15e Journée mondiale du livre et du droit d’auteur: Le poète qui délivra la princesse des griffes du dragon

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Il y a très longtemps, en Espagne, un preux chevalier trancha la gorge d'un dragon pour sauver la fille du roi. Du cou de la bête fantastique s'écoula une pluie de roses. Né dans le royaume de Valence à la fin du XIVe siècle, mort vers 1424, Jordi de San Jordi, ou Saint-Georges en français, a vraiment existé. Il fut entre autres un poète réputé: son Vers libres, inspiré des écrits des troubadours français, est un joyau de la poésie catalane. Si l'homme et son œuvre sont bien réels, l'exploit chevaleresque relève bien entendu de la légende. Mais le conte merveilleux ne s'arrête pas là pour autant: le destin de celui qui a été consacré patron des Catalans est intimement lié à la création de la Journée mondiale du livre et du droit d'auteur puisque que le 23 avril, jour de sa fête, est aussi celui où Cervantès et Shakespeare ont passé l'arme à gauche.

Il était une fois, en 1926 pour être plus précis, un libraire de Barcelone qui décida de rendre hommage à Miguel de Cervantès, dont le roman de chevalerie L’ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche, 1 200 pages dans sa mouture originale — on vient d’en publier une version écourtée et illustrée pour les jeunes et les moins jeunes, voir la page suivante —, compte parmi les chefs-d’œuvre de la littérature universelle. Pour rappeler la victoire de San Jordi, les libraires ont ainsi coutume, le 23 avril, de remettre une rose à leurs clients.

Ce qui a été pendant longtemps la Journée du livre et de la rose est devenu, à la suite d’une proclamation de l’UNESCO émise en 1995, la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur (JMLDA). Plus de quatre-vingts pays font aujourd’hui la fête au livre à cette date. Le 23 avril est symbo­lique pour la communauté littéraire mondiale. En effet, plusieurs écrivains importants ont vu le jour ou sont décédés ce jour-là. Le plus célèbre est sans contredit le dramaturge William Shakespeare, qui poussa, ce jour-là, son premier cri en 1564 et son dernier souffle, en 1616. La même année disparurent le même jour les Espagnols Miguel de Cervantès et Garcilaso de la Vega, dit l’Inca.

La JMLDA se porte notamment à la défense du droit d’auteur, dont on voit poindre les contours en Grande-Bretagne au début du XVIIIe siècle. La Norvège, le Danemark et l’Espagne furent d’ailleurs des pays précurseurs dans ce domaine. En France, c’est sous le règne des philosophes des Lumières, avec Diderot et sa Lettre sur le commerce de la librairie (1763), entre autres, que les grandes lignes de la loi commencent à s’esquisser. Au Québec, on célèbre la JMLDA depuis 1995. Cette année, une bande dessinée de Sampar et Alain M. Bergeron, conçue à l’intention des enseignants qui désirent sensibiliser les jeunes de 12 à 18 ans à l’importance du respect du droit d’auteur, est offerte gratuitement sur Jmdla.qc.ca, à compter du 23 avril. La JMLDA permet également de s’amuser en faisant la promotion de la lecture à travers le Passe-livre, un jeu inventé en 2001 qui consiste à déposer un livre dans un lieu public afin de susciter l’intérêt d’un passant qui se l’approprie, le lit, et qui, à son tour, le dépose dans un autre lieu public. En 2009, on avait mis en circulation plus de 500 livres publiés au Québec dans les salles d’attente de trois de nos grands hôpitaux.

Avec les années, la JMLDA s’est étoffée: tables rondes, rencontres avec des écrivains, débats, concours, jeux, lectures et expositions ne représentent qu’un maigre échantillon des activités offertes gratuitement au grand public. Dans la Belle Province, on souligne l’importance des belles-lettres dans les bibliothèques, les librairies, les écoles et certains lieux atypiques. Un exemple? L’année dernière s’est tenu un souper-lecture dans un resto de Chicoutimi.

Et puis n’oublions pas les médias, traditionnels et électroniques, qui, eux aussi, contribuent à leur manière. La JMLDA ne pourrait exister sans le soutien de tous ces acteurs et de partenaires tels l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), le Conseil des Arts du Canada, Bibliothèques et Archives nationales du Québec (BAnQ), la Fondation pour l’alphabétisation, Communication-Jeunesse ou l’Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ).

Pour la troisième année consécutive, Chrystine Brouillet et Stéphane Dompierre ont accepté d’être les porte-parole québécois de la JMLDA. Lectrice vorace, la créatrice de la détective Maud Graham en est à sa septième expérience de ce type! Dans le passé, le critique Jean Fugère, l’humoriste Daniel Lemire et les écrivains Stanley Péan, Dany Laferrière et Guillaume Vigneault ont eux aussi tenu ce rôle. «L’amour des livres, dira dans un communiqué Stéphane Dompierre, devrait toujours être accompagné du désir d’en parler au plus grand nombre, de transmettre ses découvertes. C’est un art. Il faut savoir suggérer les bons livres, en faisant abstraction de nos goûts personnels. C’est aussi un exercice d’ouverture, d’écoute de l’autre. Le roman qui vous tombe des mains et vous incite au sommeil sera peut-être un chef-d’œuvre pour votre meilleur ami.» Le thème de 2010 est «Mille et un guides… Découvrez!». On valorisera les enseignants, les libraires, les bibliothécaires et les autres professionnels du livre. Avec 2009, où les lieux et les espaces avaient été mis à l’avant-plan, la 15e édition québécoise de la JMLDA s’inscrit au cœur d’une trilogie sur la diffusion du livre. La programmation est consultable en ligne dès les premiers jours d’avril sur Jmlda.qc.ca.

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