À chaque édition de la revue Les libraires, nous vous proposons une sélection de livres qui se glissent facilement dans votre poche. Petit prix et petit format, certes, mais de grandes découvertes et de belles plumes!

L’authentique Pearline Portious
Kei Miller (trad. Nathalie Carré), Zulma, 288 p., 18,95 $
Ce premier roman traduit en français de l’auteur d’origine jamaïcaine Kei Miller soulève l’enthousiasme par son style coloré aux accents antillais. Indéniablement investi du don de ceux qui possèdent l’art de raconter, l’écrivain prend plaisir à donner voix et consistance à des personnages plus grands que nature. Narrée par Ada, prophétesse hallucinée, et par celui qui l’interviewe et qu’elle nomme, à l’évidence ironiquement, monsieur Gratte-Papyé, l’histoire rebondit de faits en anecdotes, nous laissant pantelants lorsqu’il s’agit de distinguer la folie de la vérité.

 

Les sangs
Audrée Wilhelmy, Nomades, 176 p., 9,95 $
Prenant sa source dans le conte Barbe bleue de Perrault, Les sangs donne à lire le récit de sept femmes qui s’en remettent délibérément à Féléor Barthélémy Rü, ce dévoreur de femmes qui n’épargne aucune de celles qui se présentent à lui. À travers les désirs obscurs et les aspirations un rien retorses des protagonistes, nous apercevons, tel un miroir déformant, les contours de nos propres obsessions troubles. « Elle n’a pas seulement un talent fou, elle a aussi un culot monstre », pouvait-on lire à propos de l’auteure québécoise dans le journal français L’Obs.

 

Ce qu’il reste de moi
Monique Proulx, Boréal, 432 p., 17,95$
L’histoire de Jeanne Mance pose les jalons de ce roman choral où gravitent plusieurs personnages du Montréal contemporain, liés par une quête d’absolu, tels qu’un prêtre exorciste, un scénariste, des artistes, des itinérants, un restaurateur soufi, un homme qui fuit sa communauté hassidique et une professeure de français. Dans cette fresque impressionnante, l’écrivaine explore la ferveur ainsi que l’envie de grandeur et de transcendance qui habitent les êtres humains. Une œuvre foisonnante, vibrante et humaniste, qui célèbre la vie et qui la représente avec une acuité remarquable. Le précédent roman de Monique Proulx, Champagne, paraît également en format poche. En librairie le 12 septembre.

 

Dérives
Biz, Nomades, 96 p., 7,95$
Dérives se lit d’un souffle. Avec finesse et sensibilité, l’auteur raconte le désarroi dans lequel il était plongé après la naissance de son fils, événement pourtant heureux. Même s’il adore son enfant, son quotidien l’accable; il sombre peu à peu dans les affres de la dépression, posant un regard cynique sur ce qui l’entoure. Ses dérives s’illustrent également par une traversée onirique sur un radeau. Ce premier récit de Biz, qui a depuis publié La chute de Sparte, Mort-Terrain et Naufrage, s’avère lucide et touchant. En librairie le 20 septembre.

 

Jeune homme
Karl Ove Knausgaard (trad. Marie-Pierre Fiquet), Folio, 544 p., 15,95$
Ce troisième volet de la magistrale aventure d’écriture dans laquelle s’est lancé l’auteur norvégien laisse de côté l’adulte, devenu père et écrivain, pour faire place à l’enfant. Cette période de sa vie fut marquée par son père, impossible à cerner, autoritaire et sec, de même que par la sensibilité accrue du jeune Karl Ove. Cette série en six tomes de « Mon combat », dont chaque volume peut se lire dans l’ordre comme dans le désordre et dont le quatrième volet vient tout juste de paraître en grand format sous le titre Aux confins du monde, relate le combat d’un homme contre la vie, contre l’écriture; un combat pour devenir quelqu’un de bien, malgré tout. Ni journal intime ni roman, cette entreprise romanesque autofictive passera à l’histoire pour sa totale mise à nue sans censure. En librairie le 18 septembre. 

 

Madame Victoria
Catherine Leroux, Alto, 248 p., 15,95$
En 2001, le corps d’une femme est retrouvé près de l’hôpital Royal Victoria à Montréal. Comme il a été impossible d’identifier cette femme, on la nomme « Madame Victoria ». Catherine Leroux s’inspire de ce fait divers pour échafauder son histoire. Par le biais de la fiction, elle invente des vies possibles à cette inconnue, tristement anonyme et seule. Après La marche en forêt et Le mur mitoyen, l’écriture éclatante et envoûtante de Catherine Leroux impressionne toujours dans cette œuvre étonnante, lauréate du prix Adrienne-Choquette. 

 

Rose amer
Martine Delvaux, Héliotrope, 148 p., 13,95$
Martine Delvaux raconte l’histoire d’une fillette qui semble avoir une enfance normale; elle se lie d’amitié avec les autres enfants, s’amuse, rêve et grandit. Mais tout n’est pas si paisible qu’il n’y paraît. Son père l’a abandonnée avant sa naissance. Elle vit avec sa mère et son beau-père dans un village, loin de la ville. Des drames surviennent, des filles disparaissent. La fillette grandit donc en ayant peur, en apprenant à fuir le danger, parce que les femmes doivent apprendre à se protéger. Dans ce roman doux-amer, l’auteure questionne encore une fois ce que signifie être une fille et une femme. En librairie le 4 octobre

 

Femmes et littérature : Entretiens sur la création
Jean Royer, BQ, 288 p., 14,95$
L’écriture au féminin va au-delà de l’aspect littéraire. Elle marque le moment où la femme se pose comme sujet et s’approprie une place au cœur du verbe être. Sont rassemblés dans ces pages trente entretiens d’écrivaines, principalement du Québec mais également d’ailleurs. Ces entrevues ont d’abord été publiées dans les pages du Devoir de 1976 à 1989, puis éditées par L’Hexagone dans l’un ou l’autre des cinq recueils consacrés à une vaste collection d’auteurs. Pour la première fois, les écrivaines sont réunies en un même volume, témoignant du poids de leurs mots et de la force de leur portée. Car si l’écriture des femmes use souvent de l’intime pour raconter, elle est aussi nécessairement politique.

 
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