L’édition aux quatre vents

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Qu’il soit effectué à Saint-Alphonse-de-Granby ou sur la rue Sainte-Catherine, le travail d’édition reste similaire : un éditeur, son auteur, un exercice de création et de collaboration. Pour ces éditeurs basés loin des pôles culturels prédominants que sont Montréal et Québec, il existe des avantages qui prévalent largement contre le brouhaha de la grande ville. Promenade sur le territoire québécois pour en découvrir les richesses éditoriales.

Bas-Saint-Laurent
Première destination, le Bas-du-Fleuve avec ces paysages saisissants, où la tendre odeur des algues rencontre le doux chuintement des vagues. Ceux qui quittent Montréal en direction de cette destination auront l’impression de faire un voyage parmi les monuments de la littérature québécoise. Dès Montmagny, certains se remémoreront les descriptions splendides de Jacques Poulin dans Les grandes marées, alors que d’autres seront séduits par les décors bucoliques évoqués par Anne Hébert dans Kamouraska.

En guise de premier arrêt: la ville de Trois-Pistoles où Victor-Lévy Beaulieu a posé l’ancre. Afin d’en connaître davantage sur les défis liés à l’édition en dehors des grands centres ainsi que sur les éditions Trois-Pistoles, le libraire vous invite à lire l’entrevue avec VLB en page 37.

On dit que les plus beaux couchers de soleil sont perceptibles du haut du Bic. On dit aussi que les Rimouskois vivent au gré des marées. Mais qu’en est-il de la littérature de ce pôle maritime? Les publications L’Avantage, basées à Rimouski, célèbrent leurs cinq ans en 2011. Aldée Lévesque, l’éditeur, nous explique: «Toutes les régions du Québec, y compris la nôtre, recèlent des talents en littérature. Des hommes et des femmes qui, par leurs écrits, contribuent au divertissement des lecteurs et au partage des connaissances. Notre mission est de permettre aux auteurs de notre région d’avoir accès à une maison d’édition près de chez eux. Cet objectif, qui favorise l’émergence des talents plutôt que le développement d’une catégorie, nécessite une grande souplesse quant à la diversité des contenus.» Toujours selon M. Lévesque, l’avantage d’être situés en région leur permet d’être en contact avec les médias de leur milieu, de même qu’avec les librairies, les bibliothèques et les commissions scolaires: «Nous avons établi des liens de confiance avec eux en leur démontrant notre professionna­lisme, et ces derniers nous font une place de choix le moment venu.» Les publications L’Avantage se démarquent par leur série fantastique «Le cordon d’argent», signée Michel Fréchette. Notons aussi la parution d’Un été au goût de sel, de Gaëlle Coulombe, où une héroïne audacieuse du Bas-Saint-Laurent des années 1900 vivra amour et aventures, le temps d’un été.

Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Arrive ensuite Sainte-Flavie, porte de la péninsule gaspésienne. Après y avoir visiter galeries d’art et cafés chaleureux, direction les Îles! «Comme un poisson dans les mots»: quel beau slogan que celui-ci, qui représente les éditions Morue Verte! On peut dire que cette maison, fondée en 2007, met en valeur sa région: les huit titres de son catalogue sont tous de belle facture et sont destinés à honorer les richesses des Îles-de-la-Madeleine. Pour ceux qui, chaque année, aiment prendre du soleil en terres étrangères, Les pieds dans l’eau, les orteils dans le sable, vous convaincra probablement que les Îles, avec leurs paysages de mer et de dunes, sont un endroit privilégié. Quant aux épicuriens au palais fin, pourquoi ne pas vous laisser tenter par Le livre gourmand des Îles-de-la-Madeleine, qui propose non seulement une incursion dans le monde culinaire, mais également dans le monde du savoir-faire des producteurs du coin? L’édition en région? Cela est certes possible, voire novateur, lorsqu’on s’inspire de ce qui nous entoure, comme le font les éditions Morue Verte.

