À chaque édition de la revue Les libraires, nous vous proposons une sélection de livres qui se glissent facilement dans votre poche. Petit prix et petit format, certes, mais de grandes découvertes et de belles plumes!

Cartel
Don Winslow (trad. Jean Esch), Points, 882 p., 19,95$
Prochainement adapté au cinéma, encensé et primé, notamment du prix Saint-Pacôme International 2017, ce roman policier frappe fort. Après avoir fait incarcérer un baron de la drogue, Adán Barrera, l’ex-agent Art Keller a tout perdu et s’est isolé dans un monastère. Il devra reprendre du service pour finir cette lutte avec Barrera quand ce dernier s’évadera de prison et reprendra les affaires, voulant à tout prix la peau d’Art. Cette plongée dans l’univers des narcotrafiquants mexicains, au cœur de la guerre de la drogue, de la violence et de la corruption, s’avère un « récit achevé, brutal et terrifiant » et « un coup de poing qui éveille à une réalité », selon le libraire Christian Vachon de la librairie Pantoute.

 

Le continent de plastique
David Turgeon, Le Quartanier, 304 p., 14,95$
« Le livre n’est au fond fait que d’épisodes et de digressions, ce qui imite peut-être mieux la réalité, sachant que la réalité, c’est un paquet de fils qui dépassent, un paquet de culs-de-sac », nous confiait l’auteur en entrevue. C’est ainsi qu’il réussit à créer un univers de mise en abyme délectable, plaçant le roman au cœur du monde littéraire, sans toutefois le laisser se replier sur lui-même. Le personnage principal, bien qu’ayant eu pendant quelque temps des visées d’écrivain, deviendra plutôt l’assistant d’un maître dont la réputation n’est plus à bâtir. Il sera un témoin privilégié de l’érudition créative qui n’est toujours, ni plus ni moins, qu’un savant mélange entre les diverses interprétations de la réalité qui, elle, n’est jamais tout à fait vraie.

 

Danser au bord de l’abîme
Grégoire Delacourt, Le Livre de Poche, 284 p., 12,95$
Que faire quand un coup de foudre survient? Tout laisser tomber? Oublier ce vertige? À 40 ans, dans une urgence de vivre, Emma laisse sa vie derrière elle sur un coup de tête, quittant son mari et ses trois enfants pour être avec un homme qu’elle vient tout juste de rencontrer, malgré le tort que cela fera à ceux qu’elle aime. L’auteur de La liste de mes envies renoue avec les thèmes des désirs inassouvis, de l’importance de vivre le moment présent et de la fragilité qui traverse nos vies, qui nous place souvent au bord de l’abîme. Grégoire Delacourt signe encore une fois une ode à la vie, empreinte de déchirement et de fulgurance.

 

Fables et contes
Jean de La Fontaine, Robert Laffont, 1600 p., 66,95$
On a l’impression d’avoir vu mille éditions différentes des fables de La Fontaine, et pourtant. L’éditeur Robert Laffont innove en nous présentant dans sa collection « Bouquins » – qui nous offre toujours des formats poche bien volumineux – les œuvres du célèbre fabuliste avec celles d’autres auteurs qui l’ont influencé. Que ce soit des travaux d’Ésope, de Rabelais, de Marguerite de Navarre, etc., La Fontaine a puisé à de nombreuses sources pour alimenter ses contes et ses fables, dont ces dernières, grâce à la fluidité des vers que le maître a su leur conférer, ont traversé les époques et se sont depuis inscrites dans la culture littéraire francophone. En mettant côte à côte les écrits d’origine avec ceux de monsieur Jean, on peut observer à notre guise les mouvances de l’intertextualité, ce qui ajoute à la compréhension et à la finesse des mots du poète.

 

Les furies
Lauren Groff (trad. Carine Chichereau), Points, 528 p., 16,95$
Une histoire d’amour comme plusieurs autres, et pourtant. Lauren Groff et son indéniable talent pour l’évocation, tant narrative que stylistique, nous offre une véritable immersion dans les pensées et les sentiments de ses personnages. Lotto et Mathilde, ce couple à l’image de la perfection, nous apparaissent presque en trois dimensions tellement ils sont charnels, entiers, complexes. Loin de servir une suite d’idées reçues sur l’amour, le mariage et tout ce qui s’ensuit, Les furies nous déstabilise, nous remet en question, creuse la matière même du cœur pour en examiner toutes les parcelles, et ce sont toutes les zones d’ombre et de lumière de l’âme humaine qu’il nous est donné de voir.

 

La misère des laissés-pour-compte
Maxime Houde, Alire, 274 p., 14,95$
Les enquêtes de Stan Coveleski ont pour décor le Montréal des années 40-50, période faste en activités illicites en tous genres. Le détective répond en début de nuit à l’appel de Fernand Dubois, un ancien informateur, qui pressent une menace en l’attitude étrange de deux hommes qui semblent le suivre. Arrivé sur les lieux, Coveleski trouvera les deux individus, mais pas de trace de son copain. Ainsi commence la septième investigation de Coveleski, qui devra découvrir la nature de la « marchandise » que sollicite le duo de gaillards, en plus de répondre à une demande personnelle de son beau-père. Les dialogues sont bien ciselés et le tout ne manque pas d’humour. Possédant un sens du rythme certain, Maxime Houde présente des personnages évoluant dans des milieux glauques et qui n’ont rien à perdre, sinon la chance d’améliorer leur sort.

 

Sans terre
Marie-Ève Sévigny, Héliotrope, 272 p., 14,95$
Marie-Ève Sévigny, auteure et directrice de La Promenade des écrivains à Québec, signe un roman noir, engagé et politique, qui se déroule à l’île d’Orléans dans quelques années devant nous, alors que le Québec est corrompu. Le chalet de la militante écologiste Gabrielle Rochefort est la proie d’un incendie criminel au même moment où cette dernière prend part à une manifestation contre une pétrolière. Puis, le cadavre d’un travailleur saisonnier, un collègue de Gabrielle, est retrouvé. Chef, un retraité de la SQ, ancien amant de Gabrielle, enquête pour découvrir la vérité même s’il ne croit pas les élucubrations de la militante, qui relie ces sombres événements au gouvernement. Des personnages forts et attachants, des enjeux actuels, un rythme effréné : Sans terre s’avère un polar audacieux, brillant et enlevant.

 

Tiroir n0 24
Michael Delisle, Boréal, 132 p. 11,95$
Début des années 70. Benoît, 6 ans, grandit dans un orphelinat catholique jusqu’à ce que, grâce à son talent de chanteur, il se fasse remarquer par les Cyr, qui l’adopteront. Si ce n’avait été de l’accident de son père adoptif, il aurait travaillé toute sa vie à la boulangerie. Mais le voilà paralysé, voilà l’entreprise en chute. Il se résignera donc à aller travailler chez le concurrent, le voisin belge, qui offre des plats européens raffinés et plusieurs attentions particulières à l’égard de Benoît… Avec l’économie de mots qu’on lui connaît, Michael Delisle, avec sa plume de poète, arrive à narrer un récit bouleversant, qui démontre la puissance de chaque petite fin du monde, de même que le passage de la tradition vers la modernité, passage qui ne se fait pas sans heurts.

 
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