Entre nécessité, passion et solitude

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No Man’s Land, de Charlotte Gingras, est une œuvre à considérer comme l’une des nouveautés les plus marquantes de l’année au Québec. Trouver un classique de la littérature auquel le comparer n’est pas chose facile, mais Stefan Zweig nous présente une option intéressante avec Amok.

No Man’s Land raconte les difficultés qu’éprouvent une adolescente et une femme d’âge mûr dont les routes se croisent. Éden, qui n’a que 15 ans, vient de mettre au monde un enfant qu’elle tue en l’abandonnant dehors en plein hiver. Jeanne, quant à elle, est délaissée par son mari à un âge où elle sait qu’elle finira sa vie seule. Cette dernière prendra finalement Éden en charge, et elles entreprendront ensemble le chemin vers leur rémission.

De son côté, Amok relate le récit qu’un médecin européen fait à un inconnu de son expérience aux Indes. Chargé de soigner les malades dans une région éloignée, il reçoit un jour la visite d’une femme anglaise haut placée qui lui demande de l’avorter. Tentant d’obtenir d’elle des faveurs en échange de l’opération, le médecin fait fuir la femme. Toutefois, obnubilé par elle, il la poursuit jusqu’en ville afin de l’aider. Tel un amok, ces sauvages pris d’une fièvre les poussant à tuer tout sur leur passage jusqu’à épuisement, le médecin usera ses nerfs jusqu’au bout afin de trouver un moyen pour sauver l’honneur de la femme qui le fascine.

Bien que mettant en scène leurs personnages dans des environnements complètement différents, les deux œuvres présentent bon nombre de similitudes, tant sur le plan du fond que de la forme. Ces ressemblances concernent des éléments cruciaux du récit dans les deux cas.

D’abord, les deux œuvres mettent en scène des personnages qui ont désespérément besoin d’aide. Éden a la chance de trouver Jeanne qui sera la seule à lui tendre la main, tandis que la mystérieuse femme anglaise n’a d’autre choix que de se tourner vers le médecin si elle veut éviter de mettre au monde un enfant qui l’inculperait d’adultère. Le rapprochement semble grossier, mais il est plus concret si l’on considère que les personnages, dans les deux romans, sont unis par la nécessité. Une autre similitude entre les deux œuvres s’établit sous le thème de la passion; Éden, jeune, désespérée de ne pas vivre le grand amour, se laisse embraser par un garçon qu’elle voit régulièrement passer dans le parc. Le médecin, dans Amok, est quant à lui passionné par sa visiteuse, dès le premier moment qu’il passe avec elle. Dans les deux cas, la passion qu’entretiennent les protagonistes les mènera à leur perte : elle causera la grossesse d’Éden et rendra le médecin malheureux et aliéné. Sur ces deux points, No Man’s Land et Amok assurent une emprise émotionnelle sur le lecteur.

Cependant, ce qui relie ces deux œuvres le plus fondamentalement demeure le thème de la solitude. Celle dont on a peur. Celle qui peut nous détruire. Des lectures qui font réfléchir et qui déstabilisent. Deux œuvres marquantes à lire absolument!

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