«Comment deux gars des Îles, qui vendent juste aux Îles, peuvent-ils vendre 2000 albums en dix jours? […] Ça fait trente ans que j’imprime des livres et je n’ai jamais vu un tel succès!»: voilà la réponse qu’ont reçue Jean-François Gaudet, l’auteur, et Hugues Poirier, le dessinateur, de la part de leur imprimeur lorsqu’ils lui ont demandé une réimpression de Les aventures de Néciphore. Leur intention première était de rendre hommage à leur coin de pays, les Îles-de-la-Madeleine, grâce au support que leur offrait la BD. Celle-ci leur permettait en effet d’allier des éléments historiques à des éléments humoristiques. Ne trouvant pas preneur du côté des éditeurs, ils ont eux-mêmes fondé Le vent qui vente, maison qui n’a depuis cessé de faire des adeptes. Après les Îles-de-la-Madeleine, le duo s’est attaqué au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Québec, puis à Charlevoix, à la Mauricie et même à l’Acadie! Un ouvrage de Le vent qui vente représente donc l’occasion, autant pour les enfants que pour les adultes, de voyager à travers son pays en restant confortablement assis dans un sofa!

Saguenay—Lac-Saint-Jean
On dérive ensuite sur la rive nord du Saint-Laurent, où la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est bien représentée en termes de littérature: simplement au libraire, deux représentants de cette région y font bonne figure, soit Stanley Péan, notre rédacteur en chef originaire de Jonquière, ainsi qu’Élisabeth Vonarburg, notre chroniqueuse en littératures de l’imaginaire, qui demeure à Chicoutimi.

Dans cette région, deux maisons d’édition bien distinctes se divisent la part du marché. Tout d’abord, JCL publie principalement, depuis 1977, des romans populaires et des témoignages. Parmi ses grands succès, mentionnons les différentes sagas historiques de Marie-Bernadette Dupuy ainsi que Le voile de la peur, de Samia Shariff, vendu à plus de 600 000 exemplaires. JCL, c’est près de 500 titres publiés à ce jour, plus de 6 millions de livres vendus à travers le monde et un succès notoire en Europe.

Un avantage de l’édition en région, note Jean-Claude Larouche, éditeur chez JCL, est d’être en lien direct avec les habitants de celle-ci: «Culturellement parlant, notre région est très dynamique et les artistes de tout genre se comptent par milliers. Il arrive, bien entendu, que des projets d’édition soient favorisés par notre maison parce que les auteurs ou les sujets sont régionaux. Pensons, par exemple, aux deux livres que nous avons publiés sur l’œuvre du peintre naïf Arthur Villeneuve de Chicoutimi ou encore à la biographie de Robert Cossette, nageur professionnel.»

L’attrait de la grande ville semble cependant gagner les auteurs, ce qui désole M. Larouche. Selon lui, la principale contrainte — outre les frais de transport et de poste plus onéreux— d’un éditeur en région réside dans l’esprit des auteurs: «Plusieurs acceptent mal de se faire publier en région alors qu’ils espéraient qu’un éditeur de la métropole daigne leur ouvrir ses portes rapidement.»

De son côté, la maison d’édition La Peuplade, également située à Chicoutimi, a adopté la maxime suivante: «L’art doit peupler le territoire». Simon Philippe Turcot et Mylène Bouchard (cette dernière siégeant justement au conseil d’administration de l’UNEQ en tant que représentante des régions), ont mis sur pied cette entreprise culturelle en 2006. «Le fait de vivre ici amène à réfléchir à la condition des régions, à la place que l’art et la littérature y occupent, aux réalités que vivent les créateurs qui y habitent», souligne M. Turcot, le directeur éditorial.

Bien que basée au Saguenay, La Peuplade ne se confine pas au seul lectorat de son territoire, notamment en organisant régulièrement des lancements à Montréal, et ce, depuis son tout premier: «Lors de la fondation de la maison, il fallait absolument que les lecteurs et les médias saisissent que La Peuplade était un projet d’envergure nationale et non régionale, ce qui représentait un défi de taille», explique M. Turcot.

