, de la publication d’un ouvrage de nature biographique. Ainsi, rares sont les catalogues où ne brille pas par son absence ce type de livre très rentable; mais qui s’en plaindrait vraiment, puisqu’on ne se lasse pas de la vie d’autrui?

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