De plus, contrairement à ce que nous serions portés à croire, les auteurs de La Peuplade, tout comme ceux de JCL, ne sont pas tous originaires du Saguenay. De fait, le directeur éditorial explique que «La Peuplade est une communauté d’esprits qui est sans frontière». Il ajoute cependant: «Il faut avouer que le fait d’avoir l’horizon à portée de vue, un fjord magnifique à la fenêtre tous les matins et des kilomètres de forêts tout autour est très inspirant!» Comme quoi on ne peut agir totalement indépendamment de ce qui nous entoure!

Mauricie
À notre arrivée en Mauricie, le charme du fleuve se marrie à celui des lacs et rivières. Ainsi, à la croisée du trio de cours d’eau qui délimite le territoire de Trois-Rivières — cette ville qui, en 1985, fut nommée par Félix Leclerc «Capitale de la poésie» — se trouvent deux maisons d’édition qui méritent le détour. Alors que l’une se concentre sur l’art poétique, l’autre se consacre principalement à ce qui relève du domaine artistique.

Il n’est pas étonnant que la ville hôte du Festival international de poésie abrite sa propre maison d’édition dans le domaine. En effet, les Écrits des Forges font partie depuis 1971 du paysage culturel trifluvien grâce à leurs publications d’ouvrage de poésie. Depuis sa création, cette maison a remporté pas moins de 201 mentions, dont 61 à l’étranger. Des auteurs francophones d’ici et d’ailleurs y sont publiés, et plusieurs poètes hispanophones, russes ou même coréens y sont traduits. Avec mille titres à son catalogue, les Écrits des Forges donnent assurément belle réputation à la poésie.

Quant à elles, les éditions d’Art Le Sabord publient notamment leur revue éponyme, et ce, trois fois par an depuis 1983. Du côté des livres, ce sont des essais, des catalogues d’exposition, des ouvrages de référence en littérature ou en arts visuels ainsi que des nouvelles ou des bestiaires qui sont publiés avec, bien entendu, un soin méticuleux porté à l’aspect graphique de chacun d’eux. Œuvre hybride et polymorphe, le recueil de nouvelles Un pied dans le vide, de Monique Juteau et Jean-Pierre Gaudreau, est leur plus récente parution. Il s’agit de l’ouvrage parfait pour ceux qui aiment à la fois avoir la tête dans les nuages et les pieds sur terre!

Centre-du-Québec
Un peu plus au Sud, entre villages campagnards, érablières et vues sur le fleuve, on arrive au Centre-du-Québec. Depuis juin 2010, les Six Brumes représente la seule maison d’éditeur de cette région. Loin de vouloir garder ce monopole éditorial, cette maison spécialisée en littérature de l’imaginaire souhaite servir d’exemple pour entraîner l’émergence d’autres éditeurs de qualité sur le territoire. Guillaume Houle, directeur des publications, souligne le soutien des gens du milieu: «Nous avons bénéficié d’une excellente collaboration avec la MRC Drummond et d’autres partenaires locaux dans le cadre du recueil de nouvelles Résonances, qui mettait en vedette dix-sept municipalités du territoire dans dix-huit récits distincts. Des travailleurs culturels et des élus de la région ont contribué au projet, alors que l’auteur Patrick Senécal a parrainé l’ouvrage, en plus d’y ajouter une nouvelle de son cru intitulée « Drummondville ».»

Le choix de s’établir loin de Montréal ou de Québec s’est imposé aux fondateurs des Six brumes, originaires de Sherbrooke et de Drummondville: «Ce qui est vraiment important pour l’équipe, c’est d’habiter là où l’on peut poursuivre notre développement personnel ou professionnel, selon nos priorités. Pour ma part, j’ai choisi mes amis, ma famille et ma région, déclare M. Houle. Que l’on soit en arts visuels, en littérature ou en musique, l’important n’est pas où l’on demeure, mais où l’on va, où l’on diffuse ses œuvres et ses publications.»

Chaudière-Appalaches
Bordée par le fleuve Saint-Laurent, faisant face à la ville de Québec, la région de Chaudière-Appalaches regorge à la fois de villages pittoresques et de berges fascinantes, mais compte également trois maisons d’édition, qui ont chacune un credo bien différent.

Tout d’abord, les éditions Alire se spécialisent dans le domaine du policier et du fantastique. On leur doit notamment les immenses succès de Patrick Senécal (Sur le seuil), ceux de Jean-Jacques Pelletier (Les Gestionnaires de l’Apocalypse) ainsi que ceux de Jacques Côté (Le chemin des brumes). Bien qu’elle ne soient pas située à Montréal, mais à Lévis, Alire se positionne tout de même comme chef de file du livre numérique au Québec en offrant, en version numérique, plus de cent titres de son catalogue. Une façon d’atteindre les adeptes de polar ou de fantasy, quelle que soit la terre qu’ils habitent.

En 2006, le recensement dénombrait 1 037 habitants à Saint-Patrice-de-Beaurivage. Parmi eux, Guy D’Amours, éditeur de la maison De Courberon qui s’est fixé comme objectif de publier des ouvrages proposant une esthétique artistique. «Avoir ses bureaux à Montréal, c’est être à proximité des grands médias et d’une effervescence littéraire moins tangible en région, nous explique M. D’Amours. Si la centralisation permet une cristallisation de l’intérêt, la rareté est aussi à même de créer un
en­gouement bien réel. Je crois que le développement des éditeurs en région permet une certaine diversification de la littérature offerte au public. Qu’on le veuille ou non, être éloigné des principaux centres littéraires permet également de garder une distance avec un certain « consortium » littéraire subtil, mais bien réel.» Il ajoute que les régions sont très propices au développement des arts et que plusieurs petits villages sont reconnus pour leur énergie artistique: «Il existe en région une certaine « fierté
régionale » beaucoup plus discrète, sinon absente, dans les grands centres. De cette fierté découlent de nombreux avantages tels que le support économique régional très efficace, l’appui du gouvernement pour un développement régional et, bien entendu, un support moral très personnel des amis, voisins et élus municipaux.»

Située à Montmagny, La Plume d’Oie propose quant à elle des livres de tout genre, de la biographie au roman, de l’essai à l’ouvrage de croissance personnelle. Sa spécialité réside cependant dans la confection de livres de paroisses.

Estrie
En Estrie, pour le divertissement, il y a plus que le Mont Orford et le football du Vert et Or: à ceux qui osent manier la plume, les éditions G.G.C. proposent notamment le concours de création littéraire Sors de ta bulle, destiné aux élèves de la commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke. Leur prix? La publication du manuscrit gagnant par les éditions G.G.C. C’est ainsi que cette année nous avons pu découvrir Moi aussi, de Jessika Poirier. En plus du gagnant de ce concours, les éditions G.G.C. publient des livres de tous genres, du roman au livre de recettes.

Moins de 3 000 personnes résident à Saint-Alphonse-de-Granby, mais cela n’empêche pas cette municipalité d’être active dans le milieu littéraire québécois. En effet, les Éditions de la Paix y ont pignon sur rue depuis 1986, et c’est plus de 200 titres, principalement dédiés à la jeunesse, qui ont été publiés dans les décors champêtres de cette petite ville. Parmi les titres prisés, soulignons Pedro Libertad (t. 1), de Hada López, qui a remporté en 2007 le prix Cécile-Gagnon. Le principal avantage d’être en région selon Jean-Paul Tessier, l’éditeur? «On se sent peut-être plus libres dans nos choix éditoriaux; certains lieux et certains personnages peuvent peut-être comporter de légères ressemblances avec la réalité, et tout cela crée un sentiment d’appartenance, voire une solidarité, si le tout est présenté diplomatiquement.» Quant au lectorat, M. Tessier précise qu’il se situe principalement dans leur entourage et celui de leurs auteurs, mais que les vrais mordus de lecture les soutiennent, et ce, peu importe la distance qui les sépare.

Montérégie
On traverse à peine la frontière estrienne, où la nature sauvage se déploie et où les rivières scintillent, qu’on arrive en Montérégie, dans la jolie ville de Waterloo. Dans le milieu littéraire, cette dernière est portée à bout de bras par les Éditions Michel Quintin. S’illustrant dans le domaine de la littérature jeunesse, notamment grâce à ses différentes séries fantastiques («Will Ghundee», «Luna» ou «Gaïg») dont les jeunes lecteurs sont si friands, cet éditeur propose également sa collection «Savais-tu?», fort prisée chez les 6-12 ans, puisque, entre BD et documentaire, elle permet des découvertes déconcertantes sur des animaux malaimés tels les hyènes, les scorpions et les murènes, qui, non, ne rôdent pas aux abords de Waterloo!

Toujours en Montérégie, une pléthore d’éditeurs semble avoir trouvé un certain cachet aux décors du coin et s’y est installée. Parmi ceux-ci, notons les Éditions JKA, Les Éditeurs Réunis, ADA, les Éditions Chouette, Broquet, Goélette, De Mortagne, Bertrand Dumont éditeur, Un monde différent, Soulières éditeur et Héritage, qui méritent, tous autant qu’ils sont, qu’on fasse un détour par leur catalogue. Que ce soient des albums pour tout-petits, des biographies, des romans de tous genres, des livres pratiques ou encore de la littérature de l’imaginaire, vous serez servis en Montérégie!

Laval
En périphérie du brouhaha montréalais, vous voilà dans la région de Laval, où sont situés les bureaux de Guy Saint-Jean éditeur depuis 1981. Cette maison représente sa région de belle manière avec des auteures phares telles Louise Tremblay-D’Essiambre (dont les treize derniers titres se sont vendus en moyenne à 55 000 exemplaires chacun), Marie Gray, qui, après les Histoires à faire rougir, s’impose auprès des adolescents avec les quatre tomes d’«Oseras-tu», de même qu’Anne Robillard et sa série «Les ailes d’Alexanne».

Marie-Claire Saint-Jean, vice présidente à l’édition, soutient que Guy Saint-Jean, suffisamment près de Montréal pour avoir accès à ses avantages, bénéficie ainsi de ce qu’il y a de mieux: «Nos bureaux sont facilement accessibles, le loyer est plus abordable, nous disposons d’espaces de stationnement et la circulation est moins dense. Le fait d’être près de Montréal est très pratique, notamment en ce qui concerne la proximité avec les divers lieux de formation ou les manifestations culturelles. Cependant, sur le plan du recru­tement, les candidats potentiels résidant à Montréal sont plus réticents à se déplacer à Laval quotidiennement.» Elle ajoute que les pigistes avec lesquels ils travaillent sont surtout de Montréal, alors que les imprimeurs sont en région, parfois même éloignée. Quant aux auteurs, ils sont évidemment d’un peu partout: «Notre localisation ne semble pas avoir tellement d’impact.»

Lanaudière
Nous montons ensuite tranquillement vers le nord, vers ce paradis du plein-air qu’est Lanaudière. «V’là l’bon vent, v’là l’joli vent»: ces paroles vous rappellent-elles quelque chose? Eh bien, depuis 1991, c’est l’éditrice Louise Courteau, première femme à exercer ce métier au Québec, qui est propriétaire de La bonne chanson, ce recueil de notre patrimoine musical qui a déferlé, de famille en famille, depuis des décennies. Avec ces quartiers généraux installés dans la municipalité de Saint-Zénon, le plus haut village de Lanaudière, Louise Courteau a publié plus de 330 titres, en ésotérisme comme en essai.

Laurentides
«Chéri, pourquoi ne pas nous louer un chalet dans les Laurentides cet hiver?» En effet, l’option est alléchante vu les paysages magnifiques dont regorge cette région! Plusieurs maisons d’édition
semblent avoir trouvé refuge entre ces montages afin d’y installer leurs bureaux. La ville de Rosemère, avec pas moins de quatre maisons d’édition, semble un lieu privilégié pour le travail éditorial.

Tout d’abord, l’éditeur Joey Cornu, «la couveuse pour jeunes auteurs», s’est donné comme principal mandat de favoriser l’émergence des jeunes plumes, de 14 à 24 ans. Dans l’édition jeunesse, soulignons également les Éditions du soleil de minuit, qui font connaître différentes communautés culturelles établies au Canada en proposant, notamment, plusieurs livres mettant en vedette Inuits et Amérindiens. Toujours à Rosemère, les Éditions Pierre Tisseyre font partie des pionnières en édition au Québec. Fondées en 1947, elles ont publié maints textes pour les lecteurs d’entre 5 et 17 ans, notamment dans «Faubourg St-Rock», collection qui contribue à la renommée de la maison. Les Éditions Nouvelle optique publient quant à elles beaux-livres, livres pratiques et romans. Le champ des merles et Une nuit avaient justement fait craquer nos libraires lors de leur sortie!

À Bois-des-Filion, les Éditions Parfum d’encre ont notamment publié l’excellent La croûte cassée, où le lecteur découvre des plats à la fois succulents, économiques et simples à réaliser. Du côté de Saint-Sauveur, Marcel Broquet, la nouvelle édition se démarque avec des titres comme Lucien Théoret: un héros de la révolution tranquille ou encore Alimentation vivante pour une santé optimale..Et finalement, mentionnons Boomerang éditeur jeunesse, qui est situé à Blainville. Quiconque ayant déjà travaillé en librairie ou foulé les planchers d’un salon du livre sait que Martin Petit n’est pas qu’un humoriste: il existe un homonyme qui écrit pour les jeunes chez Boomerang et qui fait fureur! Ses séries «Passepeur» et «Zoombira» ravissent les lecteurs friands d’aventures et de frissons.

Outaouais
Il y a les visites au Musée canadien des civilisations, les randonnées dans le parc de la Gatineau, les rires échappés lors du Bal de Neige, les regards admiratifs durant le Festival de montgolfières: vous voilà bel et bien à Gatineau! Et dans cette ville, un organisme culturel s’est vu couronné du Prix d’excellence de la Fondation pour les arts, les lettres et la culture en Outaouais: les Éditions Vents d’Ouest. Fondée en 1993, cette maison a depuis publié plus de 200 titres, autant pour la jeunesse et les adolescents que pour les adultes friands de nouvelles, d’essais ou de polars.

Différents organismes du milieu culturel de l’Outaouais appuient Vents d’Ouest: «Toute la région désire garder en activité sa maison d’édition et permettre aux auteurs de chez nous d’avoir une voix dans le monde éditorial», nous explique l’éditeur, Michel Lavoie. Selon lui, «une maison d’édition en région devient un agent culturel de premier plan et demeure un atout majeur pour la population».

Pour tirer leur épingle du jeu et rester visibles sur la scène éditoriale québécoise, M. Lavoie ne cache pas que les éditeurs en région doivent déployer beaucoup d’efforts. D’une part, les grands médias sont plus difficiles à atteindre et, d’autre part, l’aspect marketing devient plus complexe avec l’éloignement, notamment pour créer le contact entre le libraire et l’éditeur. Cela n’a cependant pas empêché Vents d’Ouest de recevoir de nombreux prix!

Abitibi-Témiscamingue
Entre forêts luxuriantes, lacs regorgeant de poissons et villages pittoresques, une maison d’édition est installée à Ville-Marie, en Abitibi-Témiscamingue: les Éditions Z’ailées. La volonté première de cette maison, créée en 2006, était de faire connaître les auteurs régionaux. Gagnant en popularité, la maison Z’ailées a maintenant ouvert ses portes à tous et a limité ses genres à un seul: la littérature pour les 3 à 18 ans. Selon Karen Lachapelle, directrice, être en région procure de nombreux avantages: «Lorsqu’une maison d’édition est créée, la population est fière d’un tel projet et l’encourage fortement en achetant ses livres. Les libraires assurent également une belle visibilité. De notre côté, en étant la seule maison d’édition professionnelle en Abitibi-Témiscamingue, nous avons pu compter sur l’appui du milieu lors de notre création.» Mme Lachapelle soutient cependant que, pour éditer en région, la route ne doit pas rebuter les éditeurs puisque de nombreux déplacements sont nécessaires. Et en quoi est-il important que des maisons d’édition se développent en région? «Une maison d’édition est avant tout une entreprise. Être basé au Témiscamingue permet d’offrir des emplois à des gens de chez nous et permet, dans notre cas, aux auteurs jeunesse de notre région de rayonner.»